Les détracteurs du projet OLPC - One laptop per child, un portable pour chaque enfant - ne manquent pas de rappeler que l'objectif de l'initiative consistant à mettre dans les mains de millions d'enfants de pays émergents des ordinateurs à 100 $ n'a pas encore été atteint. Il s'agit toutefois là d'une vision qu'on peut juger étriquée, si l'on prend en considération l'impact que le projet a déjà sur l'industrie informatique. Le XO - le nom du portable développé par l'ONG OLPC - et le rêve du PC à 100 $ qu'il véhicule, ont contribué à inciter les entreprises à produire moins cher tout en mettant en évidence le problème du manque de ressources informatiques dans les pays émergents. Le XO a également inspiré un nouveau genre de PC portables à bas prix, un créneau qui compte désormais deux acteurs supplémentaires avec l'Eee d'Asus et le Classmate d'Intel. Les protagonistes actuels devraient être rejoints par d'autres, selon IDC. Chez les constructeurs et les éditeurs, l'élan se ressent ainsi avec Intel préparant une plateforme dédiée aux PC à bas prix ou Microsoft proposant un ensemble logiciel pour 3 $ à destination des pays pauvres. « Il existe un grand potentiel, tout le monde lorgne ce marché », indique Richard Shim, analyste chez IDC. Plusieurs tendances issues des portables économiques se dessinent, poursuit-il. Les prix diminuent et les constructeurs préparent des modèles dont l'apparence s'inspire des PC peu dispendieux. L'Eee, par exemple, est extrêmement léger (moins d'1 kg) et embarque un petit écran (7 pouces). Certes, les prix des PC portables avaient commencé à diminuer avant le lancement du XO. La prolifération des dalles LCD dans les écrans pour PC de bureau et d'autres types de matériels a contribué à abaisser le coût de ce type d'affichage. Les iPod et l'ensemble des baladeurs numériques ont, de leur côté, permis aux prix des disques durs et mémoires flash, de décroître également. Conjugués, ces deux facteurs ont profité à l'ensemble des produits informatiques. Mais le défi lancé par Nicholas Negroponte, le patron d'OLPC, de construire un PC à 100 $, a mis en évidence la nécessité d'une informatique radicalement moins chère, dépassant les baisses de coûts induites par les seules économies d'échelle. Une tendance qu'on peut constater dans le domaine des processeurs : les fondeurs se concurrencent désormais également sur le terrain des puces destinées aux machines les moins chères, ce qui les conduit à améliorer leurs procédés de fabrication et à faire fondre leurs prix, ainsi que le montre une étude iSuppli. Une constatation d'autant plus importante que le processeur est, avec l'écran, le composant le plus onéreux d'un ordinateur. Reste que, selon plusieurs analystes, les consommateurs devraient rester prudents et ne pas se précipiter pour acquérir une machine à bas prix : en informatique, on en a souvent pour son argent. « De nombreux compromis sont nécessaires pour atteindre ces coûts », explique ainsi Rob Enderle, du cabinet Enderle Group. Avant de poursuivre : « Trop de compromis fait perdre toute utilité » à la machine. Selon lui, les XO et autres Eee sont certes disponibles à moins de 250 $, mais des PC d'autres constructeurs offrent des performances largement supérieures pour à peine 500 $.
L'OLPC esquisse l'ère de l'informatique bon marché
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