Le 5 avril dernier, le directeur général des collectivités locales (ministère de l'Intérieur) et le directeur des archives de France (ministère de la Culture) adressaient une note commune aux préfets de région et de département. Il était ni plus ni moins question de cloud souverain. La note rendant obligatoire pour les collectivités territoriales françaises l'hébergement en France de leurs archives. Or, la note spécifie que juridiquement une archive comprend tous les « documents bureautiques issus d'un logiciel de traitement de texte, le contenu d'une base de données ou encore les courriels transmis ou reçus » (*). En clair : la messagerie, les données stockées et échangées, les applications métier, les sites web.
Cette note a suscité beaucoup d'interrogations, de rapprochements avec les malheureux exemples de CloudWatt et de Numergy. Le directeur général d'un hébergeur nantais, Christophe Lejeune d'Alfa Safety formule plusieurs objections. Pour lui, cette obligation est impossible à respecter. « Prenons l'exemple très simple de la messagerie en ligne, Microsoft avec Office365 détient près de 85% du marché, Google et ses Apps 15%. Quelques acteurs se partagent les miettes, aucun n'a la taille suffisante pour proposer une alternative française. Et on imagine mal les collectivités territoriales se couper du monde Microsoft, ce qui entraînerait des coûts et des difficultés de migration et de formation. »
Raisonner à l'échelle européenne
Deuxième objection, la sécurité. « Il faut être conscient que l'hébergement sur le sol français n'est pas une garantie de sécurité ». Les services SaaS proposés par les grands hébergeurs mondiaux sont nettement mieux sécurisés que les hébergeurs dédiés de proximité, selon Christophe Lejeune. Il estime enfin qu'un acteur français protégé n'a aucune chance dans le monde actuel, il faut raisonner à l'échelle européenne. « Nous sommes dans un métier de travail à distance, la conception des sites des collectivités doit se faire avec des acteurs de proximité qui connaissent les collectivités, c'est compréhensible, mais l'hébergement c'est différent. Un site de collectivité ce n'est pas quand même du secret-défense. »
D'une manière générale, Christophe Lejeune se demande si on ne veut pas règlementer comme il y a quarante ans. Par principe et sans tenir compte d'Internet et du cloud. L'agrément pour devenir hébergeur de santé a laissé des traces. « Devenir hébergeur de santé demande plus de compétences de juriste que d'informaticien, les délais d'homologation vont jusqu'à 3 ans, les normes évoluant entre les premiers homologués et les derniers, les exigences de sécurité entraînent des coûts colossaux ». Les établissements qui hébergent eux-mêmes n'ont en revanche aucune contrainte alors que le risque est le même.
La note semble détachée des réalités de l'hébergement et donc difficilement applicable et même compréhensible. Soumises à des contraintes budgétaires fortes et à des obligations de mutualisation ou même de fusion, les collectivités territoriales s'intéressent pourtant de près aux solutions de cloud computing et ont besoin de clarification.
(*) La note introduit même une autre notion, celle de « trésor national », expliquant que « toutes les archives publiques sont par ailleurs des trésors nationaux en raison de l'intérêt historique qu'elles présentent ou sont susceptibles de présenter. Les données numériques des collectivités relèvent donc du régime des trésors nationaux dès leur création. Or, la qualité de trésor national impose un régime de circulation contraignant. Un trésor national ne peut pas sortir du territoire douanier français, sinon à titre temporaire et après autorisation du ministère de la Culture et aux seuls fins de restauration d'expertise, de participation à une manifestation culturelle ou de dépôt dans une collection publique. Tous les autres traitements doivent intervenir sur le territoire national ». En clair, les données numériques sont comme la Joconde !
Bonjour,
Signaler un abusCet article est très similaire à celui du 19/07 auquel j'avais réagi, de manière rapide et maladroite, surpris par les nombreuses approximations et ce discours dénigrant le savoir-faire français.
Les première offre de BAL sont à moins de 1€/mois... en cloud français. Pour ceux que cela intéresse, nos chères Collectivités Territoriales savent offrir des services novateurs sans casser la tirelire de leurs concitoyens et accompagner par des sociétés françaises. J'en connais plus d'une...
Sachez prendre Conseil pour être ancré dans la réalité, la vraie !
Bonjour, je ne sais pas d'où Monsieur Lejeune tient ces informations mais une étude Gartner à l'échelle mondiale portant sur plus de 40 000 organisations attribuait début 2016 8% de part de Marché à Office 365 et 5% à Gapps. Et c'est oublier toutes les entreprises clientes d' OBS, de Completel ou des hébergeurs/acteurs de proximité tels qu' Oceanet Technology. Je ne vois pas donc comment Microsoft aurait pu atteindre ce niveau de part de marché et ce malgré les méthodes anti concurrentielles (service Offert) qu'il pratique parfois ! Nous assistons même comme c'est le cas pour Gapps aux US à des clients qui font machine arrière pour bénéficier de support et de services de la part d'acteurs locaux. D'ailleurs la France ne fait que suivre une stratégie adoptée par de nombreux pays : les USA en premier, la Suisse, l' Allemagne, l' Espagne et l' Italie qui imposent de plus en plus un hébergement national et Microsoft en est bien conscient en installant son premier Datacenter en Allemagne. Enfin, autre erreur cher Visiteur9158, croire que ces services sont économiques. C'est céder aux sirènes du marketing US. N'importe quel éditeur /hébergeur français est capable de vous proposer une offre sérieuse à 4€/mois par compte comparé aux 6,7€ voire plus de 20€ pour les plans Entreprise de Microsoft. Et de plus une société française rapportera de la TVA et des impôts donc elle créera doublement de la valeur et des emplois. De toute façon Monsieur Trump ne voulant plus de nous, profitons en pour travailler ensemble !
Signaler un abusMerci pour cet article qui parmi d’autres permet de remettre le début dans une réalité. La note publiée par les archives, qui n’est qu’une note d’ailleurs, est tout simplement ridicule. Pourquoi d’ailleurs a-t-elle été rédigée ? Qui est derrière cette note ?. La France pense pouvoir faire de meilleures offres que Microsoft, Google ou autre qui n'ont pas de Datacenter en France ? impossible. L'Europe est aussi oubliée, y compris juridiquement... Mettre les collectivités sur un cloud souverain est ridicule, c’est du Cloud hybride dont ils ont besoin afin de positionner leurs données et applications au choix sur du Cloud On-premise, privé ou public. Comment répondre aux besoins d’innovation du citoyen et de service public avec de tels propos ? C’est tout simplement synonyme d'un service au citoyen très mauvais sans aucune innovation, et de plus quatre fois plus cher au minimum... NOUS allons payer avec nos impôts la facture c’est bien cela ! Cette note est complètement déconnectée de la réalité et reflète bien le retard du secteur public dans l’innovation et le Cloud. Les collectivités doivent fusionner leurs SI c’est certain, mais par pour aller vers n’importe quoi. Cette note commence à être très critiquée et ralentie encore la transformation numérique au sein du secteur public. BRAVO au service des archives pour cette note complétement déconnectée des enjeux du service public, qui va couter très cher au citoyen sans lui offrir quoi que ce soit.
Signaler un abusMême réflexion que visiteur 9145.
Signaler un abusJe pensais même que c'était déjà en place. Après le financement des collectivités par des banques non national, maintenant nos chers élus déposent nos informations personnels sur des serveurs un peu partout dans le monde ? WAF
Avec le nombre de fonctionnaire et d'administration qu'il y a en France, ne pourrait-on pas avoir un super cloud national qui héberge les différents serveurs mail et bureautique ?
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