Le groupe du World Wide Web Consortium qui travaille sur le HTML a intégré dans sa dernière charte des directives visant à ajouter des systèmes de protection de contenu au langage de description de pages web HTML5. L'Electronic Frontier Foundation (EFF) et la Free Software Foundation (FSF) ont réagi avec colère à cette décision.
Pour ces groupes, l'ajout d'une spécification dite « Encrypted Media Extensions » (EME) revient à intégrer un puissant mécanisme de lecture de contenu protégé par les DRM (Digital Rights Management) dans la norme HTML5. Alors que la spécification EME est encore loin d'être acceptée officiellement, son introduction dans le dernier projet de charte du W3C renforce la probabilité de le voir figurer dans la version définitive. Le DRM, utilisé pour contrôler l'accès à des contenus multimédias en ligne, comme le streaming vidéo, est controversé, en particulier par les défenseurs du logiciel libre et Open Source.
Qui contrôlera au final le navigateur, l'utilisateur ou le diffuseur ?
Au début de l'année, la FSF avait alerté sur l'EME, expliquant que la norme entraverait de différentes manières l'expérience web des utilisateurs. « L'[EME] va à l'encontre du principe du W3C de maintenir le web libre de droits. Il va simplement permettre aux entreprises de médias d'exiger de façon détournée un logiciel de lecture propriétaire. Prétendre le contraire, uniquement parce que la proposition ne mentionne aucune technologie particulière ou ne désigne par les systèmes DRM par leur nom, c'est ignorer délibérément la question », a déclaré le groupe.
Mercredi dernier, l'EFF a repris ces éléments d'opposition à son compte pour commenter la nouvelle selon laquelle la spécification EME serait maintenue, en disant que le groupe était « profondément déçu » par la décision. « En approuvant cette idée, le W3C a cédé le contrôle de l' "agent d'utilisateur" (c'est le terme utilisé par le W3C pour désigner un navigateur Internet) à un tiers, en l'occurrence le diffuseur de contenu. Ce choix ne permet plus de savoir - même si cette garantie était peut-être tacite jusqu'à présent - qui détient le dernier mot sur votre expérience utilisateur sur le web, et de savoir en effet qui détient le contrôle ultime sur votre matériel informatique », a déclaré l'EFF. Le statut de première ébauche publique de la spécification courra jusqu'à juin 2015. La charte comporte également des dispositions pour un travail sur une double licence.
Des DRM bientôt intégrées au HTML5 pour bloquer les vidéos
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Le World Wide Web Consortium veut intégrer des DRM dans le HTML5 pour bloquer le streaming vidéo.
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Ce qu'internet ne faisait que promettre, le vieux rêve sécuritaire d'un gendarme derrière chaque citoyen, devient réalisable, est presque déjà fait.
Signaler un abusLe seul obstacle crédible étant le libre accès aux sources, il fallait un cheval de troie, ce sera le DRM.
Promis ce sera gratuit... c'est le même mot en novlangue !
d'accord aussi bien sûr; c'est acculer les tenants du libre à hacker (ds le bon sens du terme), c'est ajouter une autre frontière au web, une pression supplémentaire des lobbies... à chacun de savoir jusqu'où il accepte de se faire tondre...
Signaler un abusBien d'accord avec Kilimandjaro : on se demande bien quel est le but réel de la manœuvre sachant que les ventes de DVD ne se sont jamais aussi bien portées, et que le coût d'une place de cinéma est devenu prohibitif pour une grande majorité de la population.
Signaler un abusAlors que le HTML5 est en train de tuer cette merde de flash qui n'a que trop duré, on en remet une couche, en augmentant le nombre de vautours potentiels !
Signaler un abusN'attendez aucune interopérabilité de microsoft, apple ou google, tous ces braves gens n'ont qu'un seul et unique but : tenir ce chien de client en laisse courte, en dénigrant au passage les libristes et autres concurrents.
Voilà donc ce que le W3C nous prépare : un racisme culturel numérique de fait.