Hier, Dell a annoncé avoir conclu un accord de rachat de son activité PC pour 24,4 milliards de dollars HT avec Michael Dell, son fondateur, et le fonds d'investissement spécialisé dans les hautes technologies Silver Lake Partners. La transaction inclut un prêt de 2 milliards de dollars de Microsoft et des engagements de financement de la dette par Bank of America, Merrill Lynch, Barclays, Crédit Suisse et RBC Capital Markets.
Ces dernières années, Dell a essayé de s'éloigner de son activité de vendeur de PC à faible marge pour devenir un fournisseur de serveurs, de produits de stockage et de réseaux, de logiciels et de services pour les entreprises. C'est ainsi que, depuis 2007, le constructeur américain a racheté 25 entreprises dans le but d'étoffer son portefeuille de produits pour l'entreprise. Mais jusqu'ici, le fabricant a eu du mal à regrouper ses offres dans une stratégie de produits cohérente. Selon les analystes, l'orientation choisie par Dell, à savoir proposer une gamme de produits informatiques de bout en bout pour l'entreprise, ne va probablement pas changer. Mais à partir de maintenant, « l'entreprise sera en mesure de poursuivre cet objectif sans avoir à subir la pression de Wall Street, qui chaque trimestre sanctionne les résultats, ou sans avoir à répondre à l'attente des investisseurs ».
Du temps pour finir son intégration
Les ajustements auxquels Dell a dû procéder ont décalé ses objectifs sur le long terme, « mais désormais l'entreprise va pouvoir supporter quelques trimestres financiers difficiles pour développer sa stratégie », estiment les analystes. « Le grand changement pourrait venir de la division PC, qui se retirerait du marché du PC grand public à faible marge et de celui des périphériques, pour se concentrer davantage sur les PC d'entreprise et les appareils mobiles, et coller notamment à sa stratégie Byod », disent encore les analystes. Cependant, « le prêt accordé par Microsoft impose d'une certaine façon à Dell de rester dans l'activité PC, car les dispositifs clients sont un moyen important d'attirer et de fidéliser les clients d'entreprise », estiment aussi les analystes.
Selon Charles King, senior analyste chez Pund-IT, « Dell a été très rentable, et le cours des actions ne reflète pas les succès remportés par l'entreprise ces dernières années ». Selon lui, « il ne faut pas s'attendre à de gros changements dans la gamme de produits de Dell, mais le constructeur va continuer à faire avancer sa stratégie, à savoir offrir plus de produits d'entreprise », par exemple l'appliance de base de données in-memory SAP HANA sortie la semaine dernière. Le Texan va sans doute continuer à mixer ses offres matérielles et logicielles avec ses offres d'entreprise afin d'élargir son portefeuille de produits. « Dell va également conserver des PC dans sa gamme de produits pour l'entreprise, et il pourrait y ajouter plus tard des tablettes et des smartphones », a avancé Charles King.
Depuis 15 ans, IBM reste le modèle à suivre
IBM, Hewlett-Packard et Oracle vendent aussi des packs logiciels et matériels combinés à des services dans leurs offres de services intégrés. « Mais Dell va probablement essayer de se différencier de ses concurrents en ajustant son offre au marché des moyennes entreprises », a déclaré Ezra Gottheil, analyste senior chez Technology Business Research. « Le marché des PME est très pertinent et peut offrir des opportunités» », a déclaré l'analyste. « C'est un secteur d'affaire solide », a-t-il ajouté. Dell ne fera pas comme IBM, qui propose des produits spécialisés pour ses clients haut de gamme et dispose également d'un important service de conseil. Et pour ce qui est de l'acquisition et de sa stratégie buy-out, « Dell se trouve en meilleure position que HP, qui a réalisé des acquisitions douteuses et a renoncé à séparer son activité PC de son activité principale », a ajouté Ezra Gottheil. « Dell va investir plus largement dans les datacenters pour étendre sa marque de serveur PowerEdge », a estimé pour sa part Matthew Eastwood, vice-président et directeur général de l'Enterprise Platform Group d'IDC. « Je n'imagine pas Dell quitter le marché grand public, qui représente environ 20 % de ses revenus, ni sans doute celui des imprimantes », a déclaré le VP, ajoutant que l'activité PC a peu de répercussions sur les coûts et dilue les marges du constructeur. « Dell continuera à proposer des produits pour la santé et l'éducation et pour d'autres marchés verticaux », a encore estimé Matthew Eastwood.
Selon les analystes, Dell va probablement aussi continuer à acheter des entreprises pour élargir son portefeuille de produits. La firme d'Austin a réussi à intégrer les activités d'EqualLogic, de Boomi, de SecureWorks et de Perot Systems dans ses opérations, même si l'intégration des actifs logiciels soulève quelques questions. Mais Dell prévoit de rassembler ces actifs sous la bannière de Quest Software, une pièce maîtresse de la stratégie logicielle de Dell, acquise l'an dernier pour 2,4 milliards de dollars. Dell marque aussi son intérêt pour le cloud et la virtualisation.
Après son LBO, Dell poursuivra sa mue à l'abri de la bourse
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Selon les analystes, la décision de Dell de se mettre temporairement à l'abri des lumières de Wall Street semble indiquer que l'entreprise va réduire son activité grand public, à moins qu'elle ne la fasse tout simplement disparaître, pour la remplacer par un portefeuille de produits exclusivement destinés à l'entreprise.
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