Si l’ancienne CEO d'IBM, Virginia Rometty, a contribué à faire passer Big Blue de la pile logicielle sur site à l'informatique dématérialisée dans le cloud, son mandat a été également marqué par 22 chutes successives du chiffre d'affaires trimestriel. Néanmoins, pour le successeur Arvind Krishna, tout juste nommé, les bases sont désormais posées pour qu'IBM puisse se frayer un chemin dans le nouveau monde du cloud hybride, de l'architecture en conteneurs et de l'intelligence artificielle - des domaines dans lesquels le fournisseur est, il faut le reconnaître, en train de rattraper son retard. « IBM a déjà mis en place des plates-formes mainframe, de services et middleware durables », a écrit Arvind Krishna dans un article de blog posté sur LinkedIn. « Ces trois domaines continuent à servir nos clients. Je pense que le moment est venu de construire une quatrième plateforme de cloud hybride cette-fois, une plateforme de cloud hybride essentielle et omniprésente sur laquelle nos clients pourront compter pour exécuter leurs tâches les plus critiques au cours de ce siècle. Une plateforme qui pourra durer encore plus longtemps que les autres ».
M. Krishna a affirmé que les « fondamentaux étaient déjà en place », même si IBM est toujours en quatrième position derrière Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud en termes de part de marché. Dans sa liste des priorités, le nouveau CEO s'est engagé à mener deux « batailles stratégiques », celle de la transition vers le cloud hybride et celle de l'intelligence artificielle (IA). « Nous devons comprendre et exploiter tout ce qui permettra à IBM de gagner un avantage concurrentiel », a-t-il écrit. L’ancien directeur du département « Cloud and cognitive software » d'IBM, était probablement le mieux placé pour porter ces projets après le départ de Mme Rometty, qui l’avait elle-même qualifié de « brillant technologue ».
Gagner la bataille du cloud
L’autre grande priorité d’Arvind Krishna sera de « gagner la bataille de l’architecture cloud », en permettant notamment aux clients d'adopter le cloud d'IBM « nativement », exécuté sur la plate-forme OpenShift de Red Hat. M. Krishna a été l’un des principaux architectes de l’acquisition, en juillet dernier, de Red Hat par IBM pour 34 milliards de dollars. Ce dernier pense qu’aujourd’hui « IBM et Red Hat ont une opportunité unique de faire de Linux, des conteneurs et de Kubernetes la nouvelle norme ». Ajoutant : « Nous pouvons faire de Red Hat OpenShift un standard pour le cloud hybride au même titre que Red Hat Enterprise Linux est devenu la norme en matière de système d'exploitation ». Il n'est donc pas surprenant que l'une des premières décisions importantes prises par M. Krishna dès son entrée en fonction ait été de nommer l'ancien patron de Red Hat, Jim Whitehurst, comme président d’IBM, en charge de la stratégie et de son unité « Cloud and Cognitive software ».
Dans le message posté sur LinkedIn, M. Krishna a également annoncé la nomination de Paul Cormier, un vétéran de Red Hat, comme CEO de Red Hat, et celle de Bridget van Kralingen, comme Vice-Présidente sénior des marchés mondiaux. Plus inhabituel, peut-être, M. Krisha a également nommé Howard Boville, ancien directeur télécom et des technologies clouds de la Bank of America, au poste de vice-président senior de la plate-forme cloud d’IBM. « Dans toute entreprise, la culture est essentielle. C’est sur elle que reposent les capacités de toute entreprise », a ajouté le nouveau CEO. « L'une de mes principales priorités sera d'encourager l'esprit d'entreprise au sein d’IBM. Il s'agit d'être agile, pragmatique et de privilégier la rapidité à l'élégance. Il s'agit aussi d’accepter le manque de clarté et de s'adapter en permanence aux nouvelles circonstances ».
Innover pour rester indispensable
Justement, dans les circonstances actuelles, M. Krishna n'a pas pu ignorer l’impact de l'événement Covid-19. Côté client, Big Blue a déjà mis en place des options de financement flexibles pour assurer la continuité des activités et aider les partenaires à continuer d'investir tout en gérant les flux de trésorerie et la flexibilité. Cependant, pour M. Krishna, la première priorité est la santé physique et le bien-être psychologique d'IBM : « En cette période difficile, nous devons tous faire preuve d'empathie, de solidarité et de compréhension les uns envers les autres. Pour beaucoup d’entre nous, cette crise a modifié notre façon de travailler. J'ai été particulièrement impressionné de voir à quelle vitesse le personnel d'IBM s’est adapté aux nouvelles méthodes de travail, y compris virtuelles et aux nouveaux environnements ».
M. Krishna a fait remarquer que la pandémie de coronavirus mettait aussi en lumière le rôle « essentiel » d'IBM pour faire avancer le monde. « Nous sommes l'épine dorsale de certains des systèmes les plus critiques du monde. Nos technologies et nos services permettent aux banques de réaliser des transactions par cartes de crédit, aux entreprises de gérer leurs chaînes d'approvisionnement, aux opérateurs de télécommunications de mettre leurs clients en relation, aux prestataires de santé d’améliorer les soins aux patients, et aux entreprises et aux villes de lutter contre les cybermenaces », a écrit M. Krishna. « Nous pouvons faire d'IBM le partenaire technologique le plus fiable du 21e siècle. Pour cela, nous devons nous assurer qu'IBM continue d'innover et être à la pointe des technologies pour accompagner nos clients dans ce voyage transformationnel », a-t-il ajouté.
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