Ouverte fin 2012, la filiale française du norvégien Crayon a commencé par se focaliser sur le secteur privé et s'attaque « sérieusement » aux acteurs publics depuis quatre ans. L'élargissement des cibles de la société de conseil IT avait déjà débouché sur des gains d'appels d'offres avec la centrale d'achat publique Cap'Oise Hauts-de-France, les syndicats mixtes Val d'Oise Numérique et Manche Numérique, ainsi que le ministère de l'Education Nationale. Aujourd'hui, c'est l'UGAP qui sélectionne Crayon France, dans la cadre d'un contrat de fourniture de services cloud au secteur public. Ce marché, gagné fin avril, représente un montant potentiel de 600 M€ sur une durée de trois ans, qui peut être prolongée par deux périodes de six mois. Il s'inscrit dans le cadre de la doctrine « Cloud au centre » formulée à l'été 2021. A travers elle, l'Etat « encourage l'ensemble des acteurs publics à se saisir du potentiel du Cloud, afin de développer une nouvelle génération de services numériques de qualité, tout en protégeant au mieux les données des entreprises et des citoyens français ».

De l'aide au choix des services jusqu'à leur mise en oeuvre

Associé à l'éditeur SMLB Group, qui fournit la brique de gestion des processus de commandes aux acteurs publics qui solliciteront ses services via l'UGAP, Crayon France doit agir sur deux grand axes. D'une part, explique Gwenaël Pasquet, son directeur général, « nous allons accompagner les clients de l'UGAP de façon impartiale, pour qu'ils choisissent, selon leurs besoins, leurs contextes et leurs schémas directeurs, les offre IaaS ou PaaS qui conviennent le mieux parmi celles de la quinzaine de fournisseurs sélectionnés par la centrale d'achat ». Actuellement, La liste des fournisseurs en question comprend notamment le trio AWS, Microsoft Azure et Google Cloud, ainsi que les Français Orange, OVHcloud, Scaleway, 3DS Outscale, Scalingo ou encore Cloud Temple. « Dans un second temps, notre rôle va consister à gérer les conditions contractuelles entre les clients publics et les hyperscalers sélectionnés, à connecter leurs systèmes d'information respectifs et à donner aux utilisateurs un accès aux outils de provisionnement de ces fournisseurs », ajoute le dirigeant de Crayon France.

NEXT360 centralise la collecte et le traitement des commandes

Outre la mise en place des condition contractuelles et techniques qui visent au branchement des tuyaux, Crayon doit aussi établir pour les utilisateurs des indicateurs de suivi de leurs consommation. Ces rapports seront accessibles via la plateforme logicielle NEXT 360 de son partenaire SMLB. Les fonction de cette dernière ne s'arrêtent pas là, puisqu'elle va également fournir aux acteurs publics un centre de collecte et de traitement de leurs commandes.

L'offre que Crayon s'est engagé à fournir à l'UGAP doit être opérationnelle au début du mois d'octobre prochain. Un délai qui va notamment permettre à la société de conseil IT de préparer la transition avec ce qui a été mis en place par Cap Gemini, l'ancien titulaire du marché qui n'a pas obtenu son renouvellement. « Les solutions déployées par notre prédécesseur sont utilisées par 300 à 400 acteur publics. Nous estimons que ce nombre va doubler, voire tripler, au cours des trois prochaines années », indique Gwenaël Pasquet.

Une équipe dédiée et plus d'automatisation

Pour se préparer à cette montée en puissance, Crayon France a déjà mis sur pied une équipe dédiée aux prestations qu'elle va fournir à travers son accord avec la centrale d'achat publique. Actuellement d'une bonne centaine de personnes, l'effectif total de la société devrait en accueillir une trentaine de plus fin 2024, dont la moitié en lien direct avec le marché de l'UGAP. « Cette équipe dédiée répond aussi au fait que nous aurons potentiellement à gérer de petits acteurs publics, notamment des mairies, qui ont une maturité moins forte sur le IaaS et les PaaS que les entreprises du secteur privé », indique le dirigeant de Crayon France. Une autre réponse à cette problématique de volumes et de manque de maturité de certains va consister pour la société de conseil à développer davantage d'automatisation dans les outils qu'elle-même utilise et dans la méthodologie d'aide au choix de fournisseurs qu'elle a développée. Cela représente certainement du temps et des coûts pour Crayon France. Mais cette dernière pourra d'autant plus profiter de cet investissement que ces développements pourront resservir, peut-être dans le cadre d'un nouveau gain de marché public.