Ampere, la start-up de semi-conducteurs fondée par l'ancienne directrice d'Intel Renee James - à ne pas confondre avec la dernière gamme de GPU Nvidia - vient de lancer un processeur 128 cœurs pour serveur basé sur la technologie ARM, en complément de sa précédente puce 80 cœurs. Dénommé Altra Max, la puce 120 coeurs arrive trois mois à peine après le lancement du premier CPU du fondeur, l'Altra 80 cœurs. Selon Ampere, le nouveau processeur sera entièrement compatible avec le précédent et permettra aux clients d’intervertir simplement entre les deux processeurs s'ils le souhaitent. « L’Altra Max ne remplace pas l’Altra », a précisé Jeff Wittich, vice-président senior des produits chez Ampere et l'un des nombreux anciens dirigeants d'Intel à avoir rejoint la start-up. « Je pense que des charges de travail et des clients utiliseront simultanément l’Altra et l’Altra Max pendant longtemps. Tout ce qui peut tourner sur Max pourra tourner sur Altra, et pendant longtemps ».
Ampere vise le cloud au sens le plus large possible, depuis le cloud public jusqu’au cloud hybride et privé, mais aussi le cloud sur site. D’après une étude d'IDC citée par Ampere, d'ici 2023, 80 % des charges de travail seront déplacées vers les conteneurs et les micro-services. Cela suppose des performances prévisibles, une densité de noyau plus élevée et une efficacité énergétique. « Des exigences auxquelles répond parfaitement le design d’Altra », selon Ampere.
Des coeurs mono-thread
Alors qu'Intel et AMD ont opté pour l'Hyper-Threading, autorisant deux threads par cœur, Ampere a opté pour des cœurs mono-thread. La start-up affirme que selon le benchmark Stress-NG, l’ajout de cœurs accroît les performances de manière linéaire. « On pourrait penser que pour changer d'échelle, il faudrait forcément ajouter des cœurs, mais ce n'est pas le cas. AMD est bloqué par les fonctions au niveau du système. Un thread, ce n'est pas la même chose qu'un cœur. Les ressources sont partagées entre plusieurs threads. L'évolutivité est la principale raison pour laquelle nous avons choisi des cœurs mono-thread », a encore expliqué M. Wittich.
Mise à part la puce Altra Max, Ampere a dévoilé plusieurs processeurs qui viendront enrichir la famille Altra. La start-up, qui avait annoncé une puce 80 cœurs, livrera finalement quatre processeurs 80 cœurs dont la vitesse varie de 2,6 à 3,3 GHz et dont la puissance thermodynamique (TDP) va de 150 à 250 watts. L'entreprise prévoit également un composant de 72 cœurs, quatre composants de 64 cœurs avec des vitesses d'horloge et des TDP variables, plus un composant de 48 cœurs et deux composants de 32 cœurs. Les 11 processeurs supportent jusqu'à huit canaux de mémoire DDR4-3200 ECC, une capacité maximale de 4 To, et offriront jusqu'à 128 voies PCIe 4.0 à haut débit par socket.
Des partenariats en construction
Ampère aligne lentement ses partenaires OEM, parmi lesquels on trouve Phoenics Electronics. Ce distributeur de semi-conducteurs et de cartes appartenant à Avnet, proposera des serveurs Ampere dans les mois à venir. Comme l’a expliqué M. Wittich, « Phoenics Electronics est un spécialiste des ventes à faible volume pour les entreprises qui ne veulent que cinq ou dix serveurs personnalisés, alors que les OEM vendent des centaines de milliers de boîtes identiques aux « hyperscalers ».
Pour M. Wittich, Intel et AMD sont des concurrents, à la différence des vendeurs de serveurs ARM comme Marvell (qui commercialise la puce ThunderX2) et Fujitsu (qui commercialise la puce A64fx). En particulier, M. Wittich estime que Fujitsu cible essentiellement le secteur du HPC, « dont les spécifications de performance sont différentes, l’architecture est différente, de même que la pile logicielle ». Selon le vice-président senior des produits d’Ampere, « ce n'est pas sur ces aspects que nous nous concentrons. Ils ne sont pas présents dans le marché du cloud, nous ne sommes pas présents dans le marché du HPC ». Aujourd'hui, Marvell est un acteur du cloud, mais M. Wittich affirme que les puces serveur d’Ampere offrent « des performances supplémentaires par rapport à la puce ThunderX2 ». Ajoutant : « Nous verrons ce que Marvell proposera en 2021 avec sa puce ThunderX3 ».
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