Dans le courant de l’année, le Nasdaq va instaurer l’enregistrement des votes électroniques des actionnaires sur son propre système de « chaine de blocs » pour les sociétés cotées sur une de ses places boursières. Selon le Nasdaq, la numérisation de l'ensemble du processus devrait accélérer et simplifier le processus de vote par procuration.
Les blockchains, dont le plus connu est le système de transactions sur lequel est basée la monnaie virtuelle Bitcoin - sont des enregistrements d'événements distribués, où chaque bloc de l’événement enregistré contient le « hash » de calcul de ce bloc et du bloc précédent, si bien que tous les blocs sont connectés comme les maillons d'une chaîne. Également appelé « synthèse de message », le hachage est une représentation numérique en raccourci d'un plus grand bloc de données. Les fonctions de hachage sont telles que le calcul (ou la vérification) de la valeur de hachage d'un bloc de données demande peu de puissance de calcul.
Un système en théorie infalsifiable
Par contre, créer des données à partir d’une table de hachage particulière peu demander beaucoup ressources. Ainsi, pour ajouter un nouveau bloc à une chaîne de blocs existante, il faudrait modifier à plusieurs reprises la valeur de hachage contenue dans le bloc, et calculer la fonction de hachage jusqu'à ce qu'une correspondance soit trouvée. Pour annuler, modifier ou trafiquer une transaction passée enregistrée dans la chaine de blocs, il faudrait reproduire ce processus de validation sur tous les blocs suivants, avant l’ajout d’une nouvelle transaction légitime en bout de chaîne. Si bien que le système est théoriquement infalsifiable.
Le Nasdaq utilise déjà son propre système de blockchain Linq pour stocker et garantir l'authenticité des documents. En décembre dernier, la bourse l’a utilisé pour enregistrer l'émission d'actions de Chain.com au profit d’un investisseur privé. Et il prévoit de mettre en place un service de vote électronique basé sur blockchain pour les actionnaires d’entreprises cotées sur le Nasdaq de Talin, en Estonie, propriété de la bourse technologique new-yorkaise.
Une carte de e-résident exploitable pour l'authentifcation
L'Estonie est le lieu idéal pour lancer le processus parce que le pays dispose d'un système d'identité numérique nationale ouvert aux non-résidents et aux citoyens d'autres pays. Le système, appelé e-Residency, est utilisé pour authentifier l'accès aux services gouvernementaux en ligne, et le Nasdaq voudrait l’utiliser pour authentifier les actionnaires qui votent par voie électronique. « En combinant e-Residency avec notre technologie blockchain, nous pourrons enregistrer les votes des actionnaires rapidement et en toute sécurité », a déclaré le Nasdaq.
Concernant Bitcoin en tout cas (je n'ai pas compris si le Nasdaq allait reproduire le modèle), l'infalsifiabilité du système repose sur le coût de la signature, appelé "preuve de travail". Il y a de nombreux signataires des transactions (ils sont attirés par la rémunération en bitcoins), chaque transaction est coûteuse à signer (en ressources machine): le pari est qu'aucun signataire (ou groupe de signataires) n'est assez puissant pour représenter systématiquement plus de la moitié de la puissance de calcul nécessaire. Or ce déséquilibre serait nécessaire pour falsifier une transaction, c'est-à-dire être systématiquement le plus rapide à calculer la preuve de travail.
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