En direct de Lille. Toutes les forces vives de la lutte contre les crimes et délits numériques se sont données rendez-vous à Lille dans le cadre de la 9e édition du Forum International de la Cybercriminalité (FIC) qui se tient actuellement ces 24-25 janvier 2017. Avec près de 7 000 personnes attendues - dont plus de 900 visiteurs étrangers venus de plus de 50 pays -, cette édition marque l'entrée de la France dans l'âge de la maturité dans sa lutte contre des cybermenaces qui montent en puissance. « Plus que le volume du nombre d'attaques, c'est la complexité des menaces qui amène au renforcement de nos capacités en cyberdéfense », a lancé Bruno Le Roux, ministre de l'Intérieur, en ouverture du FIC mardi matin.
Parmi elles, on trouve en particulier la mise en service de 13 centres de police répartis sur le territoire spécialisées dans la preuve numérique et la mobilisation de « l'expertise technique de très haut niveau » du centre de lutte contre les cybercriminalités de la Gendarmerie Nationale (C3N) afin de lutter contre toutes les formes de traffic (voir notre précédent reportage). « Nous devons développer de nouveaux usages par le numérique en termes d'efficacité et de proximité sur les réseaux sociaux, je pense aux systèmes d'alertes aux attentats et de pré-plaintes en ligne », a expliqué Bruno Le Roux. « On va poursuivre la dématérialisation des démarches citoyennes avec un dispositif en ligne de signalement des escroqueries bancaires et Internet appellées Perceval et Thesee confiées à la Gendarmerie Nationale et à la Police Nationale. »
Une partie du destin de la France se joue dans le numérique
En outre, le ministre de l'Intérieur a annoncé la création d'une délégation ministérielle, confiée à Thierry Delville, permettant de placer la lutte contre la cybercriminalité, la cyberdéfense économique, la cybersécurité et la lutte contre les cybermenaces industrielles au coeur de la stratégie du ministère pour renforcer la protection des utilisateurs. « Une partie de notre destin se jour pour une large part dans le numérique, c'est le cas de notre sécurité collective contre les cybermenaces qui constitue une priorité absolue », a expliqué Bruno Le Roux.
Bruno Le Roux, ministre de l'Intérieur et le général Richard Lizurey lors du FIC de Lille mardi 24 janvier 2017. (crédit : Dominique Filippone)
Le général Richard Lizurey, directeur général de la Gendarmerie Nationale, s'est également exprimé lors du FIC 2017 et a partagé une préoccupation au plus haut niveau de l'Etat, liée à la collecte, au stockage, à la transmission et au traitement des données. « La valeur induite par ces données pose pour les forces de l'ordre des problèmes de sécurité et on commence à mesurer les contours de cette implication », a ainsi indiqué le général. Plus que jamais, la gendarmerie place également comme priorité numérique un accroissement de sa présence sur les réseaux sociaux, dont Facebook, Twitter et depuis peu de temps Instagram. Des outils qui doivent servir à alerter, signaler des personnes disparues ainsi que des moments forts. « Je l'ai souhaité stratégique avec une mission numérique au sein de notre direction générale. La situation est très semblable au brouillard de guerre, nous devrons veiller à ce que la mobilisation profite à chaque gendarme », explique l'officier. Parmi les autres axes de cybervigilance de la gendarmerie, on trouve également l'utilisation de la blockchain et la protection des identités. En 2016, 834 demandes de blocages de contenus ont été réalisés sur demande du ministère de l'Intérieur, ainsi que 1 929 demandes de déréférencement de contenus et 3 129 demandes de retraits adressés aux opérateurs Internet.
Le général Richard Lizurey, directeur général de la Gendarmerie Nationale à l'occasion de son allocution au FIC 2017. (crédit : Dominique Filippone)
Renforcer la cyberrésilience au niveau européen
« On ne peut pas laisser les actions de certains ébranler les fondements même de notre démocratie, la cybersécurité est au centre de nos actions politiques », a asséné Sir Julian King, commissaire à la sécurité à la commission européenne. « Nous avons multiplié les efforts pour mieux protéger les citoyens, renforcer notre cyberrésilience, mis en place un centre de réponses aux attaques informatique et renforcé la coopération entre les états membres. » Le centre européen de lutte contre la cybercriminalité d'Europol joue aussi un rôle central en ayant permis de déchiffrer 2 500 appareils contaminés par un ransomware et en ayant récemment mis à terre le réseau criminel Avalanche en saisissant 39 serveurs et arrêtant une vingtaine de personnes.
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