La guerre sur l’IA se déroule sur le terrain des acquisitions. AMD vient de réaliser une autre opération de croissance externe dans ce domaine en rachetant la société finlandaise Silo AI pour un montant de 665 M$ en cash. Fondée en 2017, elle se définit comme le plus grand laboratoire privé sur l’IA. Pour l’entraînement des LLM, il s’appuie sur le supercalculateur LUMI affichant 380 petaflops, qui utilise des CPU EPYC 64 cœurs de 3e génération d'AMD et plus de 12 000 GPU Instinct MI250X.
De plus, l'entreprise dispose de Silo OS, d'une équipe de 300 ingénieurs et consultants en IA et d'un intéressant portefeuille clients comprenant plus de 200 projets commerciaux. Il ne faut pas sous-estimer l'aspect humain de l'affaire. Comme dans tout secteur technologique émergent, la bataille se joue toujours sur le terrain de l'expertise et des idées. Les ingénieurs ayant une connaissance pratique de la transformation des projets d'IA en quelque chose d'utilisable par les entreprises sont encore peu nombreux dans le monde. Ce qui compte, c'est d'en trouver maintenant. L'accord entre AMD et Silo AI sera conclu au second semestre 2024. Le CEO et cofondateur Peter Sarlin continuera à diriger l'équipe d'IA de l'entreprise tout en rendant compte au vice-président senior d'AMD, Vamsi Boppana.
Une frénésie d'acquisitions
Avec Silo AI, AMD signe sa troisième acquisition dans le domaine de l’IA. En août dernier, il a racheté la startup française Mipsology, spécialisée dans l'inférence de l'IA, suivie en octobre par le rachat de la petite société Nod.ai, spécialisée dans les compilateurs d'IA open source. Pour ces petites acquisitions surtout tactiques, AMD avait déboursé 125 millions de dollars.
L'annonce du rachat de Silo AI pour un montant plusieurs fois supérieur rend bien compte de la frénésie qui s’est emparée du secteur. Actuellement, le hardware d'IA suscite beaucoup d’inquiétude chez les fabricants. Sauf pour Nvidia qui domine le marché des puces d'IA, talonné par les marques traditionnelles de processeurs comme AMD et Intel. De petits faux pas peuvent faire toute la différence alors que les rivaux tentent de construire une plateforme viable pour affronter Nvidia et, à plus long terme, résister à la menace émergente des puces d'IA développées par les superpuissances technologiques que sont Google, Microsoft, Meta et Amazon.
AMD, un abonné au second rôle
Après des décennies de concurrence entre AMD et Intel, le premier veut à nouveau faire valoir sa capacité à jouer les seconds rôles face à un rival plus important, que personne ne veut voir dominer complètement le marché. Les entreprises ont horreur d'un véritable monopole. L'IA n'est pas différente. C'est la raison pour laquelle les grandes plateformes technologiques ont soigneusement investi dans leurs propres puces d'IA tout en remplissant leurs centres de données avec du matériel Nvidia. Dans le domaine de l'IA, AMD se retrouve dans un rôle identique.
Pressé de part et d'autre, le fournisseur doit prouver ses compétences. Jusqu'à présent, il ne s'est pas laissé distancer. Ses outils open source ROCm, qui rivalisent avec la plateforme CUDA de Nvidia, ont acquis une popularité modeste, parallèlement à des composants avancés comme ses GPU pour centres de données de la série Instinct MI300, lancés en décembre dernier. Reste que, à en juger par la dernière liste de supercalculateurs du Top500, la plateforme de Nvidia conserve une position presque inattaquable dans les applications d'IA haut de gamme.
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