L’impact financier de la cyberattaque ayant visé Altran en janvier sera communiqué dans deux mois, à l’annonce des résultats du 1er trimestre 2019, programmés le 25 avril. « L’évaluation préliminaire montre que le chiffre d’affaires du T1 devrait être quelque peu impacté », vient d’indiquer le groupe d’ingénierie en présentant ses résultats annuels 2018, par ailleurs en croissance de 27% (8% en organique). Altran estime néanmoins que son chiffre d’affaires devrait être compensé par l’activité des prochains trimestres.
La semaine dernière, l'entreprise a fait un point sur cette attaque de ses systèmes informatiques par un virus « crypto locker », autrement dit un ransomware, intervenue un mois plus tôt, le 24 janvier, et qui a affecté ses opérations dans plusieurs pays européens. Le 21 février, tous ses systèmes n’étaient pas encore entièrement fonctionnels. Altran indique ce matin que l’incident est maintenant résolu et que son impact devrait être relativement limité sur l’ensemble de l’exercice 2019. Le groupe d’ingénierie dirigé par Dominique Cerutti, PDG, ajoute que « les « polices d’assurance ad hoc ont été activées ».
Un « code inédit indétectable »
Le logiciel rançonneur qui a infecté l’entreprise française, et qui l’a obligée à déconnecter son SI pour ne pas propager le virus à ses clients, exploitait un « code inédit indétectable par les meilleurs pare-feux et mécanismes de défense informatique », a indiqué Altran la semaine dernière en ajoutant que cela avait « nécessité la création d’un nouveau protocole de restauration spécifique par un fournisseur mondial de services ».
En présence d’une attaque par ransomware qui chiffre et rend illisibles les fichiers de l’entreprise attaquée, l’ANSSI et l’ensemble des experts en sécurité exhortent à ne jamais payer la rançon réclamée. En dépit de ces recommandations, Altran aurait versé plus de 300 bitcoins, selon l’enquête menée par nos confrères de l’Express, soit près d’un million d’euros pour recevoir la clé de déchiffrement des fichiers. Fin février, celle-ci n’avait pas été remise, selon nos confrères qui citent par ailleurs un analyste financier estimant que le coût de l’attaque pour Altran s’élèverait déjà à 20 M€. Le groupe d’ingénierie a déposé plusieurs plaintes et dit collaborer étroitement avec les autorités compétentes pour protéger les intérêts de ses clients – parmi lesquels Engie, EDF, Orange ou Airbus, ce dernier ayant également été attaqué de son côté.
Forte progression de la marge opérationnelle en 2018
Altran a par ailleurs annoncé de bons résultats sur son exercice 2018, clos fin décembre. Le groupe français a réalisé un chiffre d'affaires annuel de 2,9 milliards d'euros, enregistrant une croissance organique de 10,9% sur son 2ème semestre. Sa marge opérationnelle, qui atteint 12,1% de son chiffre s'est élevée à 352,3 M€, soit une hausse de 40,9% par rapport à l'an dernier. Le résultat net de 80,6 M€ (contre 130,8 M€ en 2017) reflète l'impact des charges liées à l'acquisition d'Aricent. Le résultat net ajusté est de 165 M€ (+11,4%).
En France, le chiffre d'affaires d'Altran s'est élevé à 979,8 M€ (+6,1%), dont 265,2 M€ réalisé au 4ème trimestre (+9%). Au 31 décembre 2018, le groupe employait 46 693 personnes au niveau mondial contre 33 665 fin décembre 2017. La progression notable de l'effectif en un an est due à l’acquisition d’Aricent. Le recrutement net effectué par Altran pour son propre compte est de 2 950 personnes. Depuis novembre 2018, la société a mis en place une nouvelle structure de gouvernance prenant en compte l’intégration d’Aricent. Le comité exécutif a en particulier été élargi. Le groupe français opère maintenant sous la seule marque Altran, y compris aux Etats-Unis.
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