Selon un article de Bloomberg publié hier, citant des sources anonymes, Google devrait publiquement officialiser sa collaboration avec Qualcomm sur les serveurs ARM lors d'une réunion avec des investisseurs programmée la semaine prochaine. Toujours selon Bloomberg, si les puces répondent à certains objectifs de performance, le géant de l’Internet s’engagera à les utiliser. L’aval de Google témoignerait d’une forte confiance dans une technologie soutenue par ARM et par Qualcomm, même s’il est trop tôt pour estimer l’impact réel d’un tel engagement.

Par le passé, Google a déjà soutenu d’autres projets alternatifs à la puce x86, et il est difficile de savoir si ces soutiens ont fait avancer les choses. Il y a deux ans, le géant de la recherche avait fait beaucoup de bruit en annonçant qu’il soutenait le processeur Power d'IBM. La firme de Mountain View a même été membre fondateur de l'initiative OpenPower d'IBM, qui permet aux entreprises de concevoir et de construire des serveurs Power destinés, entre autres, aux datacenters dans le cloud comme ceux gérés par Google. Cette dernière avait également montré une carte serveur à base de puce Power, qu’il avait lui-même conçue. « Nous cherchons toujours à offrir la meilleure qualité de service à nos utilisateurs, et nous avons donc construit ce serveur pour porter notre pile logicielle sous Power », avait déclaré à l'époque un ingénieur de Google.

 

Prototype de carte pour serveur développé par Google autour d’un processeur Power8 d’IBM.

Mais depuis, peu de choses ont émergé de ce partenariat. Google n'a pas fait d’annonce sur l’usage éventuel de serveurs Power en production, et l’an dernier, il a vaguement déclaré que l’option des serveurs Power restait ouverte. Mais Google est très discret sur les technologies qu'il utilise, et il pourrait bien avoir l'intention d'utiliser des serveurs ARM et des serveurs Power. Cependant, ces engagements publics ne signifient pas grand-chose, et dans le cas de ARM, il est probable que Google lui-même ne sait pas avec certitude sur quoi ils déboucheront.

Le géant de la recherche a plusieurs raisons de manifester son soutien à des architectures non-x86. Google veut sans doute tester les puces serveurs de Qualcomm, tout comme il a testé celles d’IBM, pour voir si une architecture différente permettrait de réduire les coûts de fonctionnement de ses grosses infrastructures. Un événement public de soutien encourage le développement de l'écosystème dans son ensemble, y compris les outils et les logiciels, facteur tout aussi important si Google décide de mettre une nouvelle architecture en production.

Un moyen de faire pression sur Intel 

Mais, ces déclarations servent également à faire pression sur Intel notamment en terme de prix. Elles poussent aussi Intel à développer des puces plus économes en énergie, ce que fait le fondeur depuis que la menace ARM a émergé, il y a quelques années. Il y a eu beaucoup de discussions pour savoir si les puces « musclées », comme les puces Power, ou les puces « basse consommation », comme les puces ARM, étaient plus efficaces pour traiter les charges de travail dans le cloud. Cela dépend en partie des charges de travail. Mais il faut aussi prendre en compte le coût de portage des logiciels. En 2010, Urs Hölzle, responsable des datacenters de Google, avait publié un article sur le sujet intitulé « les puces Power ont encore battu les puces ARM ». Mais, l'architecture ARM a beaucoup évolué depuis.

Qualcomm a déclaré après AMD qu’il comptait vendre des puces serveurs ARM à partir du mois d’octobre. Le fondeur a montré une puce test de 24 cœurs tournant avec une pile logicielle Linux. Mais Qualcomm n’a toujours pas annoncé la date à laquelle elle commercialiserait un produit fini. La semaine dernière, Derek Aberle, président de Qualcomm, a déclaré à des investisseurs que les livraisons commenceraient « probablement dans un an ou deux ». Mais le fondeur n’envisage pas de production de masse avant « quelques années ». L’engagement de Google pourrait grandement augmenter ses chances. Cependant, il est difficile de savoir comment tout cela se terminera. Une seule chose est sûre : le secteur du processeur est beaucoup plus intéressant qu'il ne l'était il y a quelques années.