2017 s'annonce comme un bon cru pour le français BlueMind. L'éditeur de la solution de messagerie collaborative open source du même nom s'attend en effet à ce que son chiffre d'affaires dépasse pour la première fois le cap du million d'euros cette année. La progression de son activité s'établirait alors à environ 20% comparé à 2015. « Nos revenus étant récurrents à 70%, nous savons que notre projection est fiable. La seule chose qui pourrait nous amener à reporter des facturations seraient des difficultés à répondre à toute la demande en temps et en heure », indique Pierre Baudracco, le dirigeant de BlueMind. La réalisation de cet objectif serait en outre synonyme de retour d'une croissance forte pour l'entreprise. Entre 2012, date de lancement de sa solution de messagerie collaborative open source, et 2014, son activité a connu une hausse de 164%.
L'effet néfaste de la bataille contre Linagora s'estompe
Aussi belle fut elle, cette progression n'avait toutefois rien d'extraordinaire pour une jeune entreprise. Ce qui l'est plus, en revanche, c'est qu'après 2014 la croissance de l'activité de la société est tombée seulement +4% en 2015 et +8,5% à 835 200 € en 2016. L'an dernier, l'éditeur a pourtant signé de nouvelles belles références comme les Mutuelles de Poitiers, l'Université de La Rochelle ou encore les Communautés de Communes Coeur d'Ostrevent et de Loire Aubance. Aux dires de Pierre Baudracco, la raison de ce retournement de situation est à chercher du côté de l'affaire qui a opposé et oppose encore BlueMind à la SSL Linagora. Depuis 2012, cette dernière accusait l'éditeur de contrefaçon par la reprise frauduleuse de codes sources conçus par des tiers. La dispute a été exposée en place publique un peu avant le salon Solutions Linux de 2014 lorsque Linagora a mis en ligne un blog intitulé « La vérité sur BlueMind » particulièrement bien référencé, encore aujourd'hui, sur les moteurs de recherche. « La communication infondée de Linagora a refroidi certains clients potentiels, regrette Pierre Baudracco. En réaction à la calomnie médiatique et judiciaire de Linagora, nous les avons attaqués au pénal dans le cadre d'une procédure toujours en cours. »
Bien que la bataille entre les deux sociétés ne soit pas terminée, son impact sur les opérations commerciales de BlueMind semble donc s'être durablement essoufflé. Pour preuve, outre le fort regain d'activité sur lequel il table en 2017, l'éditeur s'attend aussi à une hausse de 30% de son chiffre d'affaires en 2018. D'autres facteurs contribuent à l'éclaircissement de l'horizon de la société comme son développement sur le marché africain. Cette année, BlueMind a signé avec l'Agence Nationale de Promotion des TIC du Burkina Faso qui gère l'informatisation des organismes publics du pays. A terme, le projet pourrait porter à 150 000 (35 000 vont être prochainement activés) le nombre d'utilisateurs supplémentaires de sa solution de messagerie. L'éditeur travaille à la conclusion d'accords similaires ailleurs en Afrique francophone.
Une alternative à Exchange
Autre levier important de la croissance de BlueMind, l'évolution de son offre devrait prendre un tournant majeur dans le courant 2018. L'an prochain, l'éditeur prévoit de mettre sur le marché une nouvelle version de sa solution de messagerie capable d'apporter aux utilisateurs d'Outlook de Microsoft les mêmes fonctions qu'Exchange, notamment sur les aspects collaboratifs. « Nous avons implémenté toutes les couches du protocole MAPI du côté serveur. Cela nous a pris quatre ans. Nous devons encore valider certains aspects techniques mais toutes les fonctionnalités sont opérationnelles », se réjouit Pierre Baudracco. Selon ce dernier, le potentiel d'un tel produit est énorme. Il permettait à BlueMind de séduire nombre d'entreprises qui refusent encore de délaisser Outlook en leur permettant de conserver leurs clients de messagerie tout en leur offrant une alternative moins chère au serveur de Microsoft. « Nous tablons sur une explosion des ventes de cette offre en 2019 », poursuit le dirigeant de BlueMind.
En attendant, la société s'organise pour soutenir la croissance qu'elle s'attend déjà à connaître dans les mois à venir. Elle s'est lancée dans une campagne de recrutements qui fera passer ses équipes de 16 à 22 personnes. BlueMind recherche notamment des profils commerciaux qui contribueront à identifier des leads très qualifiés pour son réseau de revendeurs. L'embauche d'un responsable du marketing digital est également programmée, ainsi que les arrivées de développeurs pour soutenir l'activité de R&D.
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