Google Apps, Buzzword, ThinkFree, Glide... 2007 aura été le théâtre de l'éclosion d'une kyrielle de produits bureautiques en ligne, véritables suites ou briques isolées. Le point commun entre tous ces outils : ils offrent, souvent gratuitement, l'accès à des fonctions réservées jusqu'à très récemment aux clients lourds, Microsoft Office en tête. Champion de ce domaine, Google propose à ses utilisateurs, avec son service Documents, un traitement de texte, un tableur et un outil de présentation, offrant tous des possibilités de travail collaboratif et de stockage. Conscients de l'enjeu que représente le créneau de la bureautique hébergée, d'autres grands éditeurs emboîtent rapidement le pas à Google. Signalons également l'initiative, portée par Gaël Duval, consistant à porter la suite Open Source OpenOffice sur le Web. Evoquons enfin l'incursion d'Adobe sur un terrain qui n'est pas le sien : aux premiers jours de l'automne, l'éditeur se payait Virtual Ubiquity et son traitement de texte Buzzword. Si l'offre tend à devenir pléthorique, elle ne parvient pas encore à convaincre les lecteurs du Mondeinformatique.fr. Interrogés en octobre, ils étaient 54,4% à estimer que les offres hébergées ne sont pas à la hauteur des clients dits « lourds ». Au contraire, nos lecteurs sont davantage enclins à adopter un couple services en ligne/client installé sur le poste de travail. C'est, d'ailleurs, le modèle sur lequel Microsoft axe sa stratégie : Office demeure le nerf de la guerre, et est complété par une batterie de services en ligne réunis sous la bannière Office Live. La prochaine évolution consistera peut-être à doper la partie hébergée : si Microsoft ne le fait pas lui-même, d'autres le proposeront à sa place, comme l'a déjà fait Sabeer Bhatia, le cofondateur de Hotmail. Avec Live Documents, il greffe sur Office des fonctions collaboratives et entrevoit des retombées plus juteuses pour ce service que pour Hotmail. Le modèle hybride mis en place par Microsoft, s'il séduit nos lecteurs, n'a aucun avenir, selon Louis Naugès. L'inventeur du terme « bureautique » et président de Revevol estime ainsi que le couple services en ligne / client local « est mort. Microsoft continuera à traîner des pieds pour le faire perdurer et ne pas tirer un trait sur les marges énormes issues d'Office. S'il bouge, l'éditeur crédibilise le concept [du tout hébergé, NDLR] sur lequel il n'est pas le meilleur. » De fait, selon Louis Naugès, la bureautique classique va mourir. Seule subsistera la « bureautique 2.0 ». La seule question valable porte sur le temps que ce mouvement prendra. Si les PME, les particuliers et les milieux éducatifs ont déjà bien entamé le virage, c'est un peu plus délicat en ce qui concerne les grandes entreprises. « Il y aura malgré tout entre 4 et 10 entreprises en France, comptant plus de 5000 salariés, qui passeront aux suites bureautiques hébergées en 2008, prédit Louis Naugès. Le mouvement décolle tout doucement, mais c'est un mouvement de fond inévitable. » Parmi les avantages susceptibles de décider les entreprises, outre l'aspect collaboratif et les possibilités d'utilisation nomade des suites hébergées, figurent évidemment les réductions de coûts qu'elles permettent de réaliser. A titre d'exemple, Google Apps revient à environ 40 € par an et par utilisateur. Une somme qui ne souffre d'aucune comparaison avec Microsoft Office. Certes, le produit de Microsoft offre infiniment plus de fonctionnalités mais, comme le souligne Louis Naugès, « les fonctions sur le poste de travail sont inutilisées à 90% ». Reste à savoir quel(s) acteur(s) va(vont) parvenir à s'imposer sur ce terrain. Si l'offre est actuellement pléthorique, « les petits bricoleurs n'ont aucune chance ». De fait, seuls les spécialistes capables d'investir de lourdes sommes dans une infrastructure capable d'accueillir des millions d'utilisateurs pourront tirer leur épingle du jeu. Parmi eux, Microsoft et Google figurent en bonne place mais pourraient être concurrencés par des acteurs plus inattendus. « Amazon, par exemple, propose déjà des solutions de stockage (S3), de calcul (EC2) et de bases de données (SimpleDB). Il ne serait pas étonnant de le voir débarquer dans les applicatifs bureautiques », conclut Louis Naugès.
2008, ou l'avènement des suites bureautiques hébergées
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