Des Français « ont été à l'initiative d'innovations essentielles du monde du numérique », rappelle Tariq Krim dans son rapport « Les développeurs, un atout pour la France », remis la semaine dernière à la ministre déléguée à l'Economie numérique avec des recommandations pour valoriser les développeurs français.
Dans ce rapport, le vice président du Conseil national du numérique, chargé des écosystèmes et de l'international, remet d'abord en mémoire le travail de quelques pionniers comme Pierre Bézier et Paul Faget de Casteljau, deux ingénieurs de Citroën et Renault, aux prémices de la CAO, Alain Colmerauer, sur l'intelligence artificielle, Jean Ichbiah, pour le langage Ada, ou encore François Gernelle, à l'origine du Micral(*), Roland Moreno et sa carte à puce, ou encore Louis Pouzin, « qui ouvrit la voie au protocole TCP/IP ».
Des Français à l'oeuvre chez Google, Apple ou Microsoft
Tariq Krim énumère une centaine de développeurs ayant contribué au développement des grands acteurs du monde numérique d'aujourd'hui, Google, Apple, Microsoft, HP, eBay, LinkedIn, Box... Dans une annexe à son rapport, il résume leurs domaines d'intervention, de Romain Guy, de la Team Android de Google, jusqu'à Julien Vanegue, expert en sécurité, aujourd'hui CTO Security Architect chez Bloomberg, en passant par Louis Monier qui fut le co-fondateur du moteur de recherche AltaVista.
Pour autant, hormis l'exception de Dassault Systèmes dans la CAO, les grands acteurs IT restent désespérément américains. Pour changer la donne, Tariq Krim propose plusieurs actions en complément de celles déjà engagées par les pouvoirs publics (**). Il souligne en particulier qu'il ne suffit pas de financer les start-up, mais qu'il faut leur permettre de « déployer leurs solutions dans le monde réel ». A l'instar de nombreux professionnels de la IT, il souligne l'importance de faciliter l'accès aux achats publics. Lui aussi pointe les procédures d'appels d'offres dissuasives qui participent à maintenir « un tropisme persistant en faveur des grands groupes » qui captent l'essentiel des commandes.
Une feuille de route prescriptive pour certains ministères
Parmi les recommandations qu'il a transmises à Fleur Pellerin, Tariq Krim suggère une feuille de route technologique du Gouvernement, « de nature prescriptive », qui donnerait des axes sur les outils et les standards à utiliser (HTML5 pour le web, accès aux données via API...). Celle-ci s'adresserait non seulement aux directions responsables des systèmes d'information de l'Etat et des opérateurs publics, ce qui est déjà en cours, rappelle-t-il, mais aussi aux ministères chargés des politiques numériques sectorielles telles que la santé, l'éducation ou l'énergie. Il évoque un « Github » français qui permettrait aux différents intervenants (Etat, collectivités locales, partenaires) de structurer les briques technologiques pour les développeurs.
Évoquant la modernisation en profondeur des SI de l'Etat, le vice-président du CNN pense que la dépense informatique ne sera pas maîtrisée si les projets sont sous-traités « aveuglément » à de grandes SSII. Il suggère de promouvoir les développeurs dans l'administration en les plaçant à des postes de responsabilité pour conduire les projets et d'appuyer ces projets sur des briques réutilisables et des méthodes de développement agiles.
Mieux financer les start-up « disruptives »
Par ailleurs, sur le constat qu'il manque en France des start-ups disruptives, il souligne que le financement classique de l'innovation n'est pas adapté à ce type de structures. Celles-ci doivent souvent, notamment dans le SaaS (software as a service), trouver leurs premiers clients en dehors de l'Hexagone. Un point que soulignent aussi des associations professionnelles d'éditeurs de logiciels comme l'Afdel. Tariq Krim propose que 20% des projets financés puissent sortir du cadre traditionnel et il suggère le recours aux « notes convertibles » (structurées comme un prêt) pour obtenir rapidement des fonds à valoriser ensuite lors d'un tour de table plus important.
Les deux dernières recommandations portent sur la nécessité de renforcer la formation et sur un dispositif de visa pour attirer en France des développeurs étrangers (chinois, russes ou indiens) qui ne parviennent pas à obtenir des visas pour les Etats-Unis. Au début de son rapport, Tariq Krim rappelait qu'Octave Klaba, fondateur de l'hébergeur français OVH, était arrivé de Pologne en 1990. Enfin, le vice-président du CNN revient sur un éventuel poste de Chief Technology Officer au « plus haut niveau de l'Etat » qui coordonnerait les technologies et le code développés en France.
Co- fondateur de la société Netvibes en 2005, Tariq Krim a ensuite créé JoliCloud quelques années plus tard. Système d'exploitation basé sur Linux, JoliCloud propose un bureau virtuel dans le cloud.
(*) Micral, 1er micro-ordinateur à base de micro-processeur
(**) Crédit Impôt Recherche, financement des start-ups et projets avec la Bpi, stratégie de filières, etc.
Développement : Tariq Krim suggère un «Github» français pour l'Etat
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Réaction
Sous le titre « Les développeurs, un atout pour la France », Tariq Krim a remis au Gouvernement des recommandations pour promouvoir les développeurs en France. Il en a profité pour remettre à l'honneur les « codeurs » français qui ont contribué aux innovations des grands acteurs du numérique.
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Pour réduire encore plus ses dépenses, l'état devrait embaucher directement les intervenants extérieurs (contractuels ou auto-entrepreneurs) plutôt que de passer par des SSII inutiles, qui embauchent ces même intervenants extérieurs juste avant les missions, sans les connaître, ni les former en quoi que ce soit.
ça fera des commerciaux et des chefs de service en moins, mais c'est là l'économie.