L'an dernier, 26 000 personnes sont mortes sur les routes européennes, en hausse de 1 % par rapport à l'année précédente. « Les derniers chiffres sont décevants. Pour la deuxième année consécutive, nous n’avons pas réussi à réduire le nombre de victimes sur nos routes », a déclaré Violeta Bulc, la Commissaire européenne aux Transports, en commentant jeudi, à Bruxelles, les dernières statistiques sur les accidents de la circulation dans l'UE. Cependant, malgré ces chiffres, les routes de l'UE restent parmi les plus sûres du monde, puisque le nombre d’accidents de la route a baissé de 17 % depuis 2010, et il avait été réduit de 43 % au cours de la précédente décennie.
Mais, là où les statisticiens pourraient simplement voir un retour à la moyenne (une baisse exceptionnelle, suivie par une hausse tout aussi exceptionnelle), la Commissaire européenne aux Transports y voit un appel à l'action. « Nous n’avons pas seulement besoin de nous améliorer : nous avons aussi besoin de faire de sérieux efforts », a-t-elle déclaré. Violeta Bulc craint que la Commission européenne n’atteigne par l’objectif qu’elle s’était fixé en 2010 : réduire de moitié la mortalité routière dans l'UE d'ici à 2020. Pour inverser la tendance, celle-ci propose une stratégie en trois volets : une meilleure application de la loi, en particulier en ce qui concerne les limitations de vitesse ; l'échange de connaissances et d’expériences entre les États membres ; le déploiement des technologies émergentes, en particulier les véhicules connectés ou à conduite autonome.
Réduire les erreurs humaines
Selon la Commissaire, l'échange de connaissances est nécessaire pour réduire les disparités entre les États membres : le Danemark, la Grèce, l'Espagne et le Portugal ont réussi à faire baisser de plus de 30 % le nombre de morts sur leurs routes depuis 2010, se situant très au-dessus de la moyenne des 17 % au niveau de l’UE. Mais, si ces résultats placent le Danemark et l’Espagne au même niveau que la Suède, à 27 décès sur la route par million d'habitants, il y a cependant plus d’efforts à faire en Grèce et au Portugal, où ce ratio est plus que doublé. Certes, les bonnes paroles ne coûtent rien, alors que la technologie coûte cher. Mais Violeta Bulc estime le coût social de la mortalité routière et des blessés graves à plus de 100 milliards d’euros par an dans l’UE, si bien que le retour sur investissement potentiel est considérable.
Volvo, comme beaucoup de constructeurs, teste ses voitures autonomes aux Etats-Unis.
La Commissaire aux Transports espère que la technologie permettra de rendre les véhicules plus sûrs, grâce à des systèmes de contrôles et d’alerte qui peuvent éviter des erreurs de conduite ou maintenir la vigilance du conducteur. L'UE exige déjà que les nouveaux véhicules soient équipés du système eCall qui prévient directement les services d'urgence en cas d’accident. « Nous espérons que ce système d’alerte contribuera à la sécurité routière », a déclaré Violeta Bulc. Celle-ci estime également que ce programme pourrait être étendu. « Nous testons de nouvelles technologies qui pourraient éventuellement être intégrées à de futures solutions ». Mais, Violeta Bulc se dit moins préoccupée par la technologie que par les conducteurs eux-mêmes. « La défaillance humaine est toujours et encore au cœur du problème. Nous cherchons des solutions qui permettront de contrer ce facteur », a-t-elle ajouté. « En l’occurrence, j’attends beaucoup des véhicules connectés et de la conduite autonome ». L'UE finance la recherche sur les véhicules autonomes et connectés avec notamment le projet Sartre. C’est le cas par exemple des systèmes d’alerte connectés qui servent à prévenir différents véhicules en cas de freinage ou quand ils détectent des dangers en aval de la route.
Les infrastructures se dégradent
Mais, si l'UE est prête à investir dans la sécurité routière, elle devra aussi consacrer une partie de cet argent à l'amélioration des infrastructures de base. « Nous dépensons de moins en moins d'argent pour les infrastructures routières. Les routes ne sont pas entretenues, la signalisation n’est pas aux normes », a déclaré la Commissaire aux Transports. Et ce problème ne concerne pas seulement le conducteur lambda. Lex Kerssemakers, le CEO de Volvo Amérique du Nord, en a fait l’expérience, jeudi dernier : un prototype de véhicules autonomes du constructeur suédois a refusé d’assurer le guidage de la voiture parce qu'il ne pouvait pas détecter le marquage au sol sur le parcours routier choisi autour du Los Angeles Auto Show.
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