Les entreprises sont conscientes aujourd'hui du potentiel des big data et 85% d'entre elles ont des projets concrets, de surcroît soutenus par leur direction. Mais elles sont également conscientes de la profonde transformation qu'elles doivent initier, ne serait-ce que pour faciliter l'accès aux informations. Pour cela, elles ont besoin d'ingénieurs de la donnée (ou data scientists) pour les aider à collecter, synthétiser et diffuser leurs données. Le Club par Business Analytics info, lieu d'échanges et de débats sur l'analyse décisionnelle lancé à l'initiative de SAS, a dressé un état des lieux du big data et abordé les perspectives des besoins actuels et à venir, en établissant un panorama des nouveaux profils recherchés. « On relève une pénurie dans ces métiers », a fait remarquer Serge Boulet, directeur du marketing et de la communication chez SAS. « Il n'y a pas suffisamment de volontaires dans les formations », a-t-il ajouté. « Dans le même temps, les entreprises sont en train de vivre une révolution. Avant, les statisticiens récupéraient les données et les entreprises les utilisaient dans un contexte métier, alors qu'aujourd'hui, on voit arriver un flux continu de données, aux volumétries incroyables, dans différents formats. Reste à savoir comment assurer leur formation face à des besoins qui vont exploser. »
Forte présence du monde académique
Pour Jean Michel Poggi, professeur à l'Université Paris Descartes et président de la Société Française de Statistique, la filière des big data souffre peut-être d'une désaffection des jeunes pour les études scientifiques, mais les formations sont nombreuses en France et elles sont adaptées. « L'offre de formation est vaste », a-t-il souligné. « Il existe 12 IUT en statistiques et informatique décisionnelle, 25 licences générales et professionnelles et 70 masters en statistiques » Dans les écoles d'ingénieurs, la statistique a également toute sa place, notamment à l'ENSIL (école nationale supérieure d'ingénieurs de Limoges), l'ENCIB (Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de Bourges), l'ENSAE (Ecole nationale de la statistique et de l'administration) et dans les établissements du réseau Polytech. « Malheureusement, on n'arrive pas à attirer suffisamment de personnes dans cette voie, non pas parce qu'elle n'offre pas de métiers, bien au contraire », note le professeur. « De plus, le statut de la donnée a changé. On est passé d'une information raisonnée à une donnée qui prime.»
Olivier Lallement, manager en conseil et technologie chez Deloitte estime quant à lui que les nouveaux usages des données donnent la primeur à l'expérience. « On n'attend pas l'information », a-t-il fait remarquer. « Elle est là et on doit l'exploiter. C'est pourquoi on doit développer de l'expertise sur des aspects à la fois métiers, techniques et scientifiques. Le data scientist est un chef d'orchestre qui doit connaître les besoins métiers et dont la mission consiste à interpréter des informations avec des outils ». Le dirigeant a distingué 3 familles de professions liées au monde des big data : « Il s'agit d'abord des métiers d'analyse sur l'usage de l'information, » a-t-il exposé. « Le data scientist doit trouver des réponses sans connaître la problématique. Ensuite, il doit réfléchir sur l'usage de la technologie et sur son intégration dans l'entreprise et doit être capable de construire des architectures robustes pour traiter cette masse d'informations et la distribuer à certains acteurs, sans faille de sécurité. Enfin, il doit lancer des actions de gouvernance et définir le cadre dans lequel la data doit être exploitée. Il doit aussi réfléchir à la façon dont on va distribuer une information, et la partager. »
Une centaine d'offres en Ile-de-France
Nicolas Giard, directeur général de Conexance, une entreprise spécialisée dans le marketing direct et les bases de données mutualisées et également enseignant à la Skema Business School de Lille, compare les données d'une entreprise avec du carburant. « Data is fuel », considère-t-il «La collecte des informations permet de mieux connaître ses clients. D'ailleurs, le statisticien est proche de la gestion de la relation avec les clients depuis longtemps. Mais son profil a évolué. Il doit travailler avec un architecte qui imagine des plate-formes capables de collecter des données et il effectue également des activités de R & D. «
Actuellement une centaine de postes de data scientists sont à pourvoir en Ile-de-France. Et ce sont les profils d'expérimentés qui restent les plus difficiles à trouver. « Chez nous, sur 7 profils de statisticiens, 6 sont en apprentissage », a indiqué le directeur général de Conexance. De son côté, SAS a choisi de se rapprocher des universités et des grandes écoles. L'éditeur intervient sur le big data et le décisionnel dans différents établissements, comme l'Université de Paris Dauphine, l'EISTI, l'EFREI, l'Institut Galilée Paris XIII, et également dans les masters SIAD (Systèmes d'information et aide à la décision) de l'Université e Lille 1 de même qu' à Grenoble Ecole de Management.
Big data : le spécialiste des données exige des compétences polyvalentes
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La filière des big data est encore jeune et elle peine à attirer des candidats, en dépit d'une vaste offre de formations. Le profil de ces spécialistes a évolué avec l'explosion des données et les entreprises recherchent des compétences scientifiques, techniques et métiers.
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