Quand David Bizien a pris le poste de directeur des applications chez Qualiconsult en 2019, l'entreprise affichait une imposante dette technique qui l'empêchait en particulier d'innover. Pourtant, elle venait d'entamer à la fin 2018, une démarche de transformation digitale sous l'impulsion de son comité de direction. Résultat ? La DSI a décidé de faire table rase de son existant et, entre autres, de migrer ses applications vers Rise for SAP.
Le groupe Qualiconsult est un groupe d'audit et de vérification principalement dans le monde de la construction (audit de plans d'architecte, vérification de conformité aux normes en vigueur, etc.) Il s'occupe aussi de vérification de l'exploitation, d'équipements comme les escalators, les engins de levage, etc. (vérification de la réalisation des maintenances, du fonctionnement des outils, du respect des procédures, etc. Enfin, le groupe s'occupe des contrôles de l'électricité, de l'amiante, etc. lors des entrées et des sorties dans l'immobilier. L'entreprise compte environ 2300 employés et a affiché 203 M€ de chiffre d'affaires en 2023. La DSI est divisée en deux branches : infrastructure, d'un côté, logiciels de l'autre : gestion, production, CRM, etc.
Une dette technique massive
« Quand je suis arrivé en 2019, la société travaillait sur des systèmes propriétaires, développés en interne, sur lesquels elle avait réalisé peu de mises à jour, raconte David Bizien. L'existant était constitué d'une myriade de petites applications, très cloisonnées dans les différentes branches métiers. Et au sein de la DSI, les équipes travaillaient sur des logiciels différents, avec des frameworks différents. » Qualiconsult affichait ainsi une imposante dette technique, tant au niveau de l'infrastructure, des systèmes que des logiciels. « Nous avions un taux d'obsolescence de 93%, avec par exemple des serveurs non mis à jour et des risques de faille de sécurité. Nous avons dû tout revoir, raconte le directeur des applications. L'architecture des serveurs, toutes les communications réseau, la gestion des autorisations, la sécurité, etc. » Le projet SAP n'a constitué qu'une des briques dans cette démarche de remise à plat complète.
« Nous avions encore des fichiers stockés dans des drives particuliers, une imprimante et un serveur dans chaque agence, pas de consolidation, les réseaux étaient très faiblement dimensionnés et il était impossible d'échanger des fichiers volumineux, etc. Et l'application principale de gestion des contrats avait été développée en interne sur .Net de Microsoft. Et comme elle avait 10 ans d'existence, c'était patch sur patch «
À marche forcée vers le cloud
Le directeur de la transformation de l'époque a recruté David Bizien début 2019 pour s'occuper en particulier de la partie SAP et plus particulièrement du cloud pour ne pas reproduire cette situation de dette technique. « Nous avons décidé d'aller vers le cloud à marche forcée et de migrer un maximum d'applications, un maximum de serveurs, précise-t-il, pour bénéficier de mises à jour beaucoup plus régulières. »
Il lui a fallu mener plusieurs fronts en parallèle. « J'ai dû monter la partie BTP [Business Technology Platform], la gestion des identités pour la sécurisation, rappelle le directeur des applications. Ce projet ne pouvait pas se faire par Big Bang. » Les applications ont été progressivement décommissionnées pour sécuriser tous les flux. Le projet SAP proprement dit s'est quant à lui déroulé en deux grandes phases. Dans le cadre de la première, David Bizien a d'abord déployé des solutions facilitatrices avec SAP Business ByDesign, dont la gestion des ressources humaines SAP Success Factor ou la gestion des notes de frais SAP Concur. « Ce sont des fonctions plus simples à migrer, à déployer, bien davantage que la gestion des contrats qui est centrale à notre activité. Aujourd'hui, lorsqu'une personne arrive dans la société, elle a son pack de bienvenue dans Success Factor et quand elle part, tous ses accès sont coupés instantanément de façon automatique. Plus besoin d'une personne pour annuler ses autorisations dans les quelque 200 applications que nous avions ! »
Relance du projet vers Rise for SAP
Mais sur cette première phase de projet démarré en 2019, beaucoup de choses n'allaient pas, que ce soit dans nos équipes projet, du côté des métiers, de l'intégrateur et de SAP.La solution n'était tout simplement pas adaptée à nos besoins. Nous avons donc relancé le projet en 2022. Nous avons discuté avec SAP et nous avons relancé un nouveau projet cette fois avec Rise for SAP Private Cloud. « Nous avons fait ce choix, car nous des besoins très spécifiques, car notre métier, c'est l'audit, précise David Bizien. Nous avons besoin de personnaliser les solutions. Or, Rise for SAP dans le cloud public offre principalement des fonctions métiers standards. Cela nous convient 90% du temps, mais nous avons besoin de pouvoir personnaliser » Qualiconsult gère par exemple les sites, les équipements, sur lesquels il intervient. « Nous avons la plupart du temps besoin de faire un lien dans SAP entre le module des ventes et le module de gestion des équipements techniques. Mais dans la version Public Cloud, ce n'est pas géré. Nous l'avons donc développé pour qu'il s'adapte spécifiquement à notre activité. »
Le Rise for SAP de Qualiconsult est hébergé chez AWS à Francfort. « Nous avions déjà choisi AWS Francfort pour le précédent projet, pour lequel nous avions une partie de BTP dans le cloud. À l'époque, c'était AWS qui offrait les tailles de base de données les plus petites. » Notre implémentation de S/4Hana est très classique avec les ventes, la comptabilité, le contrôle de gestion, etc.
