Mêler informatique quantique et IA, voilà l’ambition de D-Wave pour les années qui viennent. La société basée à Palo Alto veut « renforcer le lien entre l'optimisation quantique, l'IA et l'apprentissage machine » tout en améliorant son service cloud nommé Leap. Elle estime que le timing de cette annonce est bon et « intervient à un moment où l'ensemble de l’industrie de l'IA était confronté à une situation critique »
Selon D-Wave, « le coût de la quantité de calcul, et de l'énergie associée, nécessaires pour satisfaire des cas d’usage de plus en plus nombreux, augmente rapidement ». Dans un communiqué, il a ajouté que sa prochaine offre pouvait tirer parti de la « capacité unique du recuit quantique à résoudre les problèmes d'optimisation pour aider les clients à mieux traiter les charges de travail d'IA et de ML, plus rapidement et plus efficacement sur le plan énergétique. »
Trois domaines ciblés par la feuille de route
Dans son communiqué, D-Wave indique se concentrer sur trois domaines :
- Des distributions quantiques pour la GenAI : D-Wave prévoit d’axer son développement sur « la conception d'architectures d'IA générative qui utilisent des échantillons de l'unité de traitement quantique (Quantum Processing Unit, QPU) à partir de distributions quantiques qui ne peuvent pas être générées de manière classique ». Dans ce domaine, les premiers cas d’usage concerneront la découverte de molécules.
- Des architectures de machines de Boltzmann restreintes (Restricted Boltzmann Machine, RBM) : elles exploiteront la QPU de D-Wave pour des applications qui vont de la cybersécurité et de la découverte de médicaments à l'analyse de données de physique des hautes énergies, ce qui pourrait potentiellement conduire à une réduction de la consommation d'énergie pour l'entraînement et l'exécution de modèles d'IA.
- L’intégration du GPU avec Leap : D-Wave compte incorporer des ressources GPU supplémentaires pour l'entraînement et le soutien des modèles d'IA parallèlement aux charges de travail d'optimisation. De plus, « des efforts sont en cours pour réduire encore plus la latence entre les QPU et les ressources informatiques classiques, une étape essentielle pour permettre la technologie hybride quantique pour l'IA/ML. »
Les analystes séduits mais sur le long terme
« Les avancées de D-Wave dans le domaine de l'informatique quantique pour l'IA sont certes captivantes, mais il est encore trop tôt pour évaluer l'impact et la valeur de cette technologie pour les cas d’usage de l'IA dans le monde réel », a déclaré Selon Bill Wong, chargé de recherche à l'Info-Tech Research Group. « Aujourd'hui, la plupart des entreprises ne se préparent pas à des percées dans le domaine de l'IA grâce à l'utilisation de l'informatique quantique et ne les anticipent pas. Cela restera probablement l'un des principaux défis de l'informatique quantique, à savoir trouver les cas d’usage de l'IA qui peuvent bénéficier de manière significative de cette plateforme de calcul accéléré alors que les plateformes traditionnelles (c'est-à-dire basées sur le GPU) peuvent répondre aux exigences de calcul à un coût beaucoup plus faible », a-t-il ajouté. Selon l’analyste, les cas d’usage possibles « peuvent se concentrer sur le développement d'une cryptographie résistante au quantique, pour laquelle les plateformes informatiques traditionnelles ne peuvent pas fournir les ressources requises. D-Wave est à la pointe de cette recherche, et je suis moi aussi en quête de cas d’usage qui pourront conduire à l'adoption de cette plateforme unique ».
Heather West, analyste en informatique quantique chez IDC, fait remarquer que « l’on s’est souvent interrogé sur la manière dont l'IA et l'informatique quantique pourraient fonctionner en synergie, mais à ce stade, il s'agit plutôt de l'IA qui influence l'informatique quantique ». Selon elle, un élément clé de l'annonce tourne autour du recuit quantique, car ce processus a été conçu spécifiquement pour résoudre des problèmes d'optimisation, et, pour que le quantique « ait vraiment un impact, il faut une base de clients plus importante ». À la question de savoir si l'annonce faite hier par D-Wave faisait entrer le débat sur l'informatique quantique dans le courant dominant, elle a répondu : « Oui, en effet, D-Wave a adopté une approche centrée sur le client pour développer son système quantique. » Contrairement à la plupart des fournisseurs de matériel quantique, qui parlent de leurs qubits, des différents composants du système quantique, des cas d’usage possibles, « D-Wave parle de cas d’usage en cours d’exploration et qui ont une valeur ajoutée, en mettant vraiment l'accent sur le client. »
Sid Nag, analyste de Gartner, spécialisé dans le Scalable Computing, a déclaré que « même si D-Wave ne le disait pas explicitement », l'annonce représentait une « alternative aux GPU ». Celui-ci a toutefois mis en garde contre « l'apparition de tout un tas de fournisseurs de cloud spécialisés, concurrents des hyperscalers, à l’image de ce qui se passe de plus en plus dans le domaine de l’IA ». Ajoutant : « Je ne sais pas quelle sera son ampleur en croissance réelle. À un moment donné, le « creux des désillusions », une expression de Gartner pour désigner une phase « où, après l'engouement initial et les attentes exagérées, l'intérêt commence à diminuer », va s'installer ». M. Nag précise encore que, dans le cas de D-Wave, « ils visent un marché très particulier ».
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