Avec plus de 30 000 inscrits pour sa deuxième édition, l'événement Bpifrance Innovation Génération - BIG 2016 pour les intimes - a mis les petits plats dans les grands. Réunissant au même endroit start-ups, ETI, grands comptes et entrepreneurs de toute la France pour échanger et partager des bonnes pratiques et des retours d'expérience, c'est dans la plus grande salle de spectacle parisienne - l'AccordHotels Arena anciennement Bercy - que la banque d'investissement publique a donné rendez-vous à ce joli petit monde ces 25-26 mai.
Dès l'ouverture mardi en début d'après-midi, le ton a été donné avec une volonté de tordre définitivement le cou à toute forme d'immobilisme pour permettre de laisser déborder les énergies. « On est entouré de gens qui nous disent que 1% de croissance c'est pas mal et que l'on n'ira jamais plus loin. C'est la stagnation séculaire. Nous, on dit que ce n'est pas possible, et qu'avec avec l'énergie et la beauté de la vie entrepreneuriale, on peut faire beaucoup plus que cela et décupler nos énergies », a lancé Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. « On ne fait que cette croissance si on est un peu plan-plan. La France ne doit pas subir la croissance des autres et si 45% des étudiants appartiennent à la classe supérieure, ce n'est pas pour livrer des pizzas ».
Alain Papanti, directeur des ventes et du développement de Primo1D (à gauche) et Isabelle Devant (responsable commercial) start-up grenobloise qui a bénéficié d'une aide de Bpifrance pour se développer. (crédit : Dominique Filippone)
Un corridor de l'innovation
Outre cette volonté affichée de « gagne », Bpifrance Innovation Génération est également plus que jamais placé sous le signe des régions avec notamment la mise en place d'un « corridor de l'innovation » réunissant une brochette de start-ups aux domaines de spécialités éclectiques (dermatologie, enceintes audio, entretien floral...) dans lesquelles l'IT occupe souvent une place prépondérante. C'est en particulier le cas pour les jeunes pousses DelairTech, spécialisée dans les drones pour le monde agricole (qui a levé récemment 13 millions d'euros), et Famaco, spécialisée dans les solutions de paiement NFC ou encore pour l'entreprise rhône-alpine Primo1D qui conçoit des puces incrémentées dans les fils de tissu afin de permettre de réaliser à distance des inventaires.
Capables de stocker 96 bits de données, ces minuscules puces encapsulées dans des bulles de résine d'à peine 1 mm carré permettent d'accroître la justesse des stocks à 98% contre 85% via des méthodes traditionnelles. Ces puces sont lisibles via des douchettes sans fil bluetooth (fournies par Nedap) dont la portée peut atteindre jusqu'à près de 2 mètres. La mise en production commerciale de ces puces, dont le tarif débutera à partir de 20 centimes l'unité mais sera dégressif en fonction du volume pour se rapprocher du prix des étiquettes RFID classiques, sont prévues pour la rentrée de septembre 2016.
Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance en ouverture d'Innovation Génération 2 le 25 mai 2016.(crédit : Dominique Filippone)
1,1 M€ prêté par Bpifrance à Primo1D pour développer ses puces
Pour l'aider dans son développement, Primo1D a été retenu dans le cadre d'un appel à projets (Programme d'Investissement d'Avenir dans le textile) auquel il a participé aux côtés d'EFI (équipementier auto qui sous-traite la fabrication du fil), de l'institut La Fabrique ainsi que du fabricant de sous-vêtements DIM. « On a accepté de nous financer à hauteur d'1,1 million d'euros sous la forme de subvention et de prêt BPI », nous a expliqué Alain Papanti, directeur des ventes et du développement de Primo1D. Par ailleurs, le budget global de ce projet atteint 3,8 millions d'euros.
Bpifrance Innovation Génération est également l'occasion pour les entrepreneurs de tous bords de nouer des contacts pour développer leur activité à l'international. Une partie de l'AccorArena Hotels est ainsi dédiée à des stations de visioconférence pour permettre aux entrepreneurs d'entrer en contact avec des professionnels qualifiés (conseillers juridiques, développement territorial...). « Nous avons pu établir un contact en Malaisie pour connaître les modalités de douane et porter à notre connaissance des informations juridiques utiles pour nous développer dans ce pays », nous a expliqué Hind Amar, directrice du développement d'HamacLand spécialisé dans les hamacs flottants.
Le grand show des patrons du CAC40
Michel-Edouard Leclerc, avec sa gouaille légendaire et légèrement cabotin, a donné sa vision de l'entreprenariat. (crédit : Dominique Filippone)
Aux côtés des start-ups, micro-auto entrepreneurs et ETI, les grands comptes n'ont bien sûr pas été oubliés et ont eu l'occasion de présenter leur vision sur le changement de leur entreprise, désormais en prise directe avec la transformation digitale. « Nous avons vendu pour 15 milliards d'actifs en 3 ans et on va en investir 22 dans les nouvelles technologies et solutions », a fait savoir Isabelle Kocher, PDG d'Engie. De son côté, à la tête du groupement de magasins Leclerc, Michel-Edouard Leclerc a également indiqué « Aujourd'hui 2,4 milliards d'euros du chiffre d'affaires provient du digital et nous allons en 2020 réaliser 10% de notre CA dans le digital ». Le sémillant et toujours fringant PDG y est également allé de son petit conseil à destination des milliers d'entrepreneurs présents: « Je fais partie de cette génération d'étudiants qui regardait l'entreprise comme l'énergie d'un roman [...] Il faut croire en ses rêves et les réaliser et il faut par la manière et le projet dépasser l'autre ». Bon courage à tous.
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