Tous les jours, 10 000 nouveaux utilisateurs s'enregistrent sur le référentiel de projets Open Source en ligne GitHub, lequel compte déjà 2,8 millions de membres. Et chaque jour, ces utilisateurs ajoutent 25 000 nouveaux référentiels à une base qui en compte 4,6 millions. Fondé en 2008, le site a connu en 2012 une croissance de 133% en nombre d'utilisateurs et une augmentation de 171% pour les référentiels.

Selon certains, cette croissance fulgurante de Github montre la vitalité actuelle de l'Open Source dans le secteur des technologies. Autrefois considéré comme l'apanage de projets spécifiques, l'Open Source d'aujourd'hui n'est pas non plus qu'une affaire d'argent pour certaines entreprises florissantes - Red Hat est la première dans ce secteur à afficher un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars - mais il a gagné en crédibilité auprès des entreprises, entraînant un changement d'attitude, à la fois des développeurs et des grands acteurs.

GitHub a donné plus d'amplitude à cet engouement, en mettant une dose de réseau social dans l'écriture de code. « Mieux vaut travailler ensemble que seul », peut-on lire sur le blog de GitHub, qui affiche en même temps un bilan de l'année (https://github.com/blog/1359-the-octoverse-in-2012). « Si vous développez des logiciels sur GitHub, vous permettez à 2,8 millions d'utilisateurs de vous aider ».

Un deuxième âge d'or

Alan Shimel, cofondateur et directeur associé du CISO Group et blogueur pour Network World (http://www.networkworld.com/community/blog/11778), considère que l'Open Source vit actuellement un « second âge d'or ». Dans les années 1990, Linux, MySQL et d'autres technologies ont fait apparaître l'Open Source sur le radar des entreprises. Aujourd'hui, ces projets fusent de toute part - d'Android à OpenStack, Hadoop, MongoBD et d'autres. « La quantité de gros projets Open Source en cours de développement est considérable », souligne Alan Shimel. Mais, au-delà de cette montée en puissance, c'est l'acceptation acquise au sein de l'entreprise qui fait la différence. « Il n'y a plus d'opposition contre l'Open Source », constate le directeur associé du CISO Group. C'est avec la bénédiction des enterprises que ces projets entrent par la grande porte et non plus par la porte de service ».

Selon Floyd Strimling, vice-président de communauté chez Zenoss, le plus grand changement dans le domaine de l'Open Source, vient peut-être de ce que « les grandes entreprises permettent aujourd'hui à leurs salariés de contribuer à ces projets ». C'est « énorme », selon lui. Si l'on prend OpenStack, par exemple, les plus importantes entreprises de haute technologie, depuis Rackspace à HP en passant par Dell, toutes ont choisi l'Open Source comme modèle de développement commercial. « Pour ces entreprises », explique Floyd Strimling, « l'idée est d'adopter des projets Open Source, comme OpenStack, et d'innover à partir de là. On peut dire grosso modo que 80 % de cette base est identique et que les 20 % de différence correspondent à la valeur ajoutée apportée par chaque entreprise ».

OpenStack et Hadoop, encore du chemin à parcourir

Cela pourrait donner lieu à des évolutions intéressantes. Que se passerait-il par exemple, si Rackspace rencontrait un franc succès avec OpenStack, mais pas HP ? Est-ce que HP continuerait à soutenir et à contribuer à un projet qui bénéficie à Rackspace ? « Que se passe-t-il quand quelqu'un d'autre commence à gagner beaucoup d'argent ? », demande Floyd Strimling, sans être non plus trop inquiet à ce sujet. S'ils sont bons, les projets Open Source survivent aux entreprises qui les soutiennent. Red Hat, malgré son milliard de dollars de chiffre d'affaires, n'est pas plus grand que Linux.

Selon Alan Shimel, malgré toute l'attention que reçoivent OpenStack et Hadoop, ces projets ont encore un long chemin à parcourir. « Les attentes qu'ils suscitent sont fortes, mais ils doivent encore faire leurs preuves », dit-il. Reste que, pour qu'un projet ait un avenir, il vaut mieux qu'il gagne le support d'entreprises connues comme Rackspace, Red Hat, HP, Dell, IBM, Cisco et VMware, comme l'a fait OpenStack. « Il y a beaucoup d'argent investi dans ces projets ».