Lancée en novembre 2019, la tentative de rachat de HP par Xerox pour 35 Md$ est devenue un feuilleton à rebondissements dont il manquait les premiers épisodes. Le premier des deux protagonistes vient de publier un document réglementaire indiquant que c'est en fait Xerox qui s'est initialement montré insistant pour qu'il le rachète. Il y est notamment écrit que lors de discussions qui se sont tenues le 4 septembre dernier, John Visentin, le CEO de Xerox, aurait déclaré à Dion Weisler, l'ex-dirigeant de HP, qu'il préférerait voir sa société acquise par son concurrent plutôt que l'inverse. Raison alors invoquée : mettre la main sur HP demanderait notamment à Xerox de lever une dette trop importante et pourrait entamer sa cote de crédit.
Pour comprendre l'intégralité de l'affaire, il faut remonter à la mi-août 2019, quand l'investisseur activiste Carl Icahn contacte Dion Weisler pour l'informer qu'il a racheté 4% des actions de HP. Dans la foulée, il exprime le souhait de voir HP prendre possession de Xerox, arguant que la création de ce nouvel ensemble créerait une valeur considérable : 3,5 Md$ de réduction de coûts et une hausse de chiffre d'affaires. Il s'avère aujourd'hui que les baisses de dépenses envisageables sont davantage de l'ordre de 2 Md$. Au cours de la conversation, Carl Icahn aurait par ailleurs précisé que si l'opération n'était pas réalisée, rapidement de surcroît, il réfléchirait alors à racheter HP. Dion Weisler ne reste pas sourd au message puisqu'il envoie par la suite au CEO de Xerox, poulain de Carl Icahn, des questions préliminaires à la tenue de discussion plus avancées.
Xerox refuse à HP les informations pour faire une offre
Le temps passe et de nouveaux contacts sont pris par Carl Icahn et John Visentin avec Dion Weisler pour lui réitérer leur souhait de voir HP et Xerox fusionner. Toutefois, les questions du patron de HP restent sans réponses. Le 27 septembre, les deux dirigeants se parlent de nouveau et celui de Xerox presse encore son homologue d'avancer vers un rapprochement. Mais, Dion Weisler met l'accent sur le fait qu'il n'a toujours pas eu de retour sur les points à éclaircir avant d'entrer en négociations.
Les choses commencent à s'envenimer quelques jours plus tard. Le 4 octobre, répétant l'intérêt de HP pour un rapprochement avec Xerox, Dion Weisler fait une fois de plus remarquer qu'aller plus en avant est impossible tant qu'il n'aura pas obtenu les réponses à ses questions. Un dialogue de sourd s'engage alors, le CEO de Xerox faisant savoir qu'il attend que HP fasse une offre au montant indicatif avant de poursuivre les discussions. Ce à quoi Dion Weiseler se refuse de nouveau, faute de réponse à ses questions, d'autant qu'il est préoccupé par l'évolution de l'activité de Xerox.
HP refuse l'OPA
La situation se tend encore davantage le 10 octobre, lorsque le CEO de Xerox indique sans détour que sa société ne fournira pas à HP d'information préliminaires sans une offre de prix indicative. Dion Weisler reste inflexible sur les conditions préalables qu'il demande et se voit alors signifier une fin des discussions par John Visentin.
Comme chacun sait, l'histoire n'en reste pas là. Le CEO de Xerox recontacte Dion Weisler (celui-ci n'est alors plus que membre du conseil d'administration de HP) le 5 novembre. Il l'informe que le conseil d'administration de Xerox avait approuvé le lancement d'une OPA sur HP, après avoir obtenu une ligne de financement de Citybank. C'est depuis cette date que le marché peut suivre la bataille qui fait rage et dans laquelle HP se défend Bec et ongle.
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