Oracle a déclaré aujourd’hui qu’il pourrait profiter de la sortie de la version 8 de Java EE (Enterprise Edition) pour reconsidérer les modalités de développement de la plate-forme dont il a la responsabilité. Même si le développement est réalisé avec la participation de la communauté open source, le processus piloté par Oracle n'est pas suffisamment agile, flexible et ouvert. « Nous pensons que le transfert des technologies Java EE à une fondation open source est la meilleure solution pour rendre les processus de développement plus agiles, assouplir les licences et faire évoluer la gouvernance », expose David Delabassee, évangéliste logiciel chez Oracle, sur le blog The Aquarium.

Dans le passé, James Gosling, considéré comme le père de Java, avait exhorté Oracle à libérer Java. Il avait même fait imprimer des T-shirts portant le slogan. Aujourd’hui, l’éditeur américain semble vouloir répondre à sa demande en transférant la responsabilité du développement de Java EE à la communauté open source, aux titulaires de licence et à des fondations. Même si Oracle n'a pas désigné les éventuels candidats, la Fondation Apache Software et la Fondation Eclipse sont probablement les mieux placées pour jouer ce rôle. Oracle a déjà fait don de la suite de productivité OpenOffice et de l'IDE NetBeans à Apache et du serveur d'intégration Hudson à Eclipse. Comme Java, les trois technologies - OpenOffice, NetBeans et Hudson - ont été acquises par Oracle avec le rachat de Sun Microsystems en 2010.

La fondation Eclipse prête à reprendre Java EE

Eclipse se dit prêt à reprendre Java EE, s'il est choisi. « Nous pensons que le transfert de Java EE à une fondation open source indépendante serait très profitable à la plate-forme et à la communauté », a déclaré Mike Milinkovich, directeur exécutif d'Eclipse. « Si on le lui demande, la Fondation Eclipse serait heureuse d’accueillir la plateforme ». L’an dernier, la communauté Java EE n’avait pas ménagé ses critiques pour pointer le désintérêt d’Oracle pour Java EE. À l’époque, plusieurs groupes avaient même proposé de prendre en charge son développement. Pour répondre à ces attaques, Oracle a proposé de livrer un Java EE plus adapté aux déploiements cloud et de microservices. Une version Java EE 8 attendue avant la fin de l’été servira d’implémentation de référence et une version Java EE 9 est déjà programmée pour l'année prochaine.

Red Hat, qui a mené l’un des premiers groupes dissidents, MicroProfile, se réjouit de cette annonce. « Red Hat est impatient de travailler avec Oracle et la communauté Java EE pour faire converger cette initiative avec l'initiative MicroProfile existante », a ainsi déclaré Rich Sharples, directeur senior de la gestion des produits chez Red Hat. Cependant, même si Oracle souhaite passer la main et abandonner son leadership sur Java EE, l’éditeur a déclaré qu'il envisageait de continuer à participer à l'évolution des technologies Java EE. « Nous pensons qu'un processus plus ouvert, qui ne repose pas sur le leadership d'un seul fournisseur, encouragera la participation, l’innovation et profitera à toute la communauté ».

Oracle assure qu'il respectera ses engagements

Oracle a précisé qu’il respecterait ses engagements envers toutes les parties concernées, aussi bien les développeurs, les utilisateurs, les contributeurs, les partenaires que les licenciés. L’entreprise créée par Larry Ellison continuera à assurer le support des implémentations Java EE existantes et des futures implémentations Java EE 8. L’éditeur a encore déclaré que l'autre variante Java, Java SE (Standard Edition), avait déjà adopté un modèle open source via OpenJDK. Cependant, Oracle a gardé la responsabilité de Java SE, même si des entreprises comme IBM et Red Hat ont participé à son développement. Dans le cas de Java EE, Oracle souhaite se décharger complètement de la plateforme. Il est possible de commenter ou de réagir à la proposition d'Oracle sur feedback@javaee.groups.io.