La France vit en ce moment des heures très sombres mais elle se relève. Après le tragique attentat de mercredi dernier à Charlie Hebdo qui a coûté la vie à 12 personnes, mais également celui qui a frappé une supérette casher porte de Vincennes, les Français ont défilé en masse dimanche pour défendre la liberté avec plus de 3 millions de personnes dans les rues. Depuis mercredi dernier, on a toutefois vu se multiplier des actions de piratage, émanant de groupes islamistes - ou se revendiquant comme tels - mais également des Anonymous et de cyber-hackers musulmans.

Des centaines de sites d'organisations publiques et privées (des sites de l'Université Paris Sud, Memorial de Caen, Palais des papes, plus de 200 médiathèques, la Fondation Jacques Chirac, les communes de Goussainville, Ézanville, Jouy-le-Moutier...) ont par exemple été piratés. Sur le site du Memorial de Caen, la page d'accueil a été altérée par la « Fallaga Team », affichant un message en arabe, traduit par France 3 Basse-Normandie, sur fond noir.

Face à ces opérations, le collectif des Anonymous, regroupé pour l'occasion sous le hashtag #OpCharlieHebdo, s'est élevé et a publié une vidéo en ligne dans laquelle il expose un message très clair : « Le 7 janvier 2015, la liberté d'expression a été meurtrie [...] Il est de notre devoir de réagir. Charlie-Hebdo, une figure historique du journalisme satirique a été pris pour cible par des lâches. Anonymous a toujours combattu pour la liberté d'expression et la liberté de la presse. Nous ne renoncerons pas. Attaquer la liberté d'expression, c'est attaquer Anonymous. Nous ne le permettrons pas. Toutes entreprises et organisations en lien avec ces attaques terroristes doivent s'attendre à une réaction massive d'Anonymous. Nous vous traquerons. Nous vous trouverons et nous ne lâcherons rien. »

Des sites de Carrefour et de BNP Paribas piratés

Les Anonymous ont ainsi commencé leur riposte samedi 10 janvier avec l'altération de plusieurs sites radicaux dont celui du djihadiste français Ansar-alhaqq.net qui pointe toujours ce lundi après-midi vers le moteur de recherche DuckDuckGo. Mais les Anonymous ne comptent pas en rester là. Au-delà de leurs opérations classiques d'altération de sites ou d'attaques DDoS pour saturer les sites, le collectif prévoit aussi d'en extraire des bases de données d'adresses et de contacts pour les transmettre aux forces de l'ordre.

Depuis hier, on a par ailleurs vu fleurir des attaques de sites revendiquées par différents pirates (AnaCoNdA, kh.mar.404, RebelGhost DX, Scream4.0.4, Silent Killer, Hamooda El Bess...) regroupés derrière le groupe MECA pour Middle East Cyber Army. Objectif, selon son porte-parole interrogé par nos confrères de Zataz, « prouver au monde que l'Islam n'est pas synonyme de terrorisme. Un musulman n'est pas un terroriste. C'est exactement l'inverse de l'Islam. Notre religion est paisible, toute personne qui a lu le Coran comprend cela. » Un postulat qui n'empêche pas cependant ce groupe d'avoir mené des actions sur les sites de la filiale géorgienne de Carrefour, de Terraillon, du Centre National de Ressources Biologiques Marines et de plusieurs filiales étrangères de Peugeot mais également de l'espace Cash Management de BNP Paribas, pour lequel ce groupe a indiqué être en possession de « toute la base de données ».*

Le 15 janvier, MECA ainsi que plusieurs autres groupes annoncent une attaque massive : « Nous avons déjà piraté des milliers de sites, mais ce qui va venir le 15 janvier sera beaucoup, beaucoup plus important ».

* Mise à jour du 14 février 2014 - Suite à la publication de cet article, un porte-parole de BNP Paribas a tenu à apporter la précision suivante : « Même si effectivement nous avons lu que les hackers affirment posséder des données clients récupérées sur notre site Cash Management, il n'en est rien. En effet, ce site est un site purement informationnel (et non transactionnel). Il ne comporte donc pas de données clients. »