Fournisseur de services IT et télécoms, BT Blue (ex Bretagne Telecom) avance ses pions depuis près de 15 ans dans la région Ouest avec un débordement initié dans le Sud-ouest pour constituer un grand arc atlantique. « L’entreprise est née avec l’objectif d’externaliser les ressources IT des entreprises en incitant la mutualisation des ressources dans un environnement sécurisé », nous a résumé Nicolas Boittin, PDG de Blue lors d’un entretien. Le premier produit proposé par Blue répondait à un besoin essentiel dans les entreprises, la téléphonie en mode cloud avec un investissement conséquent en ressources réseau et datacenter en mode location pour fournir des services IP et des liens vDSL et fibre aux PME-PMI de la région Bretagne.
En 2012, l'évolution a ensuite été naturelle vers l’informatique et l’infogérance avec un premier datacenter à l’Est de Rennes à Châteaubourg (2000 m2 puis 600 M2 supplémentaire pour la seconde tranche et 1000 M2 pour la troisième) ; la reprise et la transformation d’un datacenter Thalès en fait pour un montant de 4,5 millions d’euros. Nicolas Boittin met en avant une approche focalisée sur la sécurité. « Nous avons intégré différentes briques de sécurité pour mettre en place un château-fort avec une réplication sur un second château-fort ». Les attaques qui se sont succédées ces dernières années ont fini par faire prendre conscience aux comités de direction des entreprises françaises que l’informatique n’était plus un mal nécessaire, explique le dirigeant. « Les logiciels sont devenus très importants pour la bonne marche de l’entreprise et les pertes d’exploitation un véritable enjeu. Voilà pourquoi nous recommandons des snapshots toutes les 4 heures avec une infrastructure permettant des restaurations rapides ». Blue travaille ainsi avec Cisco (serveurs UCS), Pure Storage (stockage primaire et secondaire), Veeam, VMware (vSphere et vSAN), Citrix et Fortinet pour assurer des conditions de reprise optimales. « Sur un PCA, la flash fait vraiment toute la différence avec une restauration en 20 minutes au lieu de plusieurs heures. C’est une option à 3 000€ par mois qui permet d’éviter des pertes de 200 000€ par jour chez certains de nos clients en cas d’interruption de l’activité ».
Le datacenter château-fort 1 de BT Blue à Châteaubourg, près de Rennes. (Crédit BT Blue)
Pour renforcer la sécurité de ses installations et garantir un PCA entre Rennes et Nantes (88 kms avec une latence de 2,5 ms), Blue a racheté début mai le Vendéen Oceanis et ses deux Tiers III+ à Nantes et à la Roche-sur-Yon pour créer un quatrième château-fort et un second SOC, lui aussi basé sur le SIEM QRadar d'IBM. Pour financer ses investissements, Nicolas Boittin se fait accompagner par des fonds d’investissement comme Crédit Mutuelle Equity, Bpifrance et Quilvest Capital Partners pour développer son arc atlantique. L'idée est de couvrir la façade Ouest du Havre à Toulouse en passant par Caen, Rennes, Nantes et Bordeaux pour fournir aux entreprises les ressources mutualisées dont elles auront besoin pour se développer.
Certification SecNumcloud en cours
Et le cloud dans tout ça. Plutôt que de cloud souverain, Nicolas Boittin préfère parler de cloud de proximité avec un partenaire comme VMware et des briques open source. Pour les certifications Uptime, elles sont similaires à celles revendiquées par OVH, c’est-à-dire conformes mais sans le précieux sésame officiel, alors que la conformité 27001 est assumée sur l’ensemble de la palette datacenter et liaisons clients. Une certification clef comme HDS pour la santé est toutefois revendiquée et SecNumCloud pour la sécurité est en cours (dossier en traitement). Aujourd’hui, seuls Oodrive, Outscale et OVH sont certifiés SecNumcloud par l’Anssi pour certains de leurs services. Cloud privé seulement pour OVH par exemple. Au sujet des projets de cloud souverain qui se multiplient avec des partenaires américains, le dirigeant avoue ne pas comprendre comment on peut parler de cloud souverain. « Ce genre d’initiatives ne peut venir que de l’Europe avec un Thierry Breton pour porter un projet cloud européen ». Pragmatique, BT Blue s’appuie sur AWS ou Azure pour accompagner ses clients à l’international.
Un pod installé dans le datacenter de BT Blue. (Crédit BT Blue)
Fort d’un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2020, avec une croissance de 25%, et 95% de revenus récurrents, réalisés à parts égales dans le transport de la data, l’infogérance/cloud de proximité et les communications unifiées, Nicolas Boittin envisage l’avenir avec sérénité. « Notre ambition est nationale avec un investissement fort sur l’arc atlantique avec des datacenters de proximité pour accompagner les grosses PME et les ETI dans leur transformation numérique […] Beaucoup d’ETI dans la région sont encore en mode on premise ». Terminons avec les projets en cours et notamment la mise en place du gestionnaire de clusters de containers Tanzu avec VMware et AWS en mode multicloud chez un gros éditeur régional. Un signe évident que les entreprises françaises restent à l’affût afin de profiter des bénéfices apportés par les technologies innovantes.
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