Suite à notre article d'hier annonçant sa disgrâce chez Renault, Jean-Pierre Corniou, le DSI du constructeur automobile, préfère ne pas commenter la rumeur. Même s'il ajoute : « voici 16 ans que je suis DSI (dont 6 chez Renault, ndlr), j'ai envie de consacrer plus de temps à la recherche et à l'innovation ». Un hobby que le très médiatique président du Cigref entretient déjà sur son blog (http://jeanpierrecorniou.typepad.com. Une façon de laisser entendre que son départ est déjà plus ou moins programmé. Selon nos informations, la DSI du constructeur serait de fait passée sous le contrôle de Jean-Louis Ricaud, DGA, qualité et ingénierie depuis le début janvier. Depuis plusieurs mois déjà, le départ de Jean-Pierre Corniou de la DSI de Renault alimente les conversations. Une séparation qui aurait deux causes, selon les observateurs : l'arrivée de Carlos Ghosn à la tête de Renault et les difficultés que rencontre le groupe avec son infogérance. La DSI de Renault n'obtiendrait pas les résultats attendus du contrat "par silos" de 586,5 M€ signé début 2005 pour 5 ans. Les trois sous-traitants retenus sont HP pour les postes de travail, CSC pour les infrastructures et Atos-Origin pour la partie applicative. Selon nos informations, confirmées par un article de nos confrères des Echos de ce matin, HP aurait connu de gros flottements. Flottements aujourd'hui résolus, selon les dires du constructeur. De son côté, Atos-Origin aurait sous-estimé l'importance du chantier de rationalisation du parc applicatif. Ce volet fait, selon les Echos, l'objet d'un plan de retour à la performance normale, qui doit trouver son aboutissement fin avril. Interrogé sur ces difficultés, Jean-Pierre Corniou rétorque : « on est dans la vie normale de ce type de contrats. L'infogérance, ce n'est pas ce qu'on croit : c'est très difficile. D'abord parce qu'on externalise bien que ce qu'on connaît. Or, au début du contrat, on ne sait pas très précisément ce qu'on attend du prestataire. » Les flottements résulteraient donc d'une incontournable phase de rodage, selon le président du Cigref. « Croire qu'avec l'infogérance, on va se débarasser d'un sujet - l'informatique -, c'est commettre une lourde erreur, reprend Jean-Pierre Corniou. Il faut que l'entreprise et ses prestataires s'apprivoisent, donc créent des liens. Et, après la négociation du contrat, ces liens n'existent pas encore. » Selon le DSI, les contrats signés en 2005 ne reposent pas uniquement sur un espoir de réduction des coûts informatiques, mais aussi sur des métriques de performances précises. Atos-Origin serait ainsi soumis à environ 1 000 jalons par an. Interrogé à la mi-mars sur le déroulement du contrat Renault, Bernard Bourigeaud, président du directoire d'Atos-Origin, avait expliqué au Monde Informatique que ses équipes ne rencontraient pas de « difficultés particulières ». Tout en reconnaissant : « c'est un contrat original. Et, comme dans tout contrat nouveau, il reste des éléments qui doivent se mettre en place. » Bref, tout va bien... mais ça pourrait aller mieux.