Basecamp et le cloud public, c'est fini. Suite à la décision prise en octobre dernier de quitter AWS aux factures mirobilantes, l'éditeur de la solution de gestion de projet publie un premier bilan financier de son retour programmé vers des infrastructures on-premise. « Après un bref détour dans une impasse avec un fournisseur de Kubernetes d'entreprise, nous avons trouvé notre rythme en construisant nos propres outils et avons réussi à déplacer la première petite application hors du cloud il y a quelques semaines », raconte David Heinemeier Hansson, actionnaire et CTO de 37signals, la société qui édite Basecamp et la solution de collaboration Hey. Dans un billet de blog, ce dernier explique viser une sortie totale du cloud à la fin de l'été. « D'après nos calculs préliminaires, nous devrions économiser environ 7 millions de dollars (6,6 M€ env.) en dépenses de serveurs sur cinq ans. Sans modifier la taille de notre équipe d'exploitation ».
Et le CTO, par ailleurs créateur de Ruby on Rails, de détailler son calcul. En 2022, sa société a dépensé 3,2 M$ sur le cloud. Dont un peu moins d'un million pour le stockage de 8 Po sur S3. Tout le reste (les serveurs applicatifs, les cache, les bases de données, la recherche...) représentant donc environ 2,3 millions. « C'est la partie du budget que nous avons l'intention de ramener à zéro en 2023. Nous nous soucierons de la sortie des 8 Po de données de S3 en 2024 », reprend David Heinemeier Hansson.
600 000 $ de serveurs Dell
Pour la première étape de son plan, le CTO est sur le point de passer commande - à hauteur d'environ 600 000 dollars - de serveurs Dell. S'il avoue hésiter encore sur la configuration précise des machines, le dirigeant a une idée assez précise de ses besoins de puissance : environ 2 000 vCPU pour chacun des deux datacenters seront nécessaires pour assurer performances et redondance. « Dépenser 600 000 dollars pour du matériel peut sembler énorme à l'ère du cloud. Mais si vous amortissez ce montant sur une période de cinq ans - ce qui est une hypothèse conservatrice -, cela ne représente que 120 000 dollars par an ! Et nous avons de nombreux boîtiers qui fonctionnent encore après sept ans », observe le CTO. A cette facture s'ajoutent les frais d'hébergement : 60 000 dollars par mois (soit 720 000 par an) pour deux racks dans chacun des deux datacenters opérés par l'hébergeur Deft.
Soit un total de 840 000 dollars par an, à comparer aux 2,3 millions de la facture AWS. Autrement dit une économie de près de 1,5 million de dollars par an. En réservant un demi-million à des dépenses non anticipées, le CTO chiffre donc le gain à 7 millions de dollars sur 5 ans. « Et nous disposerons d'un matériel beaucoup plus rapide, de beaucoup plus de coeurs, d'un stockage NVMe incroyablement bon marché et d'une marge d'extension à un coût très faible (dans la limite des deux racks, NDLR) », ajoute David Heinemeier Hansson.
Une idée judicieuse dont beaucoup de DSI français devraient s'inspirer !
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