Dans les keynotes du CTIA, principal événement annuel qui a réuni les opérateurs mobiles américains du 7 au 9 septembre dernier à Las Vegas, les intervenants ont surtout parlé d’applications futuristes, ou réclamé en urgence l’extension du spectre pour disposer de nouveaux réseaux afin de rendre ces rêves réalité. C’est le cas de Meredith Attwell Baker, président et CEO du CTIA, qui, lors de son discours d’ouverture, a déclaré que les transporteurs américains auraient besoin de centaines de mégahertz de fréquences supplémentaires pour répondre à la demande mobile de la prochaine décennie. Mais jeudi, quand on a demandé au magnat du divertissement Mark Cuban, fondateur de Broadcast.com et propriétaire de la franchise de basket-ball des Dallas Mavericks, quels étaient les besoins de la mobilité sans fil, il a répondu sans hésitation : « Il n'existe pas actuellement d'applications très haut débit grand public ». Autrement dit, les applications mobiles actuelles n’ont pas besoin d’un débit soutenu et ininterrompu de 100 Mb/s (bits par seconde).
De fait, les smartphones servent majoritairement à l’envoi de textos, à la consultation des médias sociaux et à la lecture de vidéos, des applications qui ne justifient pas ces performances en continu. De plus, l’IoT se développe rapidement, mais la plupart du temps, les besoins de vitesse sont moins importants que ceux des mobiles. « Si l’on considère le contexte actuel, il paraît difficile à l'industrie de réclamer une extension du spectre ou de vendre de la 5G aux consommateurs », a déclaré le magnat. « Cela change l’idée que se font les utilisateurs de leurs besoins en bande passante ». Mark Cuban ne doute pas qu’une future application justifiera un débit de 100 Mb/s sur mobile ou sur un autre dispositif. Par exemple les voitures autonomes et la télémédecine. Mais des domaines comme la chirurgie robotisée à distance dont a parlé jeudi le CEO de Nokia, Rajeev Suri, n’en sont encore qu’au stade des spéculations. Certes, une chose que personne ne prévoit, inventée par un enfant de 12 ans, pourrait changer la donne. « Voilà sur quoi nous pouvons spéculer aujourd’hui », a déclaré Mark Cuban. Difficile donc de convaincre les sceptiques et de développer de nouveaux réseaux, tant que cette question reste en suspens. Et les transporteurs doivent se montrer plus persuasifs que jamais.
Multiplication par 10 des relais 5G
Cependant, ces derniers semblent déjà avoir convaincu Tom Wheeler, président de la Federal Communications Commission (FCC), lequel pousse l'agence à ouvrir un spectre d'ondes millimétriques aux services 5G. « Mais la manière dont la 5G est censée fonctionner, notamment à ces fréquences, annonce beaucoup de débats à venir », a déclaré le président de la FCC lors d’une conférence au CTIA. Par exemple, la 5G devrait reposer en grande partie sur des relais cellulaires ultra-denses qui prennent moins de place que les tours actuelles, mais en beaucoup plus grand nombre. « Aujourd’hui, il y a 200 000 tours cellulaires aux États-Unis, et il en faudrait plusieurs millions pour la 5G », a précisé Tom Wheeler. Or, très souvent, les communautés urbaines rechignent à installer de nouveaux relais cellulaires. Par ailleurs, les relais ne seront pas seulement plus nombreux, ils seront aussi plus près des lieux où vivent et travaillent les utilisateurs. La FCC essaye de définir un processus d’approbation commun, mais les instances locales resteront toujours maîtres de la décision.
Pendant ce temps, les entreprises qui développent des réseaux 5G savent qu’elles ont du pain sur la planche. Pour aider les transporteurs à se préparer à la prochaine génération mobile, ils travaillent sur des technologies intermédiaires comme la 4.5G, entre la 4G et la 5G. Lors du CTIA, le CEO de Nokia, Rajeev Suri, a déclaré que son entreprise allait commencer à vendre ce qu'il a appelé du 4.5G Pro plus tard cette année. « Ce produit permettra aux fournisseurs de service de combiner jusqu’à cinq bandes de fréquences pour proposer des vitesses pouvant atteindre 1Gbps, avec moins de latence que les réseaux LTE actuels », a-t-il affirmé. Bien que la norme 5G n'existe pas encore, les opérateurs pourront utiliser la 4.5 G Pro pour tester une gamme de nouvelles applications, y compris celles qui nécessitent plus de bande passante, une latence plus faible et de meilleures communications machine à machine », a ajouté le CEO de Nokia. Au final, si les transporteurs se prennent au jeu, et si leurs abonnés commencent à utiliser ces réseaux de transition, la 5G pourrait arriver en 2020 avec quelques applications déjà prêtes à l’emploi.
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