CIO et Le Monde Informatique organisent le 21 novembre, à Paris, une conférence consacrée au pilotage de l'entreprise en full SaaS. Nos témoins partageront l'expérience de leur transition vers ce modèle, souvent subie et loin d'être exempte de difficultés. Nul doute, ces solutions rendent l'accès à de nouveaux logiciels et à leurs mises à jour plus simple et rapide. Mais les enjeux sont nombreux : adaptation financière et bascule du capex vers à l'opex, augmentation des coûts et budgets, sentiment de perte de maîtrise par la DSI (de moins en moins de solution de rechange au SaaS, pas de choix du niveau de mise à jour, développement du 'shadow SaaS'), contrôle et sécurité des data, développements spécifiques, etc.
Une transition souvent subie
Premier enjeu du passage en SaaS : le modèle économique lui-même. En proposant un abonnement en lieu et place de l'achat de licences, les éditeurs s'assurent un revenu récurrent, particulièrement appréciable dans un contexte économique chaotique. En échange, ils promettent aux organisations la simplicité d'accès, une réduction des coûts d'infrastructure et surtout l'accès permanent aux toutes dernières fonctions du logiciel. Mais à quel prix ? Les DSI qui témoigneront lors de notre conférence font preuve d'un certain fatalisme. Lors de la mise à jour d'une solution en place ou du choix d'un nouvel applicatif, en particulier métier, ils n'ont souvent d'autre option que de passer en SaaS. L'éditeur ne proposant plus de licences. C'est un des sujets qu'évoquera entre autres Patrick Gressel, DSI du distributeur de produits pour cabinet dentaire, Stemmer.
Programme et inscription à la conférence
La bascule du budget du côté des opex n'est pas forcément un obstacle pour toutes les structures, mais certaines parmi les plus grandes soulignent la nécessaire acculturation des DAF habitués à un budget IT majoritairement composé d'achats d'infrastructure et de licences. C'est ce que souligne notamment Marie Lanson, DSI de Storengy qui dispose de deux modules SAP en SaaS. Comme sa maison mère Engie, l'entreprise est totalement passée dans le cloud et s'essaie progressivement au modèle SaaS. La DSI constate le niveau inégal des éditeurs sur la qualité des mises à jour, et comme le DSI du groupe Stemmer, la difficulté, voire l'impossibilité, à migrer des développements spécifiques ou des logiciels métiers pointus.
Mais, surtout, la promesse de réduction des coûts n'est pas toujours au rendez-vous... bien au contraire. Selon le cabinet britannique Vertice, entre août 2022 et août 2023, les prix des logiciels dans le cloud auraient bondi de 12%, confirmant le ressenti de la plupart des DSI. Près des trois quarts des éditeurs ayant augmenté leurs tarifs durant la période. Une tendance qui pèse encore davantage sur les budgets serrés des petites structures ou du secteur public, ce dont témoigneront la Région Île-de-France et la mairie de Chelles dans notre conférence. Le DSI de la ville de Seine-et-Marne cite même un outil de gestion du temps pour collectivités dont le prix a été multiplié par huit !
Une perte de maîtrise pour la DSI ?
Pour les DSI, un des enjeux majeurs face au développement du SaaS réside aussi dans la capacité à garder la maîtrise d'un SI de plus en plus externalisé. Il leur faut conserver la main sur le pilotage de l'infrastructure et des applications externalisées, mais aussi le contrôle des données et la protection cyber.
Fabien Grob, DSI d'Aircall, évoquera aussi la nécessité de rationaliser le parc applicatif et de mettre en place un nouveau modèle de gouvernance, en particulier avec de multiples logiciels en SaaS. Une démarche qui va de pair avec un nécessaire accompagnement du changement. Dans certaines organisations, comme Aircall ou Doctolib déjà quasiment à 100% en SaaS, s'est développé au fil des ans ce qu'on pourrait qualifier de Shadow SaaS, marqués par des achats de services logiciels laissés à la main des métiers. Un portefeuille applicatif que les DSI de ces structures nées dans le cloud s'emploient aujourd'hui à rationaliser.
Avec le passage au SaaS, les équipes SI perdent aussi en pouvoir de négociation. Nos témoins en font tous le constat. De plus en plus, les éditeurs ne proposent en effet plus d'alternative au SaaS, laissant leur client le dos au mur en particulier quand le logiciel est stratégique pour l'organisation.
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