La Chine a beau avoir qualifié l'accord signé à la COP21 de « un pas historique » en matière de lutte contre le réchauffement climatique, elle s'est engagée à réduire ses gaz à effet de serre seulement à compter de 2030. Une échéance lointaine qui laisse malheureusement le temps à des millions de chinois de mourir à cause d'une qualité d'air plus que médiocre même si le CO2 n'est pas un gaz polluant. Selon une étude menée par l'université de Berkeley l'été dernier, ce sont en effet 4 000 chinois qui mourrent chaque jour de la pollution due aux particules fines PM2,5 (celles d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres qui se logent profondément dans les poumons), soit 1,6 million chaque année.

Le gouvernement chinois a par ailleurs attendu jusqu'en 2012 pour fournir des indicateurs sur les niveaux de pollution d'air relatif aux particules fines PM2,5. Une décision qui est intervenue juste après que les autorités chinoises aient critiqué l'ambassade américaine de Chine d'avoir publié ses propres relevés de polution PM2,5 sur Twitter.

Un taux de précision de 75% de la qualité de l'air pour les 6 heures à venir

Dans un contexte marqué ces dernières semaines par des alertes graves de pollution qui se sont multipliées, la Chine semble cependant avoir pris conscience depuis quelques mois de l'ampleur du désastre. Plusieurs actions ont ainsi été engagées pour tenter d'endiguer ce mal endémique, dont celui de mieux prévoir le niveau de pollution. Pour cela, l'Empire du milieu a ainsi fait appel aux technologies analytiques, big data et d'apprentissage machine des poids-lourds américains Microsoft et IBM. Et ce, après qu'en 2013 le géochimiste américain Dustin Grzesik, et ancien habitant de Beijing, avait créé le site Bansshirne.com et une app pour smartphone permettant de prévoir la qualité de l'air à venir en croisant les modèles de données météo et de vent.

« L'intérêt envers les services de mesure de la qualité de l'air s'accroît », a confirmé à Reuters Yu Zheng, chercheur au sein de Microsoft Research Asia. « De plus en plus de personnes font attention à ce type d'information. » Le ministère de l'Environnement chinois et le bureau de la protection de l'environnement de la province du Fujian se sont ainsi rapprochés de la firme de Redmond pour mettre à disposition un instrument de mesure de la qualité de l'air. Plus globalement, la Chine recourt à la technologie d'analyse big data de prévision de la qualité de l'air pour 41 villes de ce pays. Le taux de précision de la prévision de la mesure de la qualité de l'air reste toutefois encore perfectible, ce dernier atteignant 75% pour les 6 heures à venir d'après Yu Zheng.

Une qualité d'air potable pour les Jeux Olympiques d'Hiver 2022 à Pékin ?

Mi-décembre, IBM a aussi annoncé deux partenariats avec les municipalités de Baoding et Zhangjiakoude en Chine - mais également Delhi en Inde et Johannesbourg en Afrique du Sud - pour les aider à mesurer et surveiller la pollution de l'air via sa plateforme d'analyse de données de qualité de l'air Green Horizons basée sur Watson, son système d'apprentissage machine. Une initiative qui intervient après une précédente, puisque IBM avait déjà conclu avec Pekin un partenariat de ce type en juillet 2014. Le premier client d'IBM a été le bureau de protection de l'environnement de Beijing qui base ses alertes de pollution par code couleur sur la technologie de big blue. IBM a par ailleurs également signé un contrat avec la municipalité de Zhangjakou qui va accueillir conjointement avec Beijing les prochains Jeux Olympiques d'Hiver 2022.