Fort d'un contrat signé avec Sony sur la production de processeurs pour la console de jeu PlayStation 4, AMD a officiellement créé une division consacrée à la fabrication de puces personnalisées. Le fabricant mise en partie sur cette activité pour réduire sa dépendance vis-à-vis du marché des PC qui décline. La division bénéficiera d'une équipe d'ingénieurs expérimentés sur l'architecture processeur et, comme pour le chipset PS4, utilisera la propriété intellectuelle d'AMD pour des terminaux spécialisés, tablettes, consoles, ou pour des ordinateurs à haute performance.
Le fabricant espère renouer ainsi avec la profitabilité. Environ 85% de son activité est focalisée sur les ventes de processeurs pour les PC. Ceux-ci sont en passe d'être remplacés par les tablettes, marché sur lequel AMD n'est pratiquement pas présent. Le groupe va continuer à sortir de nouvelles puces pour PC et tablettes mais ne mettra à jour ses processeurs pour serveurs qu'en 2014 ce qui limite ses opportunités sur un marché des serveurs en croissance. Par ailleurs, AMD a toujours eu du mal à suivre Intel, en tête sur le secteur des PC et serveurs.
20% du chiffre d'affaires au 4ème trimestre
Cet accent mis sur les puces personnalisées se fait sous la direction d'une nouvelle équipe de direction menée par un ancien responsable de Lenovo, Rory Read, nommé PDG d'AMD en août 2011. L'an dernier, le groupe a déchiré sa précédente feuille de route et établi une autre méthodologie de conception des processeurs pour permettre l'intégration de la propriété intellectuelle d'autres intervenants afin de pouvoir personnaliser les puces en fonction des besoins du client. Le groupe a licencié l'architecture processeur d'ARM dont les développements sont mis en l'oeuvre dans la plupart des smartphones et terminaux mobiles. Il a par ailleurs racheté la société SeaMicro et sa technologie d'interconnexion Freedom Fabric qui pourrait être utilisée dans la conception de puces particulières.
En janvier, Rory Read a présenté un plan de retour à la profitabilité en expliquant que l'activité de processeurs sur mesure pourrait rapporter jusqu'à 20% du chiffre d'affaires d'ici le 4ème trimestre (à fin décembre 2013) et plus de la moitié du revenu sur l'année à venir. Selon Saeid Moshkelani, vice président corporate et directeur général d'AMD, cette activité est sur les rails pour atteindre les 20% prévus au 4ème trimestre. Le groupe a par ailleurs licencié des employés et vendu son campus d'Austin au Texas.
Architectures x86 et ARM sur la même puce le cas échéant
AMD n'hésitera pas à modifier la conception des puces, assure Saeid Moshkelani, en ajoutant que si un client veut des architectures x86 et ARM sur la même puce, cela pourra se faire. « C'est une activité sur laquelle nous sommes très concentrés », insiste-t-il.
Ce n'est peut-être pas très glamour comme activité, mais cela apporte de la stabilité et c'est payant à long terme, estime Dean McCarron, analyste du cabinet Mercury Research. « Tout contrat de conception portant sur un million d'exemplaires ou plus peut représenter une affaire significative pour eux », souligne-t-il. Il suffit de décrocher le bon contrat. La fabrication de la puce pour la PS4 en est un bon exemple. Elle peut générer des millions d'exemplaires à livrer pour AMD et devenir de plus en plus profitable avec le temps. Tout comme la PS3, la PS4 peut conserver le même processeur pendant de nombreuses années et la marge initiale peut être faible, mais au fur et à mesure que la technologie se peaufine, le coût de fabrication de la puce baissera et générer davantage de profits pour AMD.
Des ressources financières limitées
Les consoles de jeu sont un bon exemple, les tablettes vont aussi devenir un marché important, souligne Dean McCarron. Au milieu de nombreux exemples d'échec, on trouve aussi Motorola qui constitue au contraire une réussite sur 20 ans, pointe l'analyste. Le fabricant américain a fourni des puces pour les premières imprimantes laser, puis il a remporté le contrat avec Apple pour les ordinateurs et pour d'autres produits, ce qui a contribué à son succès. « Il faut obtenir les bons produits et les bons clients », résume Dean McCarron.
Avec la baisse du marché des PC, AMD doit opérer une mutation. Les puces sur mesure sont un bon choix, selon l'analyste de Mercury Research. La société ne dispose pas de la flexibilité financière d'Intel et elle doit déterminer où placer ses ressources limitées. Mais ce ne sera pas une promenade de santé, dans la mesure où AMD doit toujours affronter des concurrents tels qu'Intel, Nvidia et d'autres rivalisant avec lui pour remporter les contrats de fabrication des puces, conclut Dean McCarron.
AMD voit au-delà des PC avec ses puces sur mesure
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Pour redresser la barre, la direction d'AMD mise sur la fabrication de processeurs personnalisés, à l'instar de ce qu'il fait déjà avec Sony pour la PS4. La piste est intéressante, mais il lui faudra décrocher les bons contrats sur un marché toujours très concurrentiel.
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