A priori, ce n'est qu'une question de vocabulaire. L'expression « off-shore » désigne ainsi la délocalisation des services informatiques vers des pays lointains, tels que l'Inde ou la Chine. Présenté comme une menace depuis deux décennies, cet « off-shore » a été médiatisé au-delà de son poids réel dans la filière informatique hexagonale, que ce soit au niveau des entreprises utilisatrices ou des grands prestataires. La formule ne pèse toujours qu'environ 5% de l'activité. Pourquoi pas davantage ? Principalement parce l'expérience des précurseurs a démontré que les économies évidentes en termes de masse salariale sont contrebalancés par d'importants surcoûts dus au contrôle de la qualité, au management, aux décalages horaires, etc.
Ces difficultés ont fait le lit dans les années 2000 de ce que l'on a baptisé le « near-shore ». Dans le cas des entreprises françaises, l'appellation recouvre des délocalisations plus proches, essentiellement vers l'Afrique du nord ou les pays de l'Europe de l'est. Lui aussi présenté comme une vague déferlante en devenir, le « near-shore » a présenté d'autres inconvénients, principalement liés à la qualité aléatoire des réseaux de télécommunication et d'électricité. Dans les deux cas, il apparaît que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Délocalisation franco-française ?
Et si la forme de délocalisation la plus efficace consistait tout simplement à implanter en province ce qui existe en Ile-de-France ? Tel quel, le propos peut paraître provocateur, mais la dernière étude du cabinet Pierre Audouin Consultants (PAC) sur l'activité IT en province montre que l'idée n'est pas si saugrenue que cela.
En effet, malgré les efforts annoncés ou réellement déployés au cours de ces dernières années, la région-capitale accapare à elle seule 74% du business de la filière. Les six grands territoires considérés par PAC (nord, est, ouest, sud-ouest, région lyonnaise et arc méditerranéen) en sont donc toujours réduits à se partager les miettes.
Dans sa dernière étude sur les régions (la précédente date de 2008), PAC fait apparaître trois groupes de deux régions : les vainqueurs (l'ouest et Lyon), les perdants (le nord et l'est) et les « moyens » (le sud-ouest et le sud-est). Mais au-delà de cette compétition, l'étude montre que la tendance vers une délocalisation vers la province (d'où l'expression « province-shore ») est autant motivée par des impératifs de réduction de coûts que par la saturation du potentiel francilien. « Si l'Ile-de-France semble surreprésentée au niveau des chiffres, c'est principalement parce que les prestations de conseils sont facturées aux sièges sociaux, quasiment tous implantés à Paris, même si la prestation concerne la province. La situation évolue notamment dans le domaine des datacenters, dans la mesure où les régions françaises bénéficient à la fois d'un réseau électrique et télécoms de bonne qualité et d'un potentiel immobilier énorme », conclut MatThias Accadia, responsable de cette étude chez PAC.
Off-shore : Après l'Inde, direction les provinces françaises
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Le cabinet Pierre Audouin Consultants vient de publier une étude sur l'activité de la filière IT dans les régions françaises. Il en ressort notamment que la province ne représente que 26% du chiffre d'affaires national dans ce secteur, mais que les régions deviennent une alternative crédible aux délocalisations lointaines.
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