« 40 millions de serveurs vendus dans le monde depuis 1993, soit un toutes les 15 secondes », indique Philippe Ruault, directeur de la BU Serveur chez HPE France. Une manière de souligner le succès, mais aussi la pérennité des serveurs du fournisseur dans le temps. Ces chiffres ont été dévoilés à l’occasion du 30ème anniversaire des serveurs x86 Proliant, créés à l'origine par Compaq.
Les débuts sous la marque Compaq
Une occasion de faire ce que certains appellent de l’informatique préhistorique. Les prémisses des serveurs ProLiant sont à trouver dans la guerre en 1989 qui a opposé IBM et Compaq à la tête d’un consortium nommé le « gang des neuf » (comprenant Hewlett Packard, Epson, Olivetti,…). Celui-ci avait créé le bus Eisa en réaction au lancement par IBM du bus MCA. Compaq avait lancé son SystemPro, biprocesseur, avec un ou deux 386-33 ou 486-33. Il faudra attendre 1993 pour voir apparaître le premier serveur ProLiant de Compaq, le 1000 avec une puce x86 et pour la première fois une innovation importante « le disque hot&plug » (la capacité de retirer et de remplacer un disque à chaud) », souligne Jérôme Riboulon, directeur des ventes et pré-ventes de la BU serveur. Il évoque au passage l’origine du nom ProLiant qui est la contraction des termes « Professionnal et Reliant ». De son côté avant le rachat de Compaq en 2001 pour 25 milliards de dollars, HP commercialisait les serveurs Netserver (sous x86), mais également des modèles Unix (HP 3000) animés par les puces PA-Risc. N'oublions pas non plus que Compaq disposait de serveurs Alpha et suite au rachat de Tandem (pour 3 milliards de dollars en 1997) des modèles Himalaya et NonStopServer (haute tolérance aux pannes).
Le serveur Compaq Proliant 8500R a fait ses premiers pas en 1997. (Crédit Photo : JC)
Le serveur n’a cessé par la suite de grandir et d’innover. Il a adopté différents formats pour s’adapter aux besoins des salles informatiques et des armoires. En 1997-98, le Compaq Proliant 1850 R sort en format rack 3U, avec un processeur Intel Pentium 3, 100 Go de stockage et 1 Go de RAM. La partie logicielle n’est pas oubliée avec l’intégration d’un outil de gestion des serveurs (remote inside). A l’arrivée des années 2000, plus d’un million de serveurs ont été livrés.
Reconnaissance et visibilité
Le début des années 2000 apporte son lot d’innovations en collaboration avec Intel et AMD pour monter en gamme sur les systèmes x86 critiques après la déconfiture des puces Itanium (IA-64), destinées à remplacer les PA-Risc de HP et concurrencer les PowerPC d’IBM et les Sparc de Sun. Avec ses Proliant x86-64, HPE explore différents types de format, blade, tours, serveurs dédiés (Moonshot) ou pour les workload intensifs (Apollo). « Les serveurs acquièrent le protocole RDP et la technologie de gestion de serveur ILO », se souvient Jérôme Riboulon. Le constructeur fait aussi quelques infidélités à Intel en 2003 avec le premier serveur motorisés par des puces Opteron d’AMD, « ils ont servi notamment pour faire fonctionner le jeu World of Warcraft », glisse le responsable.
Cette période est marquée par la communication autour des serveurs. Ils servent par exemple pour l’attraction Mission Space de Disneyworld, « un succès au point que les employés pouvaient gagner des pass VIP », indique Jérôme Riboulon. Le serveur Proliant fait par ailleurs ses premiers pas dans le cinéma. En 2009, il accompagne James Cameron dans la réalisation d’Avatar (avec des chiffres qui donnent le tournis, 40 000 cœurs, 100 To de mémoire mobilisés dans un datacenter). Partenaire de Dreamworks, il joue la carte de l’animation en travaillant sur différents longs-métrages comme Kung Fu Panda ou Shrek. Enfin, il s’invite dans les paddocks de Formule 1 en collaborant avec Renault. Une période où la firme a vendu son 10 millionième serveur ProLiant à American Airlines.
Accélération, IA et durable
Habitué à l’appellation G (pour génération), la version 8 voit un changement de sémantique en devenant Gen8. La petite histoire derrière cette évolution est que la traduction de G8 en chinois fait référence au sexe masculin. C’est en 2015 aussi que le serveur s’invite dans l’infrastructure composable avec Synergy et le logiciel d’administration OneView. Il fait ses débuts dans l’IA en 2017 avec la partie analytique Infosight issu du rachat de Nimble Storage. A cette date, HPE renforce la sécurité de son matériel avec la « silicon root of trust », une protection de bas niveau (firmware, BIOS, …). Aujourd’hui, le serveur Proliant est disponible dans sa version Gen 11 et se veut plus économe avec une gamme équipée de puces ARM. Dans un entretien avec la rédaction, Alain Melon, PDG de HPE, indiquait que « le futur des serveurs ProLiant est placé sous le signe de l’efficacité à la fois sur les nouveaux workload comme l’IA, mais aussi sur la partie énergétique avec un coût par watt optimisé ».
Après le G7, les serveurs Proliant ont pris la dénomination Gen. (Crédit Photo: JC)
A l’occasion de sa soirée, HPE a donné la parole à un de ses clients, TF1 pour témoigner de la longévité et la performance des serveurs ProLiant. La chaîne dispose de la première génération de ProLiant, « nous avons commencé à en décommissionner il y a quelques semaines », avoue Amaury Plançon, responsable opération infrastructures chez TF1. Ils servaient notamment au sous-titrage, précise-t-il. « Il y a eu très peu de problèmes et ils sont très polyvalents pour les activités broadcast et celles de la DSI », ajoute-t-il. Le responsable est fier de disposer de quasi l’ensemble des générations de serveurs ProLiant (jusqu’au Gen10), même si depuis quelques années, « nous sommes engagés dans une modernisation du parc en regardant vers le HCI Simplivity ou Synergy ».
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