En 2023, Slack avait présenté plusieurs fonctionnalités d’IA générative. Elles se concentraient alors sur trois domaines : la recherche optimisée pour fournir des réponses personnalisées, des résumés des canaux de discussion et des récapitulatifs de fils de discussion. « Toutes ces fonctions sont désormais disponibles pour les clients de l’offre Enterprise Grid de Slack », a déclaré hier l’éditeur. Un porte-parole de la société a précisé que Slack AI serait aussi déployé « bientôt » à un plus grand nombre de clients, sans indiquer de date.
Avec cette annonce, la filiale de Salesforce rejoint des concurrents comme Microsoft et Google ont commencé à déployer des assistants d’IA basés sur de grands modèles de langage (LLM). « L'un des principaux atouts des outils d'IA de Slack réside dans l'accès aux grands volumes de données de conversation conservées dans la plateforme », a fait valoir Jackie Rocca, vice-présidente des produits chez Slack. Les premiers essais de l’assistant chez les clients ont permis d'économiser en moyenne 97 minutes par semaine. « On peut dire que le corpus de connaissances le plus précieux d'une entreprise se trouve dans Slack », a affirmé la dirigeante.
Une mine de données à exploiter
La forte effervescence autour de l'IA générative a poussé les entreprises à mettre la main sur cette technologie. Irwin Lazar, président et analyste principal chez Metrigy, fait état « d’un grand intérêt pour les assistants virtuels d'IA générative ou les copilotes pour les applications de collaboration ». Une récente enquête de Metrigy réalisée auprès de 400 entreprises environ a révélé que 86 % d'entre elles sont prêtes à acheter des fonctions d'IA générative pour au moins certains employés, et que 80 % d’entre elles pourraient les déployer pour l'ensemble du personnel si les assistants virtuels étaient gratuits.
« Slack est bien placé pour bénéficier d'un tel intérêt commercial », a souligné le consultant en ajoutant que pour beaucoup de clients l’outil « sert de centre pour la communication et la collaboration permanente ». Les capacités de GenAI « pour extraire les tendances des conversations et résumer les chats lui confère un avantage unique par rapport à ceux qui ne sont capables que de capturer et de résumer les conversations au sein des réunions, si bien que, selon moi, les clients de Slack devraient adopter massivement ces fonctions ».
Pas d'information sur les prix
Pour l'instant, on ne sait pas encore le tarif applicable pour l’assistant. Il sera initialement disponible sous forme de module complémentaire payant avec les offres Enterprise Grid aux États-Unis et au Royaume-Uni. Selon un porte-parole de l’éditeur, les entreprises clientes devront contacter l'équipe commerciale du fournisseur pour discuter des tarifs d'accès. Slack n'a pas fourni davantage de détails sur les prix ou les limites d'utilisation. Toujours selon le porte-parole, des informations supplémentaires sur les prix seront disponibles « une fois que Slack AI sera déployé sans surcoût pour les offres existantes ».
Selon Irwin Lazar, il est probable que Slack attende de voir quel type de demande suscitera la fonctionnalité avant de fixer un prix. Les éditeur ont adopté diverses approches pour fixer le prix des fonctionnalités de genAI dans leurs logiciels, certains les incluant gratuitement dans les comptes payants et d'autres demandant des paiements mensuels importants. Les ressources IT nécessaires pour fournir des services de genAI aux clients sont un défi permanent. « Il est possible que Slack adopte une approche prudente pour s'assurer qu'elle ne perd pas d'argent en proposant cette fonctionnalité », a avancé le consultant. La firme « attend peut-être aussi de s'aligner sur les offres IA de sa société mère Salesforce », a-t-il ajouté, en regroupant éventuellement les deux ensembles de fonctions d'IA dans une offre unique.
Premiers pas pour les outils de genAI
Comme pour tout outil de genAI qui s'appuie sur les LLM, les utilisateurs de Slack AI seront inévitablement confrontés à des hallucinations de temps à autre. Jackie Rocca a précisé que la société avait pris des mesures pour réduire la probabilité que des informations incorrectes soient générées. Les sources sont notamment citées dans les liens de synthèse pour permettre aux utilisateurs de remonter jusqu'à des messages spécifiques, tandis qu'un « mécanisme de feedback » intégré propose aux utilisateurs d'évaluer chaque synthèse et de partager leurs commentaires directement avec l'équipe de Slack. Cela devrait améliorer le produit au fil du temps. « L'avantage de Slack AI, c'est que la fonction s'appuie sur toutes les connaissances conversationnelles accumulées au sein de l’entreprise, y compris les discussions et les décisions prises par les experts », a expliqué Mme Rocca.
Slack AI se sert également d’une technique dite de génération augmentée de récupération ou « retrieval augmented generation » (RAG) pour réduire la « susceptibilité aux hallucinations et augmenter la précision des réponses », a-t-elle précisé. « Cette méthode enrichit les invites avec des données pertinentes au moment de l'exécution au lieu de laisser le LLM s'appuyer uniquement sur les données utilisées lors de l’entraînement ». Pour la suite, Slack travaille sur une autre fonction capable de créer des « aperçus » ou des résumés d'informations provenant de canaux spécifiques qu'ils souhaitent suivre, mais moins prioritaires. Une intégration native avec Einstein Copilot, l'assistant d’IA de Salesforce pour sa plateforme de gestion de la relation client, est également en cours. Cela donnera aux commerciaux la possibilité d'interroger l'assistant genAI sur les données clients dans Slack sans changer d'écran. Parallèlement aux fonctions d'IA natives, les partenaires de Slack, dont Box, PagerDuty et Notion, ont développé leurs propres fonctionnalités d'IA dans l'application de collaboration.
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