Gérer un immeuble, un quartier, une ville, à l’aide d’un outil mettant en commun tous les supports d’information et d’action, voilà le pari de l’Hypervision. A l’occasion d’une conférence de presse dans ses locaux à La Défense, Vinci Energies a présenté ce dispositif et quelques mises en application concrètes. Il s’agit d’utiliser les données provenant de 14 000 capteurs installés dans le quartier de la Défense pour pallier une situation d’urgence, de la simple chute de neige à l’incendie d’un bâtiment, de superviser le passage aux péages de l’A86, de fluidifier le trafic du centre-ville de Rouen ou même d’organiser et assurer la maintenance de 80 000 points d’éclairage public à Canberra.
Pour toutes ces situations, la problématique est la même : les infrastructures existent mais chaque particularité est gérée individuellement par différentes équipes, en silos. Avec Hypervision, le tout est agrégé et mutualisé pour faciliter et accélérer la prise de décision, le tout en représentation 3D. « Chaque hyperviseur est livré dans son ensemble, avec la base de données PostgreSQL ou SQL Server afin de s’adapter aux usages, contextes et métiers », souligne Clémence Borezée, responsable d’affaires infrastructures et smart city chez Actemium, la filiale de Vinci Energies en charge du développement de l’outil.
Le client peut personnaliser son hyperviseur
Le dispositif est équipé de fonctionnalités de base. La visualisation de données en temps réel, qui permet de « montrer tout ce qui se passe sur une infrastructure via des capteurs comme des caméras de vidéosurveillance, mais aussi de l’IoT, des systèmes de gestion de bâtiments, de GMAO… », poursuit Mme Borezée. La préconisation, grâce à un moteur de règles qui permet d’interpréter les données. Ce dernier est d’ailleurs adaptable et a été travaillé pour être « le plus simple d’utilisation possible pour que le client puisse l’affiner en fonction des spécificités de sa structure, sans besoin d’un développeur ».
L’interprétation en temps différé, ensuite, qui permet de faire du reporting, « par exemple pour programmer des travaux sur une année ». Des API de communication grâce auxquelles Vinci peut développer des passerelles entre les systèmes et protocoles déjà en place chez le client, ce que l’entreprise appelle « l’interfaçage sur mesure ». Des applications de configuration, pour contrôler l’accès aux systèmes d’information, « par exemple pour décider qui a le droit d’accéder à certaines données selon son rôle défini sur l’Hypervision ». Enfin, l’infrastructure où les données sont hébergées, « de plus en plus via du cloud, même si beaucoup d’entreprises ont leur propre système de stockage ».
A Canberra, la gestion des points lumineux est organisée via la solution BIM City, également proposée par Vinci, à laquelle l'Hypervision peut s'adapter. Cette inter-opérabilité est également valable pour les solutions crées par d'autres acteurs de l'IT, ou même pour des solutions propres. (Crédit : Bastien Lion)
L’hyperviseur de La Défense, entré en fonction fin 2017, mobilise ainsi cinq opérateurs de l'établissement public Paris la Défense qui gèrent au jour le jour un ensemble de treize systèmes connectés entre eux. Il est ainsi relié aux parkings, aux tunnels, aux PC de contrôle des tours… Chaque système évolue cependant sur son propre réseau, pour des raisons de sécurité. D’ailleurs, toutes les actions entreprises par les opérateurs sur l’Hypervision de la Défense sont enregistrées dans une main courante, utile en cas de problème juridique. « Le reste des mesures de sécurité sont organisées par le client, mais on peut bien entendu le conseiller et l’accompagner », ajoute Clémence Borezée.
Le dispositif fonctionne également dans le bâtiment
Si les retours sont positifs, il a fallu mettre sur pied tout un dispositif de formation et repenser complètement la manière de gérer le quartier. « Avant l’Hypervision, il fallait imaginer une vingtaine de personnes travaillant chacune sur un système sans mise en commun », rappelle Jérémy Deville, dirigeant d’Actemium.
Hypervision se déploie également dans d’autres secteurs, comme le bâtiment, via la filiale Vinci Facilities. Le principe est le même, dans des proportions différentes : la supervision est possible pour un usage local, à l’échelle d’un immeuble ou d’un ensemble d’immeubles, mais aussi pour un usage global, pour une gestion multisites au niveau national par exemple. « Rassembler l’ensemble des données d’un bâtiment peut être utile aussi bien au directeur immobilier qu’à l’investisseur ou à l’occupant », affirme Philippe Conus, directeur Building solutions chez Vinci Facilities.
Dans le bâtiment, l'Hypervision permet la gestion de plusieurs sites en même temps, avec notamment un système de remontée de requêtes et de planification des tâches techniques. (Crédit : Vinci Energies)
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