Elle se voulait discrète, mais le New York Times a mis un coup de projecteur sur la start-up Clearview AI. Cette dernière propose une technologie de reconnaissance faciale reposant sur une base d’images récoltés sur les médias sociaux (Facebook, Venmo et YouTube). Depuis sa naissance, la jeune pousse revendique une banque de plus de 3 milliards de visages enregistrés, ainsi que d’autres informations (noms, adresses,…). Pour donner un ordre de grandeur, le FBI possède sa propre base de données avec 641 millions d’entrées de citoyens américains issues des passeports et des permis de conduire. Le fantôme de Big Brother n’est donc pas loin.
Dans son portefeuille, Clearview AI offre également une fonctionnalité pour les lunettes de réalité augmentée capable de reconnaître un passant dans la rue avec son profil sur les médias sociaux. Ces technologies intéressent les forces de l’ordre pour résoudre des crimes, comme on peut le lire sur son site. « La technologie de Clearview AI a aidé les forces de l'ordre à traquer des centaines de criminels en général, notamment des pédophiles, des terroristes et des trafiquants sexuels ». Forte cette ambition, Clearview AI revendique pas moins de 600 accords avec des autorités judiciaires et des services de renseignement. Selon le New York Times, elle aurait des accords avec des sociétés privées.
Une réflexion sur la régulation de la reconnaissance faciale
Née en 2016, la start-up a été co-créée par Hoan Ton-That et Richard Schwartz, un ancien assistant de l’ex-maire de New York, Rudy Guiliani. Parmi les investisseurs de la société, on retrouve Kirenaga Partners, mais aussi Peter Thiel co-fondateur de Paypal, de Palantir et investisseur de Facebook. Après les révélations du quotidien américain, le réseau social est d'ailleurs monté au créneau dans un communiqué où il explique que « l’extraction de données de Facebook et leur intégration dans un fichier sont des pratiques interdites par notre politique. Nous examinons donc les allégations concernant cette société et prendrons les mesures appropriées si nous constatons une violation des règles ».
Le focus sur Clearview AI intervient dans une période où plusieurs pays dont les Etats-Unis réfléchissent sur la régulation de la reconnaissance faciale. Au Congrès, des élus de tous bords militent pour une réglementation sur le sujet. Ils suivent ainsi l’exemple de l’Union européenne qui réfléchit elle aussi à un moratoire de 5 ans sur la technologie. Quelques villes comme San Francisco ont banni la reconnaissance faciale. En France, des expérimentations ont subi les foudres de la CNIL et ont provoqué un débat parlementaire. On le voit le sujet monte en puissance. La publicité autour de Clearview AI entre un besoin de transparence sur la technologie, son usage et surtout son contrôle.
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