Le cabinet Ey vient de livrer son baromètre du capital risque en France pour le 1er semestre 2019 qui confirme la nette augmentation sur les montants investis dans les start-ups technologiques en France, une accélération dopée par les tours de table supérieurs à 50 M€, souligne Franck Sebag, associé EY, chargé du secteur Fast Growing Companies pour l’Europe de l’Ouest et le Maghreb. Par rapport au 2ème semestre 2018, les investissements réalisées dans la French Tech ont augmenté de 43%, soit au total 2,8 milliards d’euros réunis en 387 tours de table, ces derniers ayant augmenté de 16%. A titre de comparaison, le cabinet souligne que les fonds mobilisés sur les six premiers mois de l’année ont dépassé de 200 M€ ceux qui ont été investis sur l’ensemble de l’année 2017.
Malgré cette progression, la France reste bien loin des levées réalisées au Royaume-Uni où, après avoir marqué le pas fin 2018, les investissements ont repris de plus belle cette année en atteignant 5,3 Md€ (à comparer aux 2,8 Md€ affichés dans l’Hexagone), soit une progression de 76% par rapport au semestre précédent avec 16 licornes potentielles outre-Manche. L’Allemagne de son côté n’a enregistré qu’une faible augmentation de 4% qui s’accompagne d’une baisse de 20% sur le nombre de tours de table.
Enjeu : retourner une plus-value aux investisseurs
Dans l’Hexagone, sur le 1er semestre, les levées supérieures à 50 M€ ont représenté 37% du total investi dans les entreprises technologiques, contre 18% au précédent semestre. Parmi les montants records, EY rappelle la levée de la plateforme de retouche photo Meero à 205 M€, « soit la plus importante levée privée en France dans le secteur », souligne Franck Sebag qui rappelle aussi que les start-up n’ont pas été les seules à profiter de la manne sur le semestre. Des scale-up comme Ivalua et Doctolib ont respectivement réussi à lever 54 M€ et 150 M€ ce qui leur a permis de booster leur valorisation : près de 900 M€ pour le premier, plus d’un milliard d’euros pour le deuxième. Par secteurs d’activités, les services Internet ont levé sur le semestre 968 M€ en 101 opérations (outre les levées de Meero et Doctolib, la plateforme de bricolage Mano Mano a réuni 100 M€) et celui des logiciels 793 M€ en 103 opérations (avec en tête celle de Wynd à 72 M€). Le reste se répartit entre les sciences de la vie (308 M€ en 43 opérations), la cleantech (227 M€ en 28 opérations) et la fintech (209 M€ en 28 opérations).
Sur le 1er semestre 2019, la France a enregistré 4 opérations en Growth Equity, supérieures à 100 M€ contre 1 seule au 1er semestre 2018. (Source : EY)
D’ici la fin de l’année, la French Tech pourrait atteindre les 5 Md€ d’investissement, projette le cabinet EY tout en soulignant que le principal enjeu du secteur « n’est plus uniquement lié à sa capacité à drainer des investissements (…) mais à sa capacité de « pouvoir retourner ces investissements avec une plus-value auprès des fonds d’investissement ». Par rapport aux IPO et aux rachats intervenus dans d’autres pays (comme l’introduction en bourse de Datadog, par exemple, que Cisco avait proposé de racheter), les opérations de sortie sont plus difficiles en France. Ey l’explique par un marché boursier peu actif, « de grands corporate français quasi absent du marché » et aussi et surtout un nombre de sociétés encore trop faible pour affronter les rivaux.
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