Pas de reprise des historiques
Dans le cadre de son second projet, Qualiconsult a défini un cadre global de déploiement de l'ensemble des fonctions dans tout le groupe. Et dans sa démarche de table rase, le directeur des applications a décidé de ne pas reprendre l'historique des anciennes applications de vente, de contrôle de gestion, de référentiels qui existaient dans ce cadre. « Nous n'avons même pas essayé d'analyser les historiques de patchs de règles qui n'étaient pas documentés, qui étaient dans les sous services et ainsi de suite. Nous avons tracé une croix sur le passé et sommes repartis sur une solution propre, sur l'avenir. » L'entreprise a utilisé la méthode Activate de SAP pour visualiser tous ses processus standards et les solutions qui existaient en standard dans l'ERP. « Et c'était au métier, par exception, d'attirer notre attention sur un éventuel problème, pour que nous puissions le gérer. »
« Ce second projet a duré 15 mois entre septembre 2022 et janvier 2024, avec une équipe projet de 70 personnes, internes et externes, IT et métiers. Nous sommes aujourd'hui en production et nous avons quasiment tout stabilisé. Notre plus gros module, c'est la gestion des contrats, et nous avons transféré plus de 200 000 affaires et 40000 fiches clients. » Il reste quelques applications à basculer sur Rise for SAP, d'ici à la fin de l'année. Et certains process comportaient encore beaucoup de manipulations manuelles et l'entreprise est en train de les automatiser et de les industrialiser.
Reprise des flux avec SAP Business Technology Platform
« On parle beaucoup du cloud, du standard quand on évoque SAP, mais je trouve qu'une de leurs grandes forces, c'est la flexibilité, insiste David Bizien. Vous avez certes un cadre qui est très strict, très défini pour la gestion des commandes, des livraisons, des factures, mais une grande flexibilité pour faire des évolutions. Bien sûr, c'est la version cloud qui le permet.... L'autre élément qui a été très important pour nous, c'est BTP. Nous avons géré tous nos flux depuis BTP et nous avons généré toute la BI, développé des applications avec nos besoins particuliers sur la planification, les applications de production, etc. Nous créons des liens avec des process qui vont dans le cloud, on planifie, et puis ça revient dans S/4Hana pour la facturation. »
Une révolution pour les utilisateurs
Du côté des data, Qualiconsult s'est appuyé sur S/4Hana dans le cloud avec des connecteurs vers des bases de données classiques Microsoft SQL par exemple, pour transférer les affaires. Cela permet aux utilisateurs de disposer de fonctions de BI avec une interface utilisateurs actuelle sur des applications anciennes.
Le directeur des applications souligne enfin l'ampleur du changement qui a été de l'ordre d'une révolution pour les utilisateurs. « Plus rien n'était pareil, insiste-t-il. Les écrans étaient différents, les données sur lesquelles ils travaillaient étaient différentes, les concepts étaient différents, etc. » Et cette transformation a aussi demandé une réorganisation des équipes de l'informatique interne, dont les compétences ne correspondaient plus forcément à la nouvelle direction prise par l'entreprise. Aujourd'hui, l'équipe IT compte environ 40 personnes et fait appel à davantage de prestataires.
Dans un avenir proche, Qualiconsult veut tester SAP Build code pour générer des applications à partir de prompts d''IA. L'entreprise préférant ce type de solutions pour développeurs, que le low code / no code. « Mais cela a un autre intérêt pour nous, car nous comptons nous en servir pour former nos propres développeurs aux nouveaux modèles d'écriture d'application. Aujourd'hui, l'évolution dans le cloud est tellement rapide que nous avons du mal à former les équipes internes ou à trouver des partenaires qui connaissent suffisamment bien les solutions les plus récentes. Build code permet de générer les applications, mais aussi d'ouvrir le code pour voir comment il est écrit pour arriver à ce résultat. Et donc de se former. »
Comment Qualiconsult a migré son SI dans le cloud
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La société d'audit et de vérification de la construction Qualiconsult a voulu faire table rase d'un SI ancien, obsolète et peu adapté à l'innovation. Il est reparti d'une feuille blanche pour son infrastructure et ses systèmes, et a migré ses applicatifs dans Rise for SAP. CIO a rencontré son directeur des applications à l'occasion de Sapphire, à Barcelone.
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