C’est à l’Hôtel de la Marine, récemment inauguré, qu’IBM France a fait sa rentrée. Une présentation un peu décalée par l’officialisation de la scission avec Kyndryl intervenue le 4 novembre dernier. C’est donc le nouveau visage d’IBM France que Béatrice Kosowski, présidente, a dessiné devant un parterre de journalistes. « Il y a un recentrage sur la valeur autour de deux axes : la technologie et le consulting », précise d’emblée la dirigeante. Au sein de la technologie, elle rassemble le multicloud qui s’appuie sur la plateforme ouverte cloud hybride basée sur OpenShift de Red Hat, l’IA et le quantique.
IA et quantique futurs axes de croissance
Sur l’IA, Watson est bien évidemment mis en avant, « nous avons du recul maintenant avec une dizaine d’années de maturité », glisse-t-elle avant d’ajouter la nécessité de passer à l’échelle et d’industrialiser les projets. « Dans le monde, nous avons aujourd’hui 40 000 projets liés à l’IA sur différents sujets (chatbot, recherches dans la santé, secteur bancaire) », revendique Béatrice Kosowski. Le groupe poursuit aussi la recherche sur l’IA avec l’ouverture prochaine d’un site à Saclay, « qui travaillera notamment sur la création de matériaux pour la capture carbone. Un moyen pour nous de trouver une alternative à la compensation de nos émissions résiduelles ». La société a annoncé la neutralité carbone d’ici 2030.
Dans le domaine du quantique, IBM France dispose d’un hub dédié à Montpellier. Récemment, la firme a dévoilé la puce Eagle affichant 127 qubits. « Nous sommes sur la trajectoire pour dépasser les 1 000 qubits en 2023 et passer à l’industrialisation », souligne la dirigeante avant de reconnaître que cette activité ne génère pour l’instant pas beaucoup de revenus.
Au cœur de la migration cloud et réflexion sur le cloud de confiance
Le software et en particulier l’accompagnement vers le multicloud sont clairement les axes de croissance d’IBM France. « Aujourd’hui, 74% des applications critiques n’ont pas migré dans le cloud », observe Béatrice Kosowski. L’impact de Red Hat est bien évidemment au cœur de cette stratégie et notamment OpenShift en ajoutant des briques « pour automatiser, sécuriser et prédire ». Si l’activité software devrait connaître « une croissance de 5 à 6% par an sur 3 ans », la responsable reste plus mesurée sur la partie hardware, « sur la partie infrastructure, la croissance devrait être flat sur 3 ans en raison des fluctuations autour des cycles de vie du matériel et notamment du mainframe ».
Sujet d’actualité, la question du cloud de confiance a été posée à l’heure des rapprochements et des alliances (Thales/Google, Atos/OVH, Bleu avec Capgemini, Orange et Microsoft). « Nous travaillons sur des alliances », avoue Béatrice Kosowski, sans rentrer dans les détails. Elle préfère rappeler qu’ « IBM France est une société de droit français. Nous sommes une entreprise de BtoB qui ne monétise pas les données de ses clients ». Par ailleurs, elle voit l’apport d’IBM France au cloud de confiance sur l’aspect technologique en « mettant à disposition les solutions de Cloud Pak pour les fournisseurs de cloud de confiance ».
Renforcement du consulting et des partenariats
Autre axe de développement, l’activité consulting. Elle est dirigée par Alex Bauer qui a pris ses fonctions en juillet dernier et qui a été débauché d’Accenture. « Je souhaite imposer la marque IBM Consulting comme un leader dans le conseil, avec comme ambition de multiplier sa taille par deux en 3 ans » précise le dirigeant. Les orientations de travail sont l’accompagnement sur la transformation digitale des entreprises qui s’est accélérée avec la pandémie. « Nous mettons à disposition des équipes d’engagement technologiques, la création de plateformes et favoriser l’innovation », détaille-t-il. Pour souligner l’importance de cette stratégie, Béatrice Kosowski rappelle, « au niveau international, IBM a réalisé 9 acquisitions dans le consulting ». Cette activité devrait aussi connaître une croissance de 5 à 6% chaque année sur 3 ans. Elle sera épaulée par la branche Technology Group dirigée par Marie-Noëlle Mueller pour élaborer des prototypes ou des MVP sur certaines technologies comme la blockchain, l'IA, le cloud,...
Pour mener à bien ses ambitions, IBM France n’entend pas mener la bataille seule et s’appuie sur un écosystème de partenaires. Pour gérer cette partie, les rênes ont été confiés à Eric Haddad fraîchement débauché de Google Cloud. « Notre volonté est de doubler le nombre de nos partenaires aussi bien sur la partie consulting que technologique », affiche le responsable. Cela signifie le renforcement des liens avec des grands partenaires comme Atos ou Capgemini, mais aussi un recrutement chez les éditeurs de logiciels et les hyperscalers. « En 2021, IBM dans le monde a noué 700 partenariats par mois et a annoncé un investissement de 1 milliard de dollars dans ce domaine », rappelle Eric Haddad. Des recrutements en France sont prévus pour étoffer les équipes dédiées à ce sujet.
Au final, Béatrice Kosowski a mis en ordre de bataille sa nouvelle équipe pour relever les prochains challenges d'IBM France. « Nous voulons être le coeur du réacteur de la transformation digitale des entreprises sur l'ensemble des sujets » a t'elle répété comme un mantra pour l'avenir.
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