Coup de tonnerre dans l’industrie des semi-conducteurs, Arm a informé son client Qualcomm que sa licence architecturale pour les puces Snapdragon Elite sera résiliée dans 60 jours. Il s’agit de l'accord qui permet à Qualcomm de concevoir et faire fabriquer les cœurs de ses processeurs équipant principalement des smartphones Android et des PC Windows. La plateforme Snapdragon Elite de Qualcomm comprend quatre SoC destinés à différents segments de marché : X Elite pour les PC Windows, 8 Elite pour les smartphones et les tablettes, Elite Cockpit pour les systèmes automobiles et Elite Ride pour la conduite autonome. Un article publié par Bloomberg explique qu’Arm met fin à cet accord de licence suite à la présentation du SoC Snapdragon 8 Elite équipé de coeurs personnalisés Oryon (sur base Nuvia, une évolution des designs Arm). Qualcomm a présenté à ses partenaires, analystes et journalistes, lors du sommet Snapdragon à Maui, à Hawaii (du 21 au 23 octobre), sa puce Oryon, que l'entreprise affirme être plus rapide que la puce Lunar Lake d'Intel.  La fiche technique de la pcue indique simpelment : "Qualcomm Oryon CPU is custom-built with the fastest mobile CPU speeds up to 4.32GHz".

La bataille a en fait commencé en 2022 lorsque ARM avait intenté un procès à Qualcomm et sa filiale Nuvia pour avoir développé des cœurs Phoenix personnalisés sans le consentement d'ARM. À l'époque, Arm cherchait à obtenir une injonction qui aurait contraint Qualcomm à détruire les conceptions de puces développées par Nuvia. Ce dernier avait fait valoir qu'il aurait dû obtenir le droit d'approuver cet accord et a annulé les licences de design Arm de Nuvia en 2023, selon Bloomberg. Rappelons qu'Arm conçoit des designs de cœurs de processeur, connus sous le nom de Cortex, et les licencie - sous contrôle - à des entreprises comme Qualcomm, Mediatek et d'autres. Depuis lors, le procès a évolué lentement, sans action ou rhétorique significative de part et d'autre, même si les deux parties ont fixé une date de procès en décembre. Rappelons que Qualcomm avait racheté la start-up Nuvia en janvier 2021 pour bénéficier de ses compétences afin d’améliorer les performances de ses puces reposant sur une architecture Arm, incapable à l’époque de rivaliser avec les processeurs x86 en termes de performances.  

Arm refuse un fork de son architecture Cortex

Arm a refusé de commenter l’article de Bloomberg. Qualcomm, cependant, a publié une déclaration qualifiant cette action de « stratagème désespéré ». « C’est encore de la part d’Arm des menaces infondées supplémentaires destinées à contraindre un partenaire de longue date, interférer avec nos processeurs performants, et augmenter les taux de redevances malgré les vastes droits conférés par notre licence architecturale », a déclaré Qualcomm dans un communiqué envoyé par un représentant de la société à notre confrère PCWorld. « Avec un procès qui approche rapidement en décembre, la tentative désespérée d’Arm semble être une manœuvre pour perturber le processus judiciaire, et sa demande de résiliation est complètement infondée. Nous sommes convaincus que les droits de Qualcomm en vertu de son accord avec Arm seront confirmés. Le comportement anticoncurrentiel d’Arm ne sera pas toléré. »   

À l'heure actuelle, Arm et Qualcomm disposent toujours d'un accord permettant à Qualcomm de fabriquer des puces basées sur les cœurs Cortex. Mais ces derniers se sont avérés incapables de rivaliser avec les conceptions x86 d'Intel et d'AMD. Les cœurs Oryon au cœur du processeur Snapdragon 8 Elite se sont révélés bien plus compétitifs, et sont probablement les puces les plus économes en énergie pour les PC. Désormais, ces cœurs sont en péril en raison de l'action d'Arm, ce qui prépare soit un processus de négociation intense, soit une bataille judiciaire encore plus féroce dans quelques mois.