« Il existe trois types de cloud, l’international avec des acteurs étrangers, de confiance pour certaines données et le cloud dédié », souligne Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes. Il classe l’annonce du partenariat avec Dassault Aviation, à l’occasion du salon du Bourget, dans cette dernière catégorie. Les deux entreprises entretiennent déjà des liens étroits sur plusieurs sujets. En l’occurrence, ils ont décidé de créer un cloud dédié les projets de défense et de sécurité au premier rang desquels le système de combat aérien du futur (SCAF).
Concrètement, ce cloud sera hébergé chez Dassault Aviation (dans un ou plusieurs lieux tenus secrets) et opéré par Outscale, filiale de Dassault Systèmes. Celle-ci a obtenu le label SecNumCloud en décembre 2019 par l’Anssi. « Nous garantissons la sécurité physique du cloud et nous nous engageons à ce qu’il n’y ait pas de logiciels américains », souligne Eric Trappier, directeur général de Dassault Aviation. Le dirigeant fait notamment référence à l’architecture d’Outscale sur TinaOS, basé sur Openstack, mais aussi à l’apport de la plateforme 3DExperience de Dassault Systèmes (PLM, jumeau numérique, simulation, gestion de projets). Reste que la « souveraineté » affichée ne comprend pas le hardware, qui est purement américain serveur UCS Cisco et stockage avec NetApp. Bernard Charlès en convient, même s’il souligne qu’aujourd’hui le débat se porte plus sur la partie logicielle.
Piques sur les alliances du cloud de confiance et orientation vers l’edge cloud
Le dirigeant a profité de la tribune pour dire tout le bien qu’il pensait des récentes alliances dans le domaine du cloud de confiance et plus globalement de leur souveraineté affichée. « Il est intéressant de voir qu’on entretient le flou dans ce domaine avec des alliances qui se multiplient », observe-t-il avant de dégainer, « c’est ridicule ». Et d’expliquer, « à partir du moment où il existe des lois où il est écrit que des requêtes sont possibles, ce n’est pas souverain ». Dans le domaine militaire, « il faut donc être capable de créer une infrastructure sans dépendance, capable de résister aux attaques et économiquement viable », poursuit Bernard Charlès. Ce qui est valable sur la Défense pourrait aussi être étendu à d’autres secteurs de la santé, une occasion là encore d’un coup de griffe du dirigeant sur le Health Data Hub : « en France, nous avons pris des mesures inappropriées en confiant l’hébergement des données sur Azure de Microsoft ». Une manière de faire l’article sur la prise de participation minoritaire de Numspot en compagnie de Docaposte et Bouygues Telecom.
Pour revenir sur le cloud dédié au projet SCAF, Eric Trappier assure qu’il sera opérationnel « dans les prochains mois ». Une initiative qui n’est pas sans rappeler celle lancée aux Etats-Unis à la fin 2022. Baptisée Cloud One, elle prévoit de créer une infrastructure ad hoc pour travailler sur des projets de Défense. Le directeur général de Dassault Aviation souligne que le projet de cloud dédié pourrait intéresser des ministères dont celui des Armées. Il s’agit d’un première étape, « l’objectif est à terme de développer du edge cloud », nous a confié Bernard Charlès.
TINA OS n'est pas basée sur Openstack. Développée à partir de 2010, TINA ne pouvait se baser dessus car à cet époque Openstack ne gérait que le stockage (compatible S3). TINA s'appuie sur un ensemble de logiciels opensources, qu'elle orchestre, avec une architecture pensée pour l'industrie et qui s'inspire des pratiques en terme de sécurité et redondance de l'aviation civile.
Signaler un abusQui et comment on pourra proposer une idée Xtrêm/Novatrice sur ce cloud?
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