À la tête de Ctera depuis 15 ans, Liran Eshel cède son fauteuil de CEO à son numéro 2 Oded Nagel. Ce dernier, qui occupait jusqu’à présent le poste de Chief Strategy Officer, est entré dans la société, juste après sa création, il y a 14 ans déjà. Pour la partie commerciale, Michael Amselem, vice-président des ventes pour l’Europe, est promu au poste de Chief Revenue Officer. Saimon Michaelson, directeur technique, en poste aux États-Unis à New York, devient vice-président chargé des alliances. Si Liran Eshel reste président de l’entreprise israélienne spécialisée dans le stockage en mode hybride (en local et dans le cloud), cette réorganisation s’accompagne d’une réorientation stratégique vers la gouvernance et la protection des données.
« Au cours des cinq dernières années, j’ai été mis au défi dans toutes nos alliances stratégiques et j’ai noué des partenariats avec HPE, IBM et bien d’autres encore. Je dirigeais la gestion des produits en collaboration avec notre directeur technique. Nous avons eu une très bonne année 2022, Liran et moi-même avons pensé que ce serait un très bon moment pour faire ce changement et voir comment nous pouvons amener l’entreprise à l’étape suivante », nous a indiqué Oded Nagel, lors d’un IT Press Tour en Israël fin mars. Un discours qui flirte bien avec une marche vers l’IPO. En 2022, Ctera a connu une croissance de 38% du chiffre d’affaires, grâce à une hausse du nombre de déploiements et du montant global des contrats. « Nous gérons aujourd’hui plus de 150 pétaoctets et des centaines de milliards de fichiers. C’est ce qui fait la puissance de la plateforme, sa capacité à évoluer […] Il y a 10 ans, lorsque nous parlions aux clients, ils commençaient à dire qu’ils avaient besoin de gérer 50, 100 ou 200 To, maintenant nous parlons de pétaoctets et même de dizaines de pétaoctets de données, en augmentation constante chaque année. C’est donc un point sur lequel nous nous concentrons de manière assez significative dans nos cycles de développement ».
Du stockage à la gouvernance
« Quand nous avons fondé la société il y a plus de 10 ans, les entreprises venaient nous voir et nous disaient combien d’IOPS pouvez-vous assurer ? Faites-vous de la sauvegarde, de la compression, de la déduplication ? Toutes les fonctionnalités qu’une solution de stockage cherchait à avoir. Mais au cours des cinq dernières années, nous avons fait des progrès et le marché a également évolué et commencé à davantage parler de tiering, de cache, de conformité, de gouvernance, de mobilité des données, d’accès à ses données depuis n’importe où. Les clients ont vraiment besoin de voir comment la plateforme qu’ils ont choisie peut évoluer et leur fournir les capacités comme la collaboration native dans le cloud, la cyber-résilience... Et aujourd’hui, la chose la plus importante que nous voyons dans notre vision est le DataOps », explique le dirigeant, qui entend assurer le traitement des données dans le cloud, proposer des flux programmables et fournir une analyse des données pour l’optimisation des ressources de stockage des données non structurées. « Nous voyons une énorme demande pour les cas d’usage DataOps où Ctera est le système de fichiers global qui contient toutes les données des clients. Et, si vous savez ce qui est stocké dans ce système de fichiers global [avec les metadata], vous pouvez prendre un grand nombre de décisions ».
La plupart des clients de Ctera utilisent aujourd’hui des NAS hérités en périphérie. « Notre système de fichiers et notre technologie peuvent les remplacer et offrir le même aspect et la même convivialité, mais avec la capacité de conserver les données en cache et de les répliquer de manière très sécurisée vers un système de fichiers global [en mode objet] et, bien sûr, de collaborer en toute sécurité entre les employés distants, en particulier aujourd’hui où tout le monde travaille à la maison ou dans des bureaux distants ». Pour la partie sécurité, Ctera travaille d’ailleurs sur un moteur anti-ransomware - attendu le prochain trimestre - capable de repousser les attaques sur les flux de données.
La protection contre les ransomwares est attendue dans les prochaines mois.
