Jusqu'à cette semaine, on aurait pu se laisser convaincre par le ralentissement de la croissance des dépenses en matière de cloud public. Après tout, si l’on regarde ce qui se passe chez les différents fournisseurs, on voit que leur taux de croissance se réduire chaque trimestre, comme le montre le graphique (ci-dessous) de Jordan Novet, reporter « technologie » de CNBC.
Ce trimestre, cependant, pour chacun des principaux fournisseurs de cloud, la croissance repart à la hausse ou reste à peu près constante. Comme l'indique un rapport d'Accenture, cette tendance n'est pas sur le point de s'arrêter. Tout le monde a sans doute hâte de dépasser et d'oublier l’ère Covid, mais elle a donné un formidable élan aux projets de transformation numérique prévus mais jamais exécutés. Pourtant, une question demeure : à quelle vitesse pouvons-nous avancer vers le futur ?
La loi des grands nombres
J'ai déjà écrit que ce basculement vers le cloud allait prendre du temps. Oui, nous sommes à des centaines de milliards de dollars de revenus de ce changement, comme le mesurent Gartner et IDC, mais les dépenses IT globales dépassent les 4 000 milliards de dollars. Il est vrai qu'une grande partie de ces dépenses est consacrée à dans des domaines qui ne sont pas immédiatement remplaçables par le cloud public. (Gartner répartit les dépenses IT mondiales en quatre catégories : systèmes de datacenters, logiciels d'entreprise, périphériques, services IT et services de communication). Quelle que soit la méthode de calcul utilisée, le chemin à parcourir est encore long.
Selon David Linthicum, Chief Cloud Strategy Officer chez Deloitte, plus tôt nous y parviendrons, mieux ce sera, car il est plus efficace sur le plan de l’environnement de regrouper l’IT dans des clouds que de laisser chacun gérer son propre datacenter. Non pas que les clouds n'essaient pas. Á mesure que chaque cloud génère plus de revenus, il devient plus difficile de maintenir les taux de croissance antérieurs. Ce n'est pas parce que la demande se tarit. C'est plutôt le contraire. Cela signifie simplement que les cloud se développent sur une base beaucoup plus large qu'auparavant. Ce trimestre, Microsoft a maintenu une croissance de 50 %, au même niveau que celle du trimestre précédent (à 50% également), et du trimestre qui l’a précédé (à 48%). Google a connu une croissance de 46 %, en légère baisse par rapport aux 47 % du trimestre précédent (mais cela ne reflète pas réellement la croissance de son service Google Cloud Platform (GCP), plus élevée que sa catégorie « cloud » hétéroclite). AWS est passé de 28 % à 32 %. Alors, qu'est-ce qui alimente cette croissance ? Un désir effréné des entreprises de se moderniser.
Les adopteurs précoces récoltent les premiers fruits
Accenture répartit les adopteurs de l’IT en deux camps : les leaders et les retardataires. Le cabinet conseil estime que l'adoption de nouvelles technologies dans des domaines comme l'intelligence artificielle (apprentissage profond, apprentissage machine, etc.) et l'automatisation est en hausse dans tous les domaines.
Cependant, les entreprises qui ont investi tôt et souvent, sont celles qui ont le plus bénéficié de la manne, et même de manière disproportionnée
Heureusement, la situation n’est pas désespérée pour les entreprises « retardataires ». Selon Accenture, certaines entreprises parviennent à passer dans le groupe des leaders en modifiant leurs budgets. Par exemple, au lieu de consacrer, disons 30 %, à l'innovation (dans des domaines comme l'Internet des objets) et 70 % à la maintenance des systèmes existants, elles augmentent leurs dépenses d'innovation à 70 % et réduisent la maintenance à 30 %. Mais la même question se pose encore : à quelle vitesse une entreprise peut-elle se moderniser ?
Les gens sont-ils un problème ou une opportunité ?
Pour toute nouvelle technologie, qu'il s'agisse de l'IA, de l'apprentissage machine, de l’IoT ou de toute autre chose, le personnel - ou plutôt, la formation du personnel - est l'un des plus grands obstacles à l'adoption. Le monde des microservices, du serverless et du cloud natif peut sembler décourageant à une personne qui a travaillé essentiellement dans un environnement IT traditionnel. Il n'est donc pas étonnant que Gartner pointe le fait que « jusqu'en 2022, le défaut de compétences en matière de cloud (IaaS) retardera de deux ans ou plus la migration de la moitié des entreprises IT vers le cloud ».
Le problème vient en partie du fait que de nombreuses entreprises essayent d'adopter le cloud en calquant le plus possible cet environnement à leurs systèmes existants. C'est une erreur. Comme le déclarait Capgemini dans un rapport datant de 2019 et toujours pertinent aujourd'hui, « le cloud change inévitablement la manière de fonctionner d’une entreprise : Il change la façon dont elle organise ses équipes, la façon dont ces équipes travaillent et les talents qu’il faut recruter, et la façon dont il faut recycler les équipes existantes ». Que faire maintenant ? Les données d'Accenture - ci-dessus - apportent une réponse évidente : il faut agir. D'après mon expérience, c’est quand l’entreprise essaye d'aller de l'avant et qu’elle fait des erreurs en cours de route, que les employées bénéficient de la meilleure formation. Tant qu'une entreprise apprend de ses erreurs, tout va bien.
Comme souvent dans la vie, l’autre clé consiste à trouver des personnes (et des partenaires) en qui l’on a confiance. Tout changement est difficile, et l’entreprise aura besoin de conseillers de confiance pour être guidée à travers les différentes étapes et qui seront à ses côtés si les choses tournent mal. Ce tiers de confiance peut être un fournisseur de cloud, un intégrateur système ou tout autre partenaire. L’idéal est de trouver un partenaire qui a de l’expérience, de préférence avec des entreprises similaires à la sienne. L’autre conseil, c’est qu’il faut être patient. Certes, la forte croissance des revenus des fournisseurs de cloud indique que de nombreuses entreprises accélèrent leurs plans de transformation numérique. Cela ne signifie pas que votre entreprise doive se transformer du jour au lendemain. Toutes les études de cas diront que les changements spectaculaires ont été instantanés. Mais cela se passe rarement comme ça dans l’IT d'entreprise.
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