Groupe coopératif agricole, Terres du Sud réunit 6000 adhérents du sud-ouest de la France (Guyenne, Gascogne, Périgord) servis par 1500 collaborateurs pour générer 572 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le groupe est structuré en six branches et opère de la collecte à la vente en passant par la transformation. Parmi ses marques, Delmond L'Originel propose des produits à base de canard (Identité Géographique Protégée « canard à foie gras du Périgord ») avec une garantie d'absence d'OGM dans l'alimentation des canards. Or, cette promesse a besoin d'être démontrée : selon l'étude Nutrimarketing 2019, 70 % des Français affichent un déficit de confiance envers les industriels.
Depuis un an, le groupe Terres du Sud est engagé dans une large transformation digitale. Celle-ci inclut le recours à la blockchain pour démontrer que ses promesses de qualité de ses produits sont tenues. « Il nous faut être transparents et prouver le respect de nos promesses » explique Eric Dayan, responsable de la communication du groupe Terres du Sud. Au 1er trimestre 2020, le magret de canard de la marque Delmond L'Originel sera ainsi tracé par blockchain avec la technologie de Connecting Food.
L'étiquette de l'emballage du magret de canard Delmond L'Originel comprend un QR Code...
A chaque étape, de l'élevage à la vente, l'acteur inscrit dans la blockchain de Connecting Food l'opération effectuée et les certifications associées. Ainsi, par exemple, un éleveur certifié comme n'utilisant pas d'OGM indiquera que tel lot de canard a quitté son élevage. Le but de l'inscription dans la blockchain est de rendre infalsifiable l'information. Mais la certification de chaque étape relève d'acteurs tiers. Consulter la blockchain permet juste de savoir avec certitude par quelles étapes est passé le produit et quelles certifications étaient données à chacune des étapes (pas d'OGM, etc.).
Un QR Code porté sur l'étiquette du produit permet ensuite de consulter la blockchain afin d'en extraire, via une webapp, les informations concernant le produit exact concerné (tel magret est issu de tel canard après telles étapes de transformation à telles dates). Pour Terres du Sud, ce recours à la certification via blockchain permet de valoriser la production et le savoir-faire des éleveurs, d'offrir aux distributeurs la capacité de rassurer leurs clients sur la sécurité alimentaire qu'ils peuvent garantir et, enfin, de prouver aux consommateurs l'origine et la qualité des produits qu'ils achètent.
...qui renvoie vers une webapp permettant de tracer le parcours de l'animal avec certification par blockchain.
« Le POC métier a été monté en trois mois, lancé en mai 2019 et validé dans le courant de l'été » se souvient Fabrice Maumy, directeur de la transformation digitale et du système d'information de Terres du Sud. Mais il explique : « l'industrialisation est un autre projet ». A l'heure actuelle, le projet est en phase de pilote industriel (les étiquettes destinées aux consommateurs ne sont pas encore imprimées avec les QR code). Le lancement effectif de cette traçabilité est donc prévue au 1er trimestre 2020. Cette innovation sera notamment présentée sur le stand de la ferme digitale au Salon de l'Agriculture (22 février au 1er mars 2020, Porte de Versailles, Paris) et au salon M.A.D.E., « le rendez-vous annuel de la création alimentaire » (17-18 mars 2020, Porte de Versailles, Paris).
Un partenaire pour gagner un temps précieux
La blockchain en elle-même n'est pas gérée par Terres du Sud. Fabrice Maumy précise : « Nous voulions travailler avec quelqu'un qui nous apporte la technologie prête à l'emploi. La blockchain est donc opérée par Connecting Food. Nous sommes très contents d'avoir trouvé la start-up qui nous a fait gagné un temps précieux. » Mais ce n'est pas parce que la blockchain est déjà prête qu'il n'y a plus rien à faire... « Nous avons eu un très gros travail en interne pour renforcer la traçabilité car le temps réel de la blockchain oblige à être temps réel dans le traitement des éventuelles alertes » relève Fabrice Maumy.
Les informations de traçabilité sont issues de multiples sources. Parmi les tâches à mener, il y a donc eu à muscler le SI et notamment l'EAI, à mettre à niveau, en l'occurrence Data Exchanger de l'éditeur Tenor. Cet outil permet d'extraire les données de l'ERP développé maison sous IBM Power i. La gestion de la « chaîne amont canard » est opérée dans un autre développement maison réalisé à partir d'un logiciel acquis auprès d'un autre acteur de la volaille, le Groupe Michel, Amatis. La « chaîne aval canard » est, elle, gérée dans le logiciel dédié à la chaîne agro-alimentaire Vif. Fabrice Maumy observe : « un progiciel comme SAP sait très bien gérer l'assemblage de pièces pour créer un produit mais pas partir d'un animal pour obtenir des morceaux, ce qui est exactement l'inverse ». La ligne de production, enfin, est suivie dans Act.
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