Une plateforme optimisée pour les médias
Parmi ses clients, Ctera a mis en avant l’agence Publicis. Le segment des médias et du divertissement est l’un de plus exigeants en termes de capacité et de volume, et pour lesquels un système de fichiers avec mise en cache a beaucoup de sens. Les utilisateurs doivent pouvoir travailler – en même temps - sur des ensembles de données non structurées volumineux, et le stockage cloud en mode objet se montre donc bien adapté à ce besoin. Chez Publicis, un utilisateur peut avoir besoin de travailler sur une vidéo de 100 Go, créée il y a cinq ou six ans. La bande passante nécessaire pour travailler sur un fichier de ce type est très importante, et onéreuse, Ctera a donc mis en place – il y a deux ans – une capacité de diffusion en continu pour travailler sans télécharger la totalité du fichier. Et, l’an dernier, la société israélienne a introduit un protocole – Ctera Direct - pour accélérer les transferts de données et fluidifier le travail en mode multi-nuage à l’aide de ses algorithmes de compression et transport. « Dans le cadre d’une migration, les employés de Publicis, par exemple, ont déplacé environ un pétaoctet en trois semaines », indique le CTO de Ctera Aron Brand. Le fournisseur a aussi introduit le streaming dans son protocole direct. Désormais, une vidéo de 100 Go apparaît comme si elle était accessible en temps réel. En d’autres termes, c’est une sorte de YouTube pour les fichiers. Avec le système de cache travaillant en arrière-plan, il est possible de faire défiler la vidéo et de se déplacer du milieu à la fin. Cela fonctionne avec tous les médias : les fichiers vidéo et audio, ainsi que les flux en direct. « Nous utilisons jusqu’à 100 threads simultanément pour ramener un fichier, et préparer sa lecture. Nous ne nous contentons pas de simplement lire les octets suivants », précise le CTO.
Comme chez Qumulo, Ctera s'engage dans le stockage en mode unifié en exposant les fichiers en mode objet.
Pour répondre aux besoins de ses clients, Ctera annonce également le support unifié des fichiers et des objets afin de permettre un accès direct, via le protocole S3, aux documents. « C’est un peu déroutant, pourquoi voudriez-vous avoir un accès S3 alors que le système de fichiers global est déjà en mode objet ? La réponse est que les buckets sous-jacents que nous utilisons ne sont pas accessibles aux utilisateurs finaux. Ils ont un format propriétaire dédupliqué, ils sont chiffrés et stockés d’une manière conçue pour être extrêmement efficace et sécurisée. Mais beaucoup de nos clients demandent un accès S3, qui est devenu un protocole standard pour les pipelines de données, pour l’automatisation, pour les data sciences, pour l’analyse. Il existe donc de nombreuses applications, en particulier dans le cloud, qui utilisent S3 et ne peuvent pas fonctionner avec SMB et NFS. Nous avons donc développé ce protocole qui est disponible depuis le début de l’année. Cela signifie que vous pouvez prendre n’importe quel dossier à l’intérieur du système de fichiers global et créer un bucket qui fait référence à ce dossier [sans copier les données, en utilisant uniquement les metadata]. Une fois ce bucket créé, vous pouvez utiliser n’importe quel client compatible S3, qu’il s’agisse d’un navigateur S3 ou d’un logiciel d’analyse ou de science des données bien connu, comme par exemple Snowflake, Databricks, Tableau, Google Collab… qui supportent S3 ». Ces buckets sont comme des partages de réseau. Ils pointent simplement vers un endroit spécifique du système de fichiers. C’est juste un pointeur vers l’endroit où est conservé le fichier source.
Des partenaires pour assurer le développement
« Notre écosystème continue de se développer. C’est une chose à laquelle nous croyons fermement, car notre stratégie consiste à travailler avec des partenaires. Nous investissons beaucoup et nous en parlerons davantage cette année. Pour vous donner un aperçu de nos principaux partenaires dans le domaine du cloud, nous travaillons en étroite collaboration avec tous les principaux fournisseurs de cloud [pour le stockage objet] : AWS, Azure, IBM, Google Cloud, Wasabi... » Pour la partie on-premise, Ctera met en avant IBM, Scality, Dell et d’autres encore comme Cloudian. Avec Hitachi Vantara, nous travaillons de concert depuis plusieurs années et nous sommes impatients de voir comment ce partenariat va évoluer et se renforcer dans les prochains mois », a souligné le CEO.
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