C’est acté : Bpifrance a grandi. Elle n’est plus une simple banque d’investissement publique mais une fintech. Née fin 2012 du regroupement d'Oséo, de CDC Entreprises, du FSI et du FSI Régions, cette société détenue à 50 % par l’Etat a bien changé depuis. « Depuis cinq ans, Bpifrance s’est métamorphosée en une fintech à part entière dotée de plateformes digitales qui viennent en complément des 50 implantations régionales de la banque », déclare Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. « Dans une démarche de banque ouverte sur notre écosystème, tous nos métiers sont désormais imprégnés par la dimension digitale et poussés par notre communauté de développeurs tech. Grâce à toutes ces initiatives, nous allons continuer à mettre notre expertise à profit pour accompagner les entrepreneurs à relever les nouveaux défis ». Pour marquer le coup, Bpifrance annonce aujourd’hui se réinventer en fintech dotée d’une forte vitrine digitale. La grande nouveauté porte ainsi sur le lancement d’une offre digitale dédiée aux petites entreprises sur l’ensemble du territoire et désormais regroupée dans Flash, une plateforme qui regroupe tous les prêts de Bpifrance.
Du fait de la pandémie de covid-19, l’organisation a en effet développé pas moins de neuf plateformes digitales ces deux dernières années, avec un bilan d’investissement porté à 142 milliards d’euros. Plusieurs types de prêts ont été déployés, incluant le prêt garanti par l’Etat (PGE), deux pautres à destination des petites entreprises baptisés relance et rebond en partenariat avec les régions ainsi que le prêt d’honneur. Via ces deux derniers, Bpifrance a su s’aligner aux côtés des start-ups de prêts en ligne en Europe avec 400 millions d’euros déployés auprès de plus de 9 000 petites entreprises. Parallèlement, 24 000 emprunts d’honneur ont été distribués par 3 réseaux d’accompagnement, partenaires de la BPI, pour un montant de 160 millions d’euros. Depuis ce trimestre, deux autres prêts ont rejoint la liste des solutions de financement : le prêt de transformation numérique et le prêt d’action climat. Tous deux financés par le fonds de garanti national doté par l'Etat, ces emprunts nationaux ciblent les TPE et PME.
BPI multiplie les services en ligne et les partenariats avec des start-ups
Au-delà de ces offres de prêt, la banque publique d’investissement fait un pas supplémentaire pour se positionner comme une banque en ligne. « Nous avons lancé la semaine dernière ce nouveau Bpifrance en ligne avec des offres entrepreneur et entreprise. Il s’agit d’une formule abonnement, les trois premiers sont offerts et la résiliation est possible à tout moment », annonce Matthieu Heslouin, chief digital officer chez Bpifrance. Sous couvert de 10 euros par mois pour les entrepreneurs et 30 euros par mois pour les entreprises, les abonnés auront accès à une multitude de services et une offre d’accompagnement. « Les clients de Bpifrance peuvent désormais accéder à leurs encours, leurs contrats, signer électroniquement, souscrire une assurance en ligne et réaliser des actes de gestion dans un même espace » énonce la BPI, avant d’ajouter : « Au-delà des offres bancaires, ils ont accès au meilleur de l'accompagnement autour de la transition écologique, de la gestion financière et de la trésorerie mais aussi à une recommandation d’offres et de contenus personnalisés proposés par Bpifrance en fonction de leur maturité ».
Pour ce faire, quoi de mieux donc que de faire appel à des start-ups que Bpifrance soutient ? A titre d'exemple, cette collaboration a permis de construire la chaîne de production des prêts digitaux en ligne avec Younited (fintech qui a récemment levé 60 millions d’euros), Ubble, Yousign, Theodo, de développer une offre de paiement fournisseurs anticipé avec Pytheas ou encore de lutter contre la fraude avec Streamind ou Ariadnext. Elle a également pu développer des offres de services de trésorerie ou de transition verte avec Agicap, iPaidThat ou Greenly, qui propose de calculer le bilan carbone des entreprises et a levé 21 millions d’euros en avril dernier.
Des budgets qui grossisssent
Nicolas Dufourcq, directeur général de la banque publique d'investissement, a profité de ce point pour faire le bilan des investissements faits en interne pour devenir une véritable fintech : « Le budget de la DSI a été multiplié par 2, celui du digital par 8, et celui de la cybersécurité par 12 » affirme-t-il. Pour arriver à ses fins, la BPI a en effet transformé son architecture, basculant sur un tout nouveau système bancaire ou « core banking system ». Elle a choisi la solution Vault de Though Machine, entreprise basée à Londres et considérée comme les « meilleurs » en la matière, les « plus avancés sur le core banking endless » affirme Lionel Chaine, DSI chez Bpifrance. La solution permet ainsi d’accélérer la production de smart contracts. « Pour attribuer une petite subvention il fallait avant 800 minutes, il faut maintenant 10 minutes » indique Nicolas Dufourcq. « Nous n’en sommes qu’au début. La vision que nous avons, pour nos clients, est d’avoir une plateforme multi-services, dont 80 % sont des services de start-ups françaises. Nous sommes acteurs de l’open innovation française » conclut le directeur général de Bpifrance.
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