Une migration dans l'urgence qui, aujourd'hui, se transforme en atout du fait des soubresauts qui agitent le marché de la virtualisation. Il y a environ trois ans, la DSI de Canal+ se trouvait face à un projet qui ne figurait pas au planning : la migration d'environnements de production vidéo sous Avid du fait de la fermeture d'un datacenter maison. « Nous avons été prévenus tardivement. Le projet a démarré en août et nous avons eu 15 jours pour effectuer l'expression de besoin et signer le contrat et seulement trois mois mener à bien le projet lui-même », raconte Ludovic Trognon, responsable technique virtualisation (ou Tech Lead Virtualization) à la DTSI (Direction technique et des systèmes d'information) du groupe audiovisuel aux 25 millions d'abonnés.
Avec ces contraintes, monter une architecture trois tiers n'était pas envisageable. « Et nous devions opter pour une architecture approuvée par Avid », ajoute Ludovic Trognon. C'est cet ensemble de paramètres qui amène Canal+ à se tourner vers un cluster Nutanix, le cloud étant alors proscrit par les recommandations de l'éditeur spécialiste de production vidéo. « Techniquement, et via des retours d'expérience d'autres entreprises, nous connaissions la solution. Malgré tout, nous avons déployé directement, sans prototype au préalable », se souvient le spécialiste. Le tout sur un site lui-même en cours de finalisation ; « nous avons installé nos premiers racks au milieu des sacs de béton. »
VMware pour 80% des VM
Malgré cet ensemble de contraintes, le projet se déroule sans encombre. Et permet la reprise de la base de média de la chaîne, soit des Po de données. Mis en production à l'été 2021, le cluster dédié à Avid a depuis connu une croissance d'environ 10%. « Et nous avons depuis monté de nouveaux clusters Nutanix pour d'autres applications liées aux médias et pour effectuer le PRA d'une infrastructure Broadcom », indique le responsable virtualisation de la filiale de Vivendi.
Si Canal+ a aujourd'hui déployé environ 1000 VM sur Nutanix, l'essentiel de l'infrastructure IT reste sur des technologies VMware, éditeur racheté par Broadcom pour 61 Md$. « L'empreinte VMware représente 80% du total », confirme le responsable virtualisation. Canal+ vient tout juste d'amorcer les négociations pour le renouvellement de son contrat VMware. Mais, pour Ludovic Trognon, les choix techniques de la chaîne se prêtent mal au déploiement de tous les produits de la suite VCF (VMware Cloud Foundation), l'option que pousse Broadcom via sa nouvelle politique de licensing.
Nutanix et VMware : jeu égal chez Canal+
D'où l'épaisseur que prend l'alternative Nutanix, « à condition de ne pas tomber dans une situation où, de nouveau, on dépend d'un unique fournisseur », glisse l'expert. Surtout depuis que l'éditeur américain a ouvert la porte à des architectures réutilisant des matériels existants. « Or, notre parc a été rafraîchi récemment », souligne Ludovic Trognon. Mais la chaîne reste également attentive à d'autres options, comme une migration d'une partie du patrimoine VMware vers le cloud public où certains prestataires ont négocié des tarifs spécifiques avec Broadcom. « Nous devons aussi justifier de l'inadéquation des solutions Open Source à nos enjeux de production », note le responsable.
In fine, l'activation de ces alternatives et le périmètre de leur mise en oeuvre éventuelle dépendent évidemment « du chiffrage que va nous fournir Broadcom », souligne Ludovic Trognon. Ce dernier maintient donc plusieurs fers au feu pour s'adapter à la problématique créée par les nouvelles conditions commerciales imposées par Broadcom. « Pour nos usages, les technologies de Nutanix et de VMware sont équivalentes », observe le Tech Lead Virtualization de Canal+. Avec toutefois un léger avantage à VMware sur l'automatisation, mais que compense Nutanix sur un autre volet, le support.
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