L’année 2022 a été marquée par un renforcement des moyens mobilisés par France 2030 (500 M€), à la fois en amont - notamment auprès des acteurs académiques avec le financement des Pôles Universitaires d’Innovation (PUI) - et en aval grâce au plan start-ups et PME industrielles (2,3 Md€). « Portées par cette nouvelle dynamique, les conditions de la consolidation de l’écosystème dans les années à venir sont plus que jamais réunies » affirme Bpifrance. « Ce plan deeptech pensé il y a 4 ans a l'ambition de créer 500 start-ups par an, et petit à petit il y a eu l'ambition de créer des licornes deeptech » indique Paul François Fournier, directeur exécutif en charge de l’innovation. Sur l’année écoulée, 320 start-ups dites deeptech ont été créées soit + 27 % par rapport à 2021. A ce jour, la banque publique d’investissement compte 1 800 start-ups actives, qui selon les mots de Paul François Fournier, sont « beaucoup plus représentatives des territoires (2/3 sont basées hors d'Île-de-France) et répondent à des enjeux extrêmement forts sur les sujets de la santé, de la transition énergétique et écologique ainsi que sur la souveraineté industrielle ».
« On voit l'alignement de plus en plus fort entre ce plan deeptech, l’économie française et la diversité des territoires ». Dans le détail, cinq d’entre elles sont des licornes et 24 deeptech sont présentes dans le FT120 en 2023. Bpifrance relève également l’existence de plus de 30 acteurs de plus de 250 salariés. Cette montée en puissance ne pourrait pas être pas possible sans des investissements conséquents. Ainsi, en 2022, 673 millions d’euros ont été accordés par Bpifrance à pas moins de 869 start-ups sous forme d’aides à l’innovation, prêts, appels à projets, ou concours. La banque publique d’investissement indique que le montant de ce financement grimpe à 2 milliards d’euros en prenant en compte les années précédentes (depuis 2019). 670 millions d’euros ont par ailleurs été déployés en fonds propres par Bpifrance (318 M€ en direct et 352 M€ en fonds de fonds). Cette dernière est clairvoyante sur son rôle : « Notre métier c'est de faire de l'effet de levier ».
Adapter le capital-risque aux enjeux des deeptech
« Une partie de notre stratégie, c’est l’adaptation du capital risque français à ces enjeux » ajoute Paul François Fournier, ajoutant « après 4 ans 50 % du portefeuille Bpi est deeptech. Notre enjeu c'est de pousser au développement de fonds privés deeptech ». Entre 2018 et 2022, l’entreprise est arrivée à près de 2,6 milliards d'euros levés. Le directeur exécutif en charge de l’innovation note une vraie appétence des fonds à accompagner ces start-ups. « Pour faire tout cela, il faut une mutation majeure au sein de l'écosystème deeptech matérialisée par la plateforme les deeptech.fr », poursuit Paul François Fournier. La plateforme lancée par Bpifrance et à destination de ce segment représente 23 structures fondatrices et 80 autres qui ont contribué au développement des services.
Afin de continuer sur cette lancée, Bpifrance indique qu’une refonte de la plateforme est en cours, et plus précisément de l’interface de l’observatoire des deeptech qui recense l’ensemble des deeptech en France. La prochaine version devrait apporter quelques changements avec la mise à disposition d’un espace partenaires « pour faciliter le partage de bonnes pratiques et le passage à l’échelle ». Un espace « back office » doit également voir le jour pour permettre à l’ensemble du réseau de développer des services ensemble. « Derrière cette plateforme, il y a l’idée de mutualiser et la nécessité d'être plus efficace sur la recherche de talents » indique Paul François Fournier. La plateforme propose en effet de mettre en relation des entrepreneurs pour constituer une équipe ou un conseil consultatif via ses outils Tandem et Tango. Une mise en réseau qui a déjà fait ses preuves avec 3 300 candidatures et pas moins de 220 candidatures pour la constitution d’une équipe.
Une réindustrialisation des territoires
2022 est une année charnière pour le secteur. Plusieurs sites industriels ont été créés en France, à l’instar d’Ynsect à Poulainville dans les Hauts-de-France (élevage d’insectes à destination de l’alimentation animale et végétale), Umiami à Duppigheim dans le Grand Est (fabrication d’alternatives végétales à la viande et au poisson), ou encore Lactips à St-Paul-en-Jarez (fabrication de polymère sans plastique). Pas moins de 118 sites industriels ont été créés par des deeptech avec, à la clé, 50 000 emplois supplémentaires en France. « 2022 est une année importante avec la mise en place d'une dynamique sur le capital risque. On pense que 2023 va être une année très structurante », continue Paul François Fournier. Pour assurer cette croissance, le gouvernement a d’ailleurs annoncé un abondement de 500 millions d’euros via France 2030 dédiés à la prématuration et à la maturation des entreprises accompagnées. Toutefois, au vu de l’état actuel du marché, 2023 risque d’être dure pour certaines jeunes entreprises. Dans un précédent bilan, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, avait d’ailleurs prévenu : « C'est une année où il va falloir être performant. C'est une année qui va être lente mais ce n'est pas une année de crise ».
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