Peu d'éditeurs informatiques peuvent revendiquer plus de 400 000 clients, un chiffre d'affaires toisant 3 milliards de dollars et une longévité à faire pâlir des nuées de start-ups. C'est le cas de Citrix (contraction de Citrus et Unix en fait, Citrus étant le premier nom de Citrix), co-fondé à Richardson (Texas) par Ed Iacobucci, Randy Wood et Ronel Brittian, qui a soufflé ce 17 avril ses 30 bougies. A l'origine positionnée sur le développement de produits dédiés au système d'exploitation OS/2 d'IBM et Microsoft, l'activité de la société a bien évolué en s'ouvrant à d'autres marchés dont celui des clients légers (via le protocole Independant Computing Architecture), de l'accès à distance d'applications avec XenApp (anciennement MetaFrame et Presentation Server) ou encore Xen Desktop (virtualisation de postes de travail).
Passé par la case d'une introduction en bourse en 1995, Citrix a capitalisé sur son savoir-faire en matière de gestion des accès distants aux applications et postes de travail - d'abord fixe puis mobile et virtualisé - pour accélérer sur le marché du poste de travail virtualisé (VDI) qu'il a optimisé en rachetant Framehawk et plus globalement du digital workplace. « SaaS et applications mobiles sont entrées dans toutes les organisations qui deviennent cloud native et utilisent maintenant des apps conteneurisées », a expliqué Christian Reilly, vice-président et directeur technique de Citrix, à l'occasion d'un point presse organisé à Paris le 16 avril 2019 à l'occasion de l'anniversaire de la société.
Une valse entre cessions et rachats
Si au fil du temps l'éditeur a mis un point d'honneur pour accompagner la montée en puissance des entreprises vers le BYOD - et maintenant le BYOA pour Bring Your Own Application - mais aussi l'environnement de travail virtualisé, pour Citrix le défi est ailleurs. « Nous voulons préserver l'investissement de nos clients en relevant le défi de construire un set de solutions cloud first permettant aux utilisateurs d'aller de l'avant et mieux travailler », poursuit Christian Reilly. Une volonté appuyée par le tout récent rachat de la start-up californienne Sapho, estimée à 200 millions de dollars, qui doit permettre à Citrix de faciliter l’interaction des utilisateurs avec les applications d'entreprise existantes, simplifier les workflows et élargir la diffusion des données à divers canaux, que ce soient les clients de messagerie, les applications mobiles et les plates-formes de collaboration.
Outre des investissements stratégiques dans le digital workplace, Citrix en effectue également pour son activité réseaux dont sa solution de contrôleur applicatif (Application Delivery Controller ou ADC) NetScaler constitue le porte-étendard historique. Cette dernière a été renforcée au fil du temps avec de la répartition de charge, du VPN SS et du pare-feu applicatif sans oublier « des capacités d'intégration avec des solutions comme Slack et Microsoft Teams », a précisé Christian Reilly. Sans compter un pied dans la mesure de la performance web et mobile via le rachat de Cedexis l'an dernier. Alors qu'il a dû essayer quelques plâtres dans le cloud en tentant de percer avec sa plateforme Cloudstack, finalement cédée à Accelerite, Citrix s'est aussi renforcée dans des activités montantes et stratégiques comme la gestion des environnements conteneurisés avec ContainerX, ou encore la gestion du stockage des environnements virtualisés et le provisionnement applicatif avec Sanbolic.
Mid-market et secteurs verticaux ciblés en France
Si aujourd'hui la société semble sur une bonne pente au regard de ses derniers résultats financiers annuels, Citrix a dû traverser quelques tempêtes. Partenaire très proche de Microsoft, ce dernier avait failli mettre la main sur lui suite à une période sombre au cours de laquelle, en juillet 2015, le fonds vautour Elliot Management était parvenu à entrer au conseil d'administration du groupe. Eliott poissait à des cessions d'actifs voire même à une vente par appartement. Une stratégie qui avait d'ailleurs partiellement réussie avec la cession de l'activité bureautique et collaboratif GoTo auprès de LogMeIn pour 1,8 milliard de dollars. Ayant dû traverser une crise de management et chahuté depuis quelques années par VMware avec son offre Workplace One qui le devance d'une courte tête selon différents cabinets d'études (Gartner, Radicati Group...), Citrix veut croire qu'il a les reins assez solides pour résister au poids-lourd de la virtualisation. « L'approche de VMware avec Workspace One est très intelligente », a concédé Christian Reilly. « Les discussions que l'on a avec les clients ne sont pas tant techniques que la capacité à s'appuyer sur un vaste écosystème de partenaires comme Fujitsu, IBM, TCS, etc. et un engagement any cloud ».
A l'occasion de ce point presse, un point sur l'activité France de Citrix a pu être fait, sans possibilité toutefois d'obtenir - comme à l'accoutumée - d'indicateurs chiffrés précis. « Il n'y a pas beaucoup de différence avec d'autres pays en Europe comme l'Angleterre. La seule que nous voyons est dans l'adoption du cloud », a fait savoir Emmanuel Schupp, directeur général de Citrix France. Parmi les clients du groupe, on trouve des banques comme Société Générale ou encore BNP et Berger Levrault, un utilisateur historique de près de 20 ans des solutions de l'éditeur américain. « Nous sommes très présents dans le CAC 40 et le SBF 120 mais nous avons aussi investi le mid-market et des secteurs verticaux comme la santé et les ressources humaines », poursuit Emmanuel Schupp.« Ces 4 dernières années on a conclu de gros projets pour des projets de travail à distance sécurisé, du BYOD et l'arrivée de Microsoft Azure, Office 365 et Teams nous a apporté du business et ils [Microsoft] nous donnent des leads ».
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