Pour répondre à la diversification continue des données d'entreprise, SAP fait évoluer le service Data Warehouse Cloud, rebaptisé Datasphere, en le dotant de fonctionnalités supplémentaires. « Cette évolution s'inscrit dans la volonté de SAP de devenir un acteur plus important de l'espace du data fabric », a déclaré Irfan Khan, chef de produit pour la base de données analytique haute performance HANA de SAP.
Selon le responsable, SAP va au-delà des capacités habituelles d'un data fabric en gardant le contexte métier des données qu'il transporte. « Nous voulons préserver la sémantique et le contexte métier de ces données », a-t-il déclaré. « Nous n'allons pas demander aux clients de faire un compromis entre l'accès virtuel aux données et la fédération des données », a ajouté M. Kahn.
Reconnaissance de la menace concurrentielle
Selon Dan Vesset, analyste chez IDC, la plus grande menace concurrentielle à laquelle SAP doit faire face dans ce domaine concerne la diversification croissante du paysage des données. « Les applications SAP et de plus en plus de logiciels d'autres fournisseurs cohabitent dans le même environnement, et la question est donc de savoir où se trouve le centre de gravité. Qui a le plus d'influence ? », a-t-il déclaré. Irfan Khan a reconnu que cette concurrence avait un impact sur le développement des produits SAP. « Une partie importante de l'évolution de SAP vers cette nouvelle stratégie consiste à reconnaître qu'aucun fournisseur ne possédera l'ensemble de la pile de clients », a-t-il ajouté. Cette dernière « est aujourd’hui très hétérogène. Dans le passé, SAP et d'autres fournisseurs ont supposé que s'ils créaient un nouveau produit, les clients y transféreraient leurs données, mais cela n'a pas toujours bien fonctionné, ni pour les éditeurs, ni pour les clients », a ajouté Dan Vesset. « SAP est désormais plus souple sur le transfert des données vers ses applications », a encore déclaré Irfan Khan. « Il y a de fortes chances que, pour mener une campagne marketing, il sera nécessaire d'accéder aux données de SAP », a-t-il ajouté. « Mais il est beaucoup plus facile d'accéder au contexte SAP via le data fabric métier à travers Datasphere, que d’avoir à déplacer les données de manière redondante, en perdant le contexte, la sémantique, et d’avoir ensuite à reconstituer tout cela laborieusement ».
Par rapport à Data Warehouse Cloud, Datasphere comprend des fonctions de catalogage automatisé des données, offre de la réplication simplifiée des données et améliore la modélisation des données. « Le passage de Data Warehouse Cloud à Datasphere sera facile, » a estimé le chef produit. Les clients existants auront automatiquement accès à la nouvelle fonctionnalité et seront facturés à l’usage dans le cadre de leur accord de consommation SAP habituel. « Il n'y a rien de plus à payer si l’on ne l'utilise pas », a-t-il encore déclaré. De plus, par l'intermédiaire de Datasphere, la firme allemande permet à ses partenaires d'ajouter des fonctionnalités et de faciliter l'accès aux données d'autres platesformes. « Nous voulons qu'il soit très facile d'accéder aux données de SAP et de les enrichir d'un contexte métier par le biais de Datasphere », a-t-il déclaré. « Mais nous utiliserons également les participants de notre nouvel écosystème de données ».
Accords avec les partenaires
Quatre partenaires, à savoir Collibra, de Confluent, de Databricks et de DataRobot se sont engagés à offrir des intégrations Datasphere au moment du lancement. Collibra prévoit d'offrir aux entreprises un moyen de créer un catalogue complet, avec un historique, de toutes leurs données SAP et non SAP. Confluent connectera sa plateforme de streaming de données cloud à Datasphere, jetant une passerelle entre SAP et des applications externes en temps réel. Databricks offre aux utilisateurs de son data lakehouse la capacité de s’intégrer aux applications SAP, en préservant la sémantique quand les données sont partagées. Enfin, DataRobot aide les clients à développer des capacités d'apprentissage machine sur Datasphere. « SAP a choisi ses premiers partenaires de façon à couvrir un large éventail de fonctions avec peu de chevauchement entre eux », a fait remarquer Dan Vesset. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de chevauchement avec Datasphere lui-même.
Prenons par exemple les récentes fonctions de catalogage et de gouvernance des données de Datasphere. « Théoriquement, on pourrait se contenter d'utiliser Collibra », a déclaré l’analyste d’IDC. Cependant, il ajoute que SAP aura une meilleure connaissance des métadonnées associées aux données détenues dans ses applications que le catalogue est censé capturer, et qu'il pourra investir davantage dans l'intégration avec ses partenaires. « Pour un client SAP ERP, ou un client qui possède plusieurs applications d'entreprise SAP, la voie la plus facile serait probablement d'utiliser d'abord le produit SAP, puis d'utiliser quelque chose comme Collibra pour d'autres données non-SAP », a-t-il déclaré.
Certes, quatre partenaires représentent un début. Mais pour réussir cette stratégie visant à aider les clients à intégrer les applications SAP et non-SAP dans leur fabric de données, « ils ont absolument besoin de plus, parce qu'ils doivent aller là où sont leurs clients, et ils auront beaucoup d'outils différents », a-t-il déclaré. SAP n'offre rien que les entreprises ne puissent trouver ailleurs - à un certain prix. « On peut créer soi-même n'importe lequel de ces outils à partir de technologies open source, mais cela a un coût. Il revient à chaque grande entreprise de décider si elle veut construire, acheter ou faire appel à un partenaire », a déclaré Dan Vesset. « SAP espère que sa solution offrira suffisamment d'efficacité et d'économies pour que les clients s'adressent à elle », a ajouté l’analyste.
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