Il y a quelques mois, IBM a annoncé avec la Fondation Linux et plusieurs acteurs de la finance son intention de s’impliquer fortement sur la technologie Blockchain. Il propose d’ores et déjà un service cloud, hébergé sur son PaaS Bluemix, pour permettre aux développeurs de constituer des réseaux blockchain afin d’y tester des applications. Annoncé hier, le service fournit des outils DevOps pour créer, déployer et superviser des applications blockchain dans le cloud. La technologie initialement exploitée pour la devise virtuelle bitcoin permet d’enregistrer des transactions de façon distribuée, chaque événement étant divisé en une série de blocs constituant les maillons d’une chaîne. Cela rend l’ensemble infalsifiable puisque tout changement nécessiterait des modifications sur les blocs suivants. Cette chaîne de blocs est souvent désignée sous l’appellation ledger (utilisée par les Anglo-saxons pour désigner le grand livre comptable, servant donc au départ à consigner les transactions bitcoin), d’où le nom du projet Hyperledger piloté par la Fondation Linux dans lequel IBM s’est engagé. La firme a déjà versé près de 44 000 lignes de code dans le projet qui veut aider les développeurs à créer aisément de grands livres distribués sûrs pouvant être utilisé pour toutes sortes d’échanges.
En utilisant un service cloud comme celui d’IBM, « en 12 secondes, un développeur pourrait disposer de sa propre sandbox blockchain », selon Jerry Cuomo, vice-président responsable de la technologie au sein de Big blue. « Environ une minute plus tard, il pourrait faire tourner son premier échantillon d’application ». Le PaaS Bluemix fournit aussi des capacités d’intégration avec d’autres technologies pour, par exemple construire une interface mobile ou une API. IBM pense que les entreprises vont exploiter la technologie blockchain de différentes façons, ce qui augmentera la demande pour d’autres outils de test ou de déploiement d’applications.
« Une source unique de vérité partagée »
Associée à l’Internet des objets, une application blockchain pourrait être utilisée par les transporteurs pour récupérer des informations sur les produits en cours de livraison. En dehors du suivi de colis, elle pourrait également suivre l’état de leur contenu et établir à quel moment ils ont, le cas échéant, été endommagés, poursuit Jerry Cuomo en citant l’exemple d’un container réfrigéré équipé de capteurs RFID. « On pourrait savoir où il se trouve, connaître sa température et déterminer si le contenu a été altéré ». La plateforme Watson IoT permettra d’utiliser la technologie avec des capteurs RFID, des scanneurs de codes à barres et d’autres équipements. Un autre cas d’usage pourrait être développé, dans le secteur de l’assurance automobile, alors que l’on voit arriver les voitures autonomes qui se garent seules. En cas d’accident, un grand livre blockchain pourrait aider les compagnies à établir si le conducteur était aux commandes ou si le véhicule fonctionnait de façon autonome, décrit Jerry Cuomo. Celui-ci constituerait alors « une source unique de vérité partagée » que la compagnie d’assurance pourrait utiliser pour établir les responsabilités. En dehors de l’annonce de ce service cloud, IBM a ajouté qu’il allait ouvrir des bureaux (désignés sous le nom de « garages ») à Londres, New York, Singapour et Tokyo où les développeurs pourront travailler avec des experts IBM de Blockchain sur des applications métiers, notamment dans le secteur de la banque/finance. La première conférence consacrée à ces sujets s'est tenue la semaine dernière à San Francisco.
IBM évalue le potentiel de son code avec Japan Exchange Group
Parallèlement, le fournisseur américain a également indiqué hier qu’il allait tester le potentiel de la technologie sur les marchés financiers avec la place boursière Japan Exchange Group (JPX). Il pense que les établissements négociant les titres pourraient en tirer profit pour réduire de façon significative les coûts, la complexité et la mise en place des processus. Big blue va travailler avec JPX pour évaluer de quelle façon exploiter le code blockchain qu’il a versé dans le projet Hyperledger de la Fondation Linux sur les marchés à faible liquidité. Les limitations techniques de la technologie vont notamment être examinées. Les tests de vérification vont utiliser un framework basé sur la fabric blockchain open source. Hier, on apprenait aussi que le Nasdaq allait utiliser la technologie dès cette année. La bourse new-yorkaise des valeurs technologiques va instaurer l’enregistrement des votes électroniques des actionnaires sur sa propre blockchain pour les sociétés cotées sur sa place afin d'accélérer et simplifier le processus de vote par procuration.